Ce n’est pas la neige, qui tarde à tomber cet hiver, qui met en difficulté les stations de ski des Alpes. Stagnation de la fréquentation, erreurs de gestion et mauvais investissements risquent fort de pousser les plus fragiles d’entre elles à mettre la clé sous la porte dans les années à venir. Alors que la France reste parmi les premières destinations ski au monde, retour sur un paysage en demi-teinte avec Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France, syndicat qui fédère la quasi-totalité des sociétés exploitantes de remontées mécaniques.
Laurent Reynaud, délégué général de Domaines skiables de France. © Dovemed
Chaque année, trois cents millions d’euros sont investis, en France, dans les stations de ski. Faut-il continuer à investir toujours plus alors que la France détient déjà le record du nombre de remontées mécaniques (3 700) ?
Sur ces 300 millions d’euros investis sur l’ensemble du domaine skiable, un peu plus de la moitié va aux remontées mécaniques. Peu d’activités sont autant capitalistiques. Mais cet investissement est essentiellement un investissement de remplacement. Il ne se créé quasiment aucune extension de domaine skiable ou liaison entre domaines skiables.
Le ski ne concerne qu’une minorité de Français puisque seuls 7 % d'entre eux partent au ski…
7,5 % des Français partent à la semaine, mais il faut rajouter ceux qui partent à la journée et le week-end. L’un plus l’autre, cela fait 12 % des Français. Sur les cinq dernières années, il n’y a pas d’hémorragie. Par contre, si l'on revient quinze ou vingt ans en arrière, les taux de pratique des Français étaient supérieurs.
La France est parmi les premières destinations ski au monde, juste derrière les États-Unis qui nous ont pris la première place la saison dernière. Les Britanniques, les Belges, les Néerlandais choisissent clairement les domaines skiables français.
Le taux de pratique du ski a notamment baissé chez les jeunes, préoccupation que l’on partage avec tous les organismes qui s’occupent de tourisme en montagne comme la FFME, l’UCPA… Le phénomène de recul des jeunes touche autant la randonnée ou l’escalade que le ski.
Pourquoi ce recul ?
C’est un ensemble de facteurs convergents. Il y a, bien sûr, la question des arbitrages financiers mais, depuis 2008, on n’a pas vu les gens qui skiaient renoncer au ski. La crise n’a pas eu vraiment d’impact. C’est plutôt l’immense concurrence de ce qui existe pour occuper les jeunes : jeux vidéo, réseaux sociaux, glisse urbaine… Le temps que les jeunes passent devant les écrans, ils ne le passent pas dans d’autres activités.
Comment contrecarrer cette désaffection ? On parle beaucoup de la clientèle chinoise qui représente un fort potentiel…
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