DÉCRYPTAGE – En passant de 22 à 14 entités, la carte de France des régions pensait simplifier le mille-feuilles administratif. Mais fusionner Rhône-Alpes avec l’Auvergne ne plaît pas à tout le monde. Si les présidents des deux régions ont fini par se plier, un brin résignés, aux consignes gouvernementales, les réfractaires n’ont pas baissé les armes. Et les velléités de sécession menacent. Au risque d’un éclatement ?
De 22, la France passera en 2015 à 14 régions. Avant la fin des départements en 2020 ? DR
« L’heure n’est plus aux regrets »
Place donc au « mariage de raison » comme l’a justement résumé René Souchon, le président PS de la région Auvergne. Passée la mauvaise humeur, tout le monde est prié de rentrer dans le rang et de se mettre au travail. « L’heure n’est plus aux regrets », constatait d’ailleurs le président auvergnat. Il y a quelques semaines encore, sur France Bleu Pays d’Auvergne, René Souchon ne cachait pas tout le mal qu’il pensait à se voir ainsi uni, allant même jusqu’à parler de « catastrophe ».René Souchon, président de la région Auvergne, se serait bien vu chef de file d’une grande région Massif central. – DR
Aux huit départements de Rhône-Alpes se greffent les quatre départements auvergnats © Phil’Auvergne
Crainte de l’Auvergne d’être avalée
Reste que, sur la balance, l’Auvergne ne fait guère le poids. Rhône-Alpes et ses huit départements, compte 6,3 millions d’habitants et affiche un PIB de 193 milliards d’euros. L’Auvergne, c’est deux fois moins de départements mais aussi cinq fois moins d’habitants et un PIB six fois moindre… Forcément, la crainte d’être avalé par Rhône-Alpes est tenace.Quelles compétences pour les nouvelles régions ?
Pour Philippe Reynaud, la réforme territoriale impose d’aller au-delà de ces considérations politico-géographiques. « Le fond, ce n’est pas le découpage des régions, mais quelles compétences vont avoir ces régions. Il va aussi falloir repenser nos politiques d’aménagement du territoire, être plus près des intercommunalités. » Dès 2015, routes, transports, formation (dont les collèges), emploi et développement économique passeront dans les mains des régions. De fait, les départements, dont la suppression a été repoussée à 2020, ne conserveront que l’action sociale. Une compétence qui a rendu certains d’entre eux exsangues, à l’image de la Haute-Loire, du fait de l’augmentation des prestations couplée au désengagement de l’État. Les régions auront plus de compétences, donc. Mais quid des moyens ? « On est sur des vases communicants, résume, optimiste, Philippe Reynaud. Les moyens donnés aux départements seront ramenés au niveau des régions ». Le président du groupe socialiste y voit des économies d’échelle, le moyen de supprimer les doublons de compétences et de services.Quelles économies ?
André Vallini, président du conseil général de l’Isère et secrétaire d’État à la réforme territoriale. © Wikipédia