ENTRETIEN – Attaqué à sa droite sur son bilan, trop isolé sur sa gauche pour faire des unions, Jérôme Safar n’est pas dans une situation très confortable. La campagne municipale s’annonce ainsi compliquée pour la tête de liste socialiste. Le premier adjoint au maire de Grenoble en charge des finances et de la sécurité répond aux critiques sur la politique fiscale et l’armement des policiers municipaux. Il commente, par ailleurs, l’actualité politique grenobloise, de la crise de l’UMP à l’autonomie des écologistes.
Lyonnais d’origine, arrivé à Grenoble en 1985 pour ses études à l’Institut d’études politiques (IEP), Jérôme Safar a commencé à s’engager au lycée, au sein de SOS Racisme. Au moment des grèves de 1986 contre la loi Devaquet, il prend des responsabilités au sein de l’Unef et devient vice-président national des jeunes rocardiens. Il occupera la fonction de chef de cabinet de Michel Destot après la victoire aux municipales de 1995, puis le mandat d’adjoint à la culture après celle de 2001. Dans le même temps, il est responsable des ressources humaines d’une grande entreprise « pour avoir un métier à exercer si la vie bascule un dimanche soir ». Depuis 2004, il est également conseiller régional et préside le groupe socialiste. Il sera la tête de liste socialiste à l’élection municipale de mars 2014 à Grenoble. Une candidature officialisée par Michel Destot et approuvée par les militants. Le gouvernement a officialisé, durant l’été, la baisse des dotations aux collectivités. Quel sera le manque à gagner pour Grenoble ? Nous partons sur une baisse de la dotation d’environ 1,5 million d’euros. Cela correspond à près d’un point d’impôts si nous le comparons à la fiscalité locale. Nous avions anticipé cette baisse de dotation progressive de l’Etat dès 2008 par l’augmentation des impôts locaux. Si la baisse des aides nationales sont problématiques, nous avons réussi dans le même temps à désendetter la ville, ce qui nous laisse des marges de manœuvre budgétaires. C’est le fruit d’une politique rigoureuse, sans pour autant amplifier l’austérité, car la masse salariale est restée la même et les investissements ont augmenté. C’est un équilibre délicat mais qui a porté ses fruits. La taxe foncière sur le bâti dans l’agglomération grenobloise est la plus élevée de France (36,73% de la valeur locative). Un tel niveau d’imposition est-il tenable ? Le seuil de tolérance à ne pas dépasser est atteint. Nous devons amorcer la réflexion pour réformer la fiscalité locale qui est particulièrement injuste. Concernant la taxe foncière, elle n’est pas considérée comme la plus injuste car elle touche les propriétaires. Mais elle concerne également les classes moyennes et les personnes âgées qui voient leurs revenus baisser. Certains se retrouvent parfois obligés de vendre leur bien pour quitter les grandes villes. Cela n’est pas normal. Paradoxalement, c’est donc par le foncier que nous pourrons amorcer la réflexion fiscale. L’autre enjeu est celui de la métropolisation. Des économies d’échelle seront possibles par le transfert de compétences et la fusion de certains services. Il ne faut pas considérer la métropolisation comme une nouvelle strate d’impôts qui viendront peser à nouveau sur les ménages. Il faudra que la charge budgétaire de la ville centre diminue progressivement pour que le financement de ces compétences soit réparti et “dilué” sur davantage de foyers. La fiscalité locale sera surement un enjeu de l’élection municipale et indéniablement un défi pour la prochaine équipe municipale. Un seuil maximal « à ne pas dépasser », dites-vous. Formulez-vous ici la promesse d’une « pause fiscale », si vous êtes élu en mars 2014 ? Nous sommes obligés d’entendre ces réclamations et d’en tenir compte. Ce sont d’abord les classes moyennes et les classes populaires – et donc notre électorat – qui nous préviennent que ça ne peut plus durer ainsi. J’ai un avantage par rapport à 2008, c’est que je connais désormais parfaitement la situation financière. J’ai une lisibilité au moins sur les deux ou trois années à venir. Nous ne sommes cependant à l’abri de rien. L’histoire récente nous l’a montré. J’espère également que le redémarrage, même d’une croissance molle, permettra de stabiliser la situation économique nationale. Nous savons mettre en place de nouveaux investissements à budget constant en restructurant d’autres services. Il faut aussi aborder la métropolisation avec cet objectif des gains de compétitivité. Si