Une manifestation de soutien était organisée ce mardi 22 octobre à 17h en face de la préfecture de l’Isère pour demander une rencontre avec le préfet, afin qu’il revienne sur sa décision concernant la famille Vardanyan. D’origine arménienne et résidant en France depuis trois ans, celle-ci a en effet reçu, début octobre, l’obligation de quitter le territoire français.
Une cinquantaine de personnes ont répondu hier à l’appel des collectifs Réseau éducation sans frontières (RESF), La Patate chaude, CISEM (Coordination iséroise de solidarité avec les étrangers migrants) et de la Ligue des droits de l’Homme (LDH) pour manifester devant la préfecture. Étaient également présents des membres du Front de gauche, de Lutte ouvrière et de l’Union nationale lycéenne. Leur revendication : que la famille arménienne Vardanyan, qui a reçu début octobre l’obligation de quitter le territoire français, puisse rester en France où elle réside depuis trois ans.
De nombreuses menaces
Le père de famille, Kolya, aurait été témoin, en Arménie, d’un meurtre impliquant une personnalité politique locale, il y a trois ans de cela. Dès lors, les Vardanyan auraient reçu de nombreuses menaces. Le salon de coiffure de la mère aurait même été détruit pour faire peur à la famille. N’ayant pas confiance dans la police et la justice locales, les Vardanyan auraient alors quitté le pays pour gagner la France, dans une logique de sécurité. « Ces gens sont très discrets et communiquent très peu autour de ce qui leur est arrivé en Arménie » précise toutefois Fabien Malbet, membre du collectif RESF du collège Fantin Latour, où l’ainé des trois enfants est scolarisé.
La famille Vardanyan a bien fait une demande de droit d’asile mais celle-ci a été refusée par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), qui a estimé qu’elle n’avait pas assez de documents à sa disposition prouvant ses persécutions. Vivant dans un hôtel depuis juillet 2012, les Vardanyan ont alors été obligés de déménager pour rejoindre récemment un centre d’hébergement, où ils sont assignés à résidence. Des conditions de vie que Fabien Malbet juge « déplorables et indignes ».
RESF et les autres collectifs militent aujourd’hui pour que la famille Vardanyan, « très bien intégrée » et dont deux des enfants sont scolarisés, puisse rester en France. Pour cela, le collectif met en avant l’article 13 du préambule de la constitution de 1946, ayant valeur constitutionnelle et qui reconnaît le droit à l’éducation.
Renvoyer la famille en Arménie serait, selon lui, contraire à la constitution. Sans compter que cela la mettrait dans une situation de « grave danger », estime RESF. D’où l’idée d’une pétition lancée par le réseau et demandant à ce que les Vardanyan puissent rester en France. Celle-ci a déjà recueilli près de 600 signatures.
« Nous communiquons à chaque fois que cela nous semble utile pour notre combat, mais la plupart du temps, les médias ne nous suivent pas. Il doit y avoir un terreau fertile qui pousse les journaux à s’y intéresser en ce moment ».
En effet, l’histoire des Vardanyan n’est pas étrangère à celle de Leonarda, jeune fille d’origine kosovare arrêtée par la police pour être reconduite à la frontière avec sa famille, le 9 octobre dernier, durant une sortie scolaire. Une histoire remontée au sommet de l’Etat et qui a nourri de nombreuses polémiques. C’est cette surmédiatisation qui expliquerait que le cas de la famille Vardayan ait été notamment repris par BFM TV et le Figaro.
Valentin Dizier
De nombreux collectifs, syndicats et partis politiques étaient présents ce mardi 22 octobre, devant la préfecture.
« Un terreau fertile »
Il ne s’agit pourtant là pas d’un cas isolé, déplore Fabien Malbet : « Je suis personnellement trois familles dont les parents sont en situation irrégulière et nous recevons des cas similaires toutes les semaines ». Plusieurs familles sont expulsées chaque mois, précise le membre du collectif RESF, la plupart du temps dans une grande indifférence. Alors pourquoi une telle mobilisation ?