FOCUS – A huit mois des élections régionales qui dresseront le visage politique de la future grande région Rhône-Alpes-Auvergne, le retrait du socialiste René Souchon, président de la région Auvergne, laisse, à gauche, le champ libre à Jean-Jack Queyranne. Reste que le président sortant de Rhône-Alpes aura sur sa droite le bras droit de Sarkozy, le très contesté député de la Haute-Loire Laurent Wauquiez. Des deux côtés, pour l’emporter, il va falloir rassembler. Et là, ce n’est pas gagné…
A droite, le favori. Laurent Wauquiez, secrétaire général de l’UMP, bras droit de Sarkozy, est le seul candidat aux régionales 2015 à avoir été officiellement investi par son parti.
Si, à gauche, la candidature du président sortant de Rhône-Alpes Jean-Jack Queyranne ne fait pas de doute – notamment depuis le retrait de la vie politique du socialiste René Souchon, président de la région Auvergne –, les alliances devraient peser lourd dans la balance…
Mais dans un scrutin à la proportionnelle, rien ne dit que les listes d’union n’attendront pas le second tour pour se constituer. En tout cas, les appels au rassemblement au premier tour, à droite comme à gauche, peinent à trouver une oreille conciliante.
Premier en lice pour ces élections élargies – la région Rhône-Alpes fusionnant avec sa voisine auvergnate –, Laurent Wauquiez est pour le moins contesté. Investi par l’UMP à la barbe de l’autre prétendant, l’Isérois et europhile convaincu Michel Barnier, le numéro 2 de l’UMP fait grogner les centristes. Et notamment le chef de file de l’UDI (Union des démocrates et indépendants) qui voit dans la désignation de Wauquiez un « signal inquiétant ».
Un Auvergnat chasse l’autre…
Jean-Christophe Lagarde a d’ores et déjà annoncé la constitution d’une liste autonome (avec le MoDem ?) pour décembre 2015. De ralliement à droite en Rhône-Alpes, il n’y en aura donc visiblement point.
En effet, Laurent Wauquiez ne fait pas mystère de ses positions vis-à-vis de l’Europe, allant jusqu’à réclamer la sortie de la France de Schengen. Un discours que tiennent également les élus frontistes dans une région où l’extrême droite* confirme sa progression**.
Mêmes appels au rassemblement à gauche. A 69 ans, Jean-Jack Queyranne a officiellement fait connaître son souhait de briguer un troisième mandat. Mais le plus dur reste à faire. C’est-à-dire convaincre le Front de gauche, les communistes et, surtout, les écologistes, de se ranger derrière un candidat unique.
Or, c’est peu dire que les alliés écologistes lui donnent du fil à retordre. En décembre, EELV Rhône-Alpes avait adopté une motion visant « la création d’une nouvelle majorité pour cette région autour des écologistes et du rassemblement des forces portant les transitions sociales, démocratiques et environnementales ». Et puis en mars, nouveau coup de théâtre quand les écologistes se sont abstenus de voter le plan État-Région 2015 – 2020. Jean-Jack Queyranne avait alors menacé de retirer leurs délégations aux vice-présidents écologistes…
Pas question pour les écologistes de renier leurs valeurs. Même au nom d’une sacro-sainte alliance. Ce qu’a réaffirmé le secrétaire régional d’EELV Rhône-Alpes sur lyoncapitale.fr : « Nous nous rassemblerons au second tour, si les conditions le permettent », soulignait Bruno Bernard. En 2004, les écologistes s’étaient d’ailleurs ralliés aux socialistes au second tour…
Même si rien n’est joué avant le second tour, la gauche peut se faire du souci. Dans une région où les élections départementales ont consacré le basculement à droite (seuls le Puy-de-Dôme et l’Ardèche restent dirigés par la gauche), Laurent Wauquiez, quoique isolé, part favori. Et a d’ores et déjà annoncé qu’élu, il laisserait la mairie du Puy-en-Velay. La future région aiguise bien des appétits. Et pour cause : en 2016, Rhône-Alpes-Auvergne sera la deuxième région de France…
Patricia Cerinsek
* Christophe Boudot, secrétaire départemental du Rhône, est le probable candidat du Front national après la démission de Bruno Gollnisch du conseil régional Rhône-Alpes.
** En 2010, Jean-Jack Queyranne avait été élu au terme du second tour des élections régionales avec 55,97 % des voix, dans le cadre d’une triangulaire face à la droite et au Front national. Le FN était arrivé en tête dans 8 des 12 départements lors des dernières élections européennes.