FOCUS – Le Musée de la viscose présente jusqu’au 21 septembre une nouvelle exposition intitulée Des bas à la une. Élaborée avec le Centre du graphisme d’Échirolles, cette exposition invite le visiteur à découvrir les affiches publicitaires qui ont mis à l’honneur les bas féminins au cours du XXe siècle. Le tout en retraçant l’histoire de 60 ans de viscose dans l’agglomération grenobloise.
Salvador Dali, Gaillard, Baher, Eric, Estachy, Gadoud, René Gruau, Charmoz ou encore Zinger… Les plus grands noms de l’illustration ont, par leurs coups de crayon, donné vie au bas féminin. Cet objet très prisé durant la Seconde Guerre mondiale était un signe de féminité, d’élégance, mais aussi de richesse pour toutes celles qui le portaient. Jusqu’au 21 septembre, le Musée de la viscose propose aux visiteurs de découvrir ces affiches, témoins du passé. « Elles en disent beaucoup sur notre façon de vivre et celle de nos prédécesseurs, même s’il y a un fossé entre les images de marque et la réalité des modes de production » a rappelé lors de l’inauguration Jacqueline Madrennes, adjointe à la culture à la mairie d’Échirolles.La viscose, une activité florissante
Au-delà du glamour que représente cet objet, le bas et plus précisément la rayonne, étaient à la fin de la Seconde Guerre mondiale un marché en pleine croissance. Une industrie qui a permis à des milliers d’ouvriers d’en vivre. A l’image de ceux de la société nationale de la viscose d’Échirolles. « Jusqu’à 2 000 salariés y travaillèrent » souligne le président de l’association Naviscose : mémoires de viscosiers. Aujourd’hui à la retraite, Michel Silhol a lui-même été viscosier de 1962 à 1989, date de la fermeture définitive. Il a fondé en 1992 cette association qui a pour objectif d’informer les jeunes générations et le public en général sur l’usine de viscose qui a occupé une part importante dans le paysage industriel grenoblois.Plus de cinquante nationalités
Installée à Pôle Sud et détenue par le groupe Gillet-Carnot, elle ouvrit ses portes en 1927. Le 7 mai, le premier fil de rayonne fut produit. Beaucoup moins cher à produire que la soie naturelle, le fil Citiba était alors en plein essor. Les ouvriers français ayant payé un lourd tribut durant la Première Guerre mondiale, la direction est obligée de recruter la quasi-totalité de la main d’œuvre à l’étranger. Hongrie, Pologne, Italie, Arménie, Russie… Les travailleurs affluent de toute l’Europe, avec plus de cinquante nationalités différentes, et s’installent dans des logements de la cité Viscose, construite en même temps que l’usine. « Cette immigration a eu un impact important sur le développement démographique d’Échirolles » rappelle Michel Silhol. « Le village de 800 âmes est rapidement devenu une petite ville ouvrière ». Ce recrutement à l’étranger durera jusque dans les années 80.Jusqu’à 2 000 salariés
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’usine continue de tourner. A cette époque, les effectifs atteignent même des records. En 1942, le groupe compte 2 000 salariés, embauchés aussi bien pour la production que pour éviter aux plus jeunes le service du travail obligatoire. L’usine sera d’ailleurs l’un des foyers de la résistance en Isère.
En 1952, une grève éclate. Les conditions de travail difficiles et les incidents à répétition provoquent une vague de contestation menée par la CGT. Plusieurs centaines de salariés cessent le travail et occupent les bâtiments. La production de viscose est stoppée pendant ce temps-là.
Après 29 jours de grève, les locaux sont évacués par les forces de l’ordre et plusieurs travailleurs étrangers expulsés. Le 2 mars 1989, le dernier fil de rayonne est filé à Grenoble. Trop cher à la fabrication, il est définitivement remplacé par le nylon. L’entreprise ferme définitivement ses portes après plus de 62 ans d’activité.
Maïlys Medjadj
Exposition Des bas à la une L’exposition est à voir jusqu’au 21 septembre au Musée de la viscose, 27 rue du Tremblay à Échirolles, du lundi au vendredi de 14 h à 17 h et le premier week-end de chaque mois de 14 h à 18 h. Le musée sera aussi ouvert les samedi 20 et dimanche 21 septembre dans le cadre des Journées européennes du patrimoine. Entrée libre.
Renseignements et informations complémentaires sur le site du Musée de la viscose.