REPORTAGE VIDÉO – Une soixantaine de membres de la coordination des intermittents et précaires de l’Isère, le CIP38, se sont introduits, ce mercredi 1er octobre, dans les locaux de la Direction départementale du travail. Une action de protestation forte en réponse à un mot d’ordre national appelant à la grève, suite à l’entrée en vigueur du nouveau protocole Unédic.
Tout a commencé à midi, alors que retentissaient les sirènes à Grenoble, comme tous les premiers mercredis du mois. Une soixantaine de membres de la coordination du CIP38 se sont alors livrés à un charivari de près d’un quart-d’heure rue Félix Poulat.
Tout était bon pour faire du bruit : casseroles, tuba, tambours, haut-parleurs et même… sonnettes de vélos. Un remue-ménage qui n’a pas été du goût de tous, un commerçant – inquiet de voir fuir sa clientèle – perdant assez vite patience.
À l’issue de ce tintamarre, les membres du collectif se sont dispersés dans le calme pour rejoindre, par petits groupes la Direction départementale du travail, discrétion oblige.
Occuper les locaux pacifiquement
C’est aux alentours de 15 heures qu’ils investiront finalement le bâtiment. Après avoir pavoisé de banderoles les façades du bâtiment et redécoré l’accueil avec des affichettes revendicatives, ils ont tenu une assemblée générale.
L’objectif de ce coup de force ? Occuper les locaux jusqu’à satisfaction complète de leurs revendications. Pour preuve de leur détermination, consigne avait été donnée aux occupants d’apporter des sacs de couchage et de quoi subvenir à leurs besoins essentiels.
Cependant, aucun d’entre eux n’avait l’intention d’en découdre : « s’il y a intervention de la police, nous ne résisterons pas. Nous sommes certes déterminés mais nous sommes aussi des gens responsables » affirmait Benjamin, occupant, membre du collectif.
Réalisation JK Production
Censée s’inscrire dans la durée, l’occupation sera néanmoins restée symbolique. Suite à l’intervention d’une escouade de CRS, les manifestants ont évacué les locaux sans heurts vers 18 h 30 en scandant des slogans revendicatifs et… moqueurs.
« Défendre les droits de tout le monde ! »
Ces actions, sonores et spectaculaires, s’inscrivaient dans le cadre du préavis de grève reconductible nationale lancé par la CGT spectacle et la CIP nationale, suite à l’application de certaines parties de la nouvelle convention Unédic. Un protocole « signé dans des conditions inacceptables » s’indigne Michel Szempruch, réalisateur et membre du CIP38.
« Ce que nous réclamons, c’est son abrogation, la réouverture de négociations pour de vrais droits pour tous les chômeurs et tous les précaires » poursuit ce dernier. Et de renchérir : « Notre mouvement n’est pas un mouvement de privilégiés, ni d’intermittents du spectacle, comme le disent souvent les médias. C’est un mouvement de tous les précaires, de tous les salariés pour défendre les droits de tout le monde ! »
Des caisses de grève
Depuis l’été dernier, le mouvement s’est structuré et s’inscrit dans la durée et l’élargissement à d’autres catégories de précaires. Un système de solidarité a même été mis en place. Des caisses de grève permettront notamment de pallier les risques financiers pris par les grévistes.
Autres axes d’actions : l’information du public, le dialogue, voire la contradiction. À ce titre, une soirée d’informations et de débats se tiendra, le mercredi 8 octobre à 20 heures, sur le thème Réinventons nos droits sociaux. Rendez-vous à la Bobine, 42 boulevard Clémenceau.
Joël Kermabon
Voir aussi sur Place Gre’net : Intermittents et précaires solidaires
Et pour en savoir plus sur les actions à venir : le site web du CIP38