FOCUS – Recalée en 2011, Grenoble a bon espoir de décrocher l’Initiative d’excellence (Idex) en 2016 avec, à la clé, une dotation demandée de 900 millions d’euros. Le pôle universitaire grenoblois a, le 21 avril 2015, passé le cap de la pré-sélection. Demain, Grenoble va-t-elle entrer dans le cercle des futurs campus universitaires et de recherche de rang mondial ? Verdict en janvier 2016.
A Grenoble, la course à l’Idex continue. Pré-sélectionné à l’issue du premier grand oral fin avril, le campus grenoblois peut souffler avant le verdict en janvier 2016. L’Idex ? Une compétition à laquelle participent 20 sites universitaires en France pour décrocher le titre d’Initiative d’excellence. Pas seulement un titre honorifique… En jeu, rien de moins que les intérêts de 3,1 milliards d’euros alloués par le ministère pour faire émerger, en France, une dizaine de pôles d’excellence universitaires*.
En 2011, lors de la première vague des Idex, le pôle universitaire grenoblois, pourtant reconnu comme l’un des meilleurs de France, avait été sèchement recalé. En cause ? De graves insuffisances de gouvernance sur fond de guerre de pouvoir.
Depuis, les établissements ont, semble-t-il, fait table rase du passé à la faveur du renouvellement de leur conseil d’administration. A tel point que trois d’entre eux – les universités Joseph-Fourier, Pierre Mendès-France et Stendhal – s’apprêtent à fusionner le 1er janvier 2016, pour donner naissance à un ensemble, l’université de Grenoble, de près de 40.000 étudiants.
La fusion a sûrement pesé lourd dans la décision du jury de l’Idex. Reste désormais à élargir le cercle. Car les trois universités ne sont pas seules à porter ce projet qui s’articule autour des thématiques de la société durable, de la santé, de la technologie, du numérique et de l’innovation.
A leurs côtés, au sein de la communauté d’universités et d’établissements (la ComUE qui a succédé au Pôle de recherche et d’enseignement supérieur), trois grandes écoles (Grenoble-INP, Sciences-Po et l’Ensag), cinq instituts nationaux (le CNRS, le CEA, l’Inserm, l’Inria, l’Irstea) et le CHU de Grenoble. Tous engagés dans un processus qui dessine une convergence vers un seul et même grand établissement, d’ici une dizaine d’années.
900 millions d’euros en jeu
Les espoirs sont de taille. En poussant les murs, la nouvelle université espère attirer davantage les meilleurs étudiants et professeurs mais aussi les chercheurs les plus renommés. Et ainsi rivaliser ainsi avec les plus grandes universités américaines pour prétendre entrer dans le top 100 des meilleures mondiales dans le classement de Shanghai.
Dans le top ten, pas de place actuellement pour les françaises. La première université tricolore, Paris XI, pointe à la 35e position. Grenoble ? Elle a fait son entrée dans le top 150 en 2014, en tant que 5e meilleure université française si l’on en croit toujours le classement de Shanghai, qui fait référence en la matière. Première en Rhône-Alpes, elle espère, grâce à l’Idex, faire son entrée dans le top 100.
Reste à faire tourner le mastodonte. Les fonds de l’Idex seront-ils suffisants pour pallier un financement, notamment universitaire, défaillant ? Le pôle grenoblois a tapé haut et espère une dotation de 900 millions d’euros. Pour importante qu’elle soit, la somme est d’abord une dotation en capital, qui sera versée après une période probatoire de quatre ans, « si les objectifs sont atteints ».
En attendant, Grenoble devra se « contenter » de quelques dizaines de millions d’euros par an (correspondant aux intérêts du capital) pour engager ses premières actions. Suffisant pour se hisser aux premiers rangs ?
Patricia Cerinsek
* Huit sites universitaires ont déjà obtenu l’Idex en 2011, se partageant une dotation globale de 7,7 milliards d’euros.