FOCUS – Le conseil départemental de l’Isère, confirmant sa compétence sur les collèges suite au vote récent de la loi Notre*, a fait le point ce lundi 31 août sur les investissements et ses priorités pour la rentrée 2015. Avec un parc de 120 collèges accueillant près de 65 000 élèves et malgré « un contexte économique contraint », le département affirme sa volonté d’apporter une plus-value dans la gestion de ces équipements.
Poursuite des investissements, retour à la gratuité pour les transports scolaires, accélération des travaux d’accessibilité des collèges et ouverture d’une nouvelle cuisine mutualisée à la Tour-du-Pin. Tels sont les thèmes marquants choisis par Jean-Pierre Barbier (Les Républicains), président du Conseil départemental de l’Isère, pour présenter le plan de modernisation des collèges pour 2015, l’un des grands chantiers annoncés lors de son investiture. Le président était accompagné pour l’occasion des vice-présidents Évelyne Michaud (collèges et équipements scolaires) et Jean-Claude Peyrin (transports et mobilité). Tour d’horizon.
Dix-huit opérations de modernisation des collèges
Levier prioritaire du nouvel exécutif départemental pour la relance de l’économie iséroise, l’intensification de l’investissement est au cœur de la rentrée scolaire 2015 – 2016. Soulignant un contexte économique difficile, Évelyne Michaud réaffirme néanmoins le volontarisme du département qui poursuivra, tout au long de l’année, la politique des investissements nécessaires à la modernisation des collèges.
« Pour cette année, ce seront 19,71 millions d’euros qui vont être dépensés pour moderniser dix-huit établissements, annonce l’élue. L’opération la plus importante sera notamment la modernisation du collège de Saint-Ismier, à laquelle nous consacrerons 9,6 millions d’euros ».
Les équipements sportifs adossés aux collèges ne sont pas non plus oubliés. 4,75 millions d’euros seront ainsi mobilisés pour moderniser les équipements existants et créer de nouveaux gymnases.
Dans la continuité, le département poursuivra son action en faveur du “collège numérique” qui représente en Isère 14.000 ordinateurs, tous reliés au haut débit. Soit un ordinateur pour 3,8 collégiens, la moyenne nationale étant d’un pour 4,5 collégiens. Sans oublier les espaces de travail numériques utilisés pour communiquer par presque 50 % de la population éducative (élèves, enseignants et parents).
L’expérimentation d’une classe numérique, en cours depuis 2014 avec une classe de sixième du collège Pablo Picasso d’Échirolles, sera également poursuivie. Un test qui alimentera, la réflexion du département pour déployer, après bilan, ces outils dans d’autres collèges.
Le département entend également continuer, au titre du contrat éducatif isérois, à apporter son soutien pour la mise en œuvre de 756 actions, financées à hauteur de près d’un million d’euros. Il s’agit là de projets d’actions citoyennes menés par les collèges publics.
L’objectif ? Favoriser l’ouverture au monde des collégiens dans des domaines aussi divers que l’éducation, la culture, le social, le sport et l’environnement. Et le président de tacler ses prédécesseurs. « Qu’on soit clair : ce n’est pas nous qui avons décidé ce qui se fait cette année au titre du contrat éducatif, mais pour l’année prochaine, la citoyenneté fera partie de notre réflexion ». Une manière, à peine voilée, de dire qu’elle n’était pas prise en compte jusqu’alors.
Le grand retour de la gratuité des transports scolaires
Le retour à la gratuité des transports scolaires pour les élèves – relevant lui aussi de la compétence du département – était l’un des engagements forts de campagne de Jean-Pierre Barbier lors des dernières élections départementales. Jean-Claude Peyrin resitue le contexte financier. « Le département de l’Isère consacre 140 millions d’euros aux transports dont 60 millions d’euros pour les lignes du réseau Transisère à vocation scolaire et 44,6 millions d’euros de dotations aux autorités organisatrices des transports urbains ».
Entendez des organismes comme le Syndicat mixte des transports en commun (SMTC). Lequel, en l’occurrence, reçoit 25 millions d’euros dont environ 5 millions au titre des transports scolaires. « A charge, pour ces organisations de financer le transport scolaire quand il est limité à leur territoire propre. Le SMTC fait partie de ceux qui n’ont pas pris cette décision, précise Jean-Pierre Barbier. Pour autant, ce n’est pas fléché. Il n’y a aucune obligation, l’argent peut être employé à d’autres choses », concède l’élu.
