CRITIQUE – Raoul Pêques et la vaisselle de sept ans est un spectacle jeunesse programmé à l’Hexagone de Meylan jusqu’au mardi 24 février. C’est l’occasion rêvée pour les parents de donner à leur progéniture des envies de lavage de vaisselle.
Le patronyme des Pêques ne dit sans doute rien aux jeunes spectateurs de ce conte. Mais pour nous autres, adultes ou « vieux » – si vous préférez, les enfants –, il n’est pas sans évoquer le célèbre produit vaisselle. Et pour cause, le Paic (citron, le plus souvent, allez savoir pourquoi) est synonyme de corvée, et de la pire sorte qui soit : le lavage de la vaisselle !
La plonge, c’est son lot
Le pauvre Raoul, protagoniste de Raoul Pêques et la vaisselle de sept ans, était destiné à cette tâche. Ses parents l’ont conçu à cet effet. Bien triste sort qu’il embrasse d’abord avec enthousiasme, avant de prendre la mesure de son fardeau. C’est que ses parents ont cessé de faire la vaisselle depuis sa naissance. Aujourd’hui âgé de sept ans, le jeune garçon doit faire face à un amoncellement inconcevable d’assiettes, plats et autres couverts. La maison en est tout bonnement envahie.
Voyage en Vaissellie
Un peu abrupte, comme conte, pour des enfants ? Que nenni. La plonge se transforme en véritable plongée au cœur d’un monde fantastique, fait d’assiettes et de vieux restes de repas doués de parole ! Aussi Raoul fait-il la rencontre des restes du repas de Noël (interprétés par Loïc Bescond, en charge de la musique et du dispositif sonore). Lesdits restes l’interpellent dans un langage entrecoupé de bruits de succion baveuse. Dégoûtant, certes. Mais franchement marrant.
Au service : bruitage et projections numériques
Le bruitage, par ailleurs, favorise cette immersion totale en Vaissellie, terre enchanteresse et inquiétante qui garde prisonnière une petite fille que rencontrera bientôt Raoul. La vidéo, de même, supporte ce nouveau monde sans saturer l’imaginaire. Jamais les images ne répètent ce que dit le conteur (Mael Le Mée, qui interprète également Raoul et qui signe le texte et la mise en scène, en collaboration avec Miren Lassus Olasagasti). Les projections numériques se fondent sur des amoncellements de mots qui figurent des grottes piquées de stalactites, des forêts mystérieuses, des abysses menaçants…
Une jolie fable
L’univers graphique, le travail sonore léché et la subtilité de l’écriture permettent au conte de voyager sur des terres sinon délaissées, du moins contournées par le spectacle jeunesse. Sans dévoiler les rebondissements de cette jolie fable, le travail de deuil, les secrets de famille et les failles des parents sont délicatement abordés, sans qu’il pèse sur les jeunes spectateurs une charge qu’ils ne seraient pas capables d’assumer.
Vendredi, lors de la première à l’Hexagone de Meylan, les enfants ne semblaient pas traumatisés, mais bien plutôt gagnés par une soudaine envie de mettre les mains dans la mousse. Parents, si vous m’en croyez, saisissez cette occasion pour les mettre à la corvée !
Adèle Duminy
(Spectacle vu à l’Hexagone de Meylan le 20 février 2015)
Raoul Pêques et la vaisselle de sept ans
Mael Le Mée, Loïc Bescond
Durée : 1 heure
Vendredi 20 février, 14 h 15
Samedi 21 février, 17 heures
Lundi 23 février, 10 heures et 14 h 15
Mardi 24 février, 14 h 15 et 19 h 30