L’allusion est claire, il est bien question de la récente tarification solidaire mise en place par le SMTC, où justement la gratuité des transports scolaires n’est prise en charge que lors des sorties scolaires réalisées sur le temps d’enseignement. « Pour le SMTC, il faudrait payer deux fois ! Une fois cinq millions et cinq autres pour que ce soit gratuit. Ce n’est pas comme ça que ça marche ! Ou alors ce serait : “On rase gratis et pour la facture… voyez le barbier !”», ironise non sans humour le président. « Si les transports scolaires sont payants sur l’agglomération c’est bien de par la volonté de monsieur Mongaburu, président du SMTC. Ce n’est pas de notre responsabilité. »
Ouverture d’une nouvelle cuisine mutualisée
Le budget annuel de la restauration scolaire se monte, quant à lui, à 34,5 millions d’euros. Six cuisines mutualisées desservant 53 collèges et 37 cuisines autonomes servent quotidiennement 37 000 repas aux collégiens isérois. Pour compléter cette mutualisation et « offrir des repas de qualité accessibles à tous », le département ouvre, dès cette rentrée, une nouvelle cuisine mutualisée à La Tour-du-Pin. Cette dernière desservira les collèges de La Tour-du-Pin, de Pont-de-Beauvoisin, des Abrets et de Saint-Jean-de-Soudain.
Assurer une restauration labellisée, plus sûre, améliorer la qualité nutritionnelle et sanitaire des repas, tels sont les objectifs poursuivis. Le département annonce également vouloir privilégier les circuits courts grâce à des contrats avec des producteurs isérois qui fournissent déjà 25 % des aliments, dont 18 % de produits “bio”, tels les fruits et légumes de saison, les laitages et les volailles.
Enfin, en harmonisant les coûts et les tarifs, le département souhaite assurer une restauration encore plus équitable.
Ainsi les collégiens ne paieront-ils qu’une partie du coût des repas : entre 2,34 et 3,66 euros pour les tarifs de base pour un prix de revient de 7,05 euros, soit entre 33 % et 52 % de ce coût.
« Le département a pris du retard sur l’accessibilité »
Concernant la question de l’accessibilité des collèges pour les personnes à mobilité réduite (PMR), Jean-Pierre Barbier fait amende honorable. « Le département à vraiment pris du retard sur ce point. J’ai découvert ça [en arrivant aux affaires du département, ndlr].
Sur les 25 millions d’euros de travaux, seuls trois ont été réalisés », constate le président. « Le département souhaite accélérer ces travaux d’accessibilité car ça participe à la solidarité. Ça participe aussi, dans le cadre de notre plan de relance, à être en capacité de libérer des travaux pour les entreprises ». Une dynamique qui, selon l’élu, devra s’appliquer autant aux établissements publics que privés.
Le président du département ne manquera pas de tacler au passage l’ancienne gouvernance. « Que ce soit clair ! Le département accompagne les collèges privés, que ce soit pour l’investissement ou le fonctionnement. La précédente majorité avait décidé de baisser les dotations aux collèges privés. Tout ceci sera revu lors du budget 2016. »
Joël Kermabon
* Loi Notre : cette loi portant nouvelle organisation territoriale de la République confie de nouvelles compétences aux régions. Elle est complétée par un projet de loi modifiant le découpage des régions.
VIDÉOSURVEILLANCE : UNE EXPÉRIMENTATION DANS LES BUS DE BIÈVRE-VALLOIRE
Au rayon des nouveautés en matière de transports scolaires, l’exécutif départemental annonce la mise en place, dès la rentrée, d’un dispositif de vidéoprotection sur le secteur Bièvre-Valloire, où cinq bus seront équipés de caméras à titre expérimental. Le tout pour un coût de 30.000 euros.
Pourquoi ce secteur plutôt qu’un autre ? « On nous a signalé une délinquance et des incivilités significatives sur cette zone. Cela va de la dégradation de matériel aux insultes et même jusqu’aux menaces », explique Jean-Claude Peyrin. « Il faut comprendre que les chauffeurs sont seuls dans ces bus et qu’ils sont parfois victimes d’atteintes à leur intégrité physique. Il faut bien, à un moment, réagir. Nous avons cherché une réponse adaptée et la vidéosurveillance en est une », renchérit Jean-Pierre Barbier.
Le dispositif se veut avant tout dissuasif. « Cependant, selon la gravité des infractions constatées, nous apporterons des réponses graduées. Cela pourra aller de la suspension du titre de transport jusqu’au dépôt de plainte », assure le président. L’occasion pour l’élu d’évoquer une nouvelle fois la notion de citoyenneté : « L’éducation ne s’arrête pas à la porte des collèges. Elle continue aussi dans les bus. Cela passe par la responsabilisation des parents », justifie-t-il.