la métropolisation revient seulement à plus d’impôts pour les foyers, ça ne passera pas ! Les Grenoblois gardent un goût amer de ce genre de promesse, déjà faite en 2008. Votre liste, conduite par Michel Destot, s’était en effet engagée à « ne pas augmenter les impôts locaux ». Une promesse contredite par les faits l’année suivante, avec une hausse de 9%. De telles promesses sont-elles encore prononçables et tenables ? En 2008, nous avions réellement pensé pouvoir travailler nos budgets sans augmentation de fiscalité mais nous n’avions pas vu arriver deux choses. Premièrement, la crise économique qui a touché le pays cinq mois plus tard. Deuxièmement, la crise de l’endettement public qui en a découlé, soit 600 milliards d’euros d’intérêts supplémentaires en cinq ans. Les collectivités locales ne peuvent pas fonctionner avec le même raisonnement d’endettement que l’Etat. Elles sont tenues à la règle d’or par les lois de décentralisation et sont donc obligées de présenter des budgets en équilibre. Nous étions dans la bonne gestion, là où l’Etat a dérapé. Face à cette réalité, nous pouvions maintenir cet engagement de campagne, en réduisant le service public sur Grenoble et en nous privant des 10,5 millions d’euros nécessaires que représentaient ces neuf points d’impôts. Mais nous avons fait le choix de maintenir ces services, car le maire et la majorité ont estimé qu’au moment où la crise frappait, nous devions répondre à l’urgence sociale notamment. Ce n’est pas seulement une question d’orientations budgétaires, comme je me l’entends souvent dire. Grenoble fonctionne actuellement sur des compétences qui ont été construites à travers l’histoire et ajoutées les unes aux autres. C’est une municipalité qui est très présente dans la vie quotidienne des Grenoblois. Nous avons fait le choix de l’augmentation des impôts et de la gestion rigoureuse pour éviter que la dette de la ville ne s’envole. Le rapport de la chambre régionale des comptes note que nous sommes passés d’un endettement de 274 millions d’euros sur le budget initial à 267 millions en fin de mandat. Nous aurons donc baissé l’endettement de la ville sur ce mandat, conformément à l’objectif que j’avais fixé. Grenoble n’est pas en difficulté financière aujourd’hui. Où identifiez-vous des économies réalisables ? Nous devons dans un premier temps améliorer la pédagogie budgétaire et les réunions de présentation existantes. Ensuite, il y a des économies d’énergie réalisables par la transition énergétique. Par exemple, la réorganisation des parcs automobiles municipaux doit tendre vers davantage de véhicules partagés par le personnel et des véhicules hybrides qui coûtent moins cher en fonctionnement. Les économies budgétaires, c’est comme le mythe de Sisyphe. Quand on parvient à en faire, il faut recommencer. En matière de fonctionnement, nous devons donc étudier comment rester à un niveau de financement associatif suffisant sur Grenoble, sans compenser le dégagement des autres. Je ne suis pas pour une réduction de l’enveloppe budgétaire, mais nous ne pourrons pas l’augmenter. Grenoble est une des villes de France qui donne le plus aux associations. Plus de 24 millions d’euros au total. Montpellier, Rennes ou Strasbourg sont entre 4 et 7 millions d’euros en-dessous. Je ne suis pas non plus pour la municipalisation de certaines structures car le monde associatif est une richesse de Grenoble. Je prône donc une méthode de transparence avec des critères. Un pacte fiscal et budgétaire qui serait construit en début de mandat fiscal, et un deuxième sur le financement des associations, pour qu’elles puissent savoir ce qu’elles sont en mesure d’attendre de nous. Les écarts de subventionnement entre certaines associations sont régulièrement pointés du doigt, dans le domaine sportif notamment. Pourriez-vous revoir cette répartition ? Nous devons retisser des liens entre le sport professionnel et le sport associatif. Concernant la répartition des subventions, il faut garder en mémoire la catastrophe de la descente du GF38 et de son dépôt de bilan. Nous sommes donc plus attendus pour le financement du club aujourd’hui (861 000 euros par an ndlr) qu’à l’époque où il évoluait en élite et profitait des droits télés et des sponsors. Nous avons besoin des clubs de haut-niveau, comme les Brûleurs de loups et le FCG. Ils sont à l’écoute sur les besoins de la ville. Ces deux clubs se sont notamment impliqués dans l’accompagnement des rythmes scolaires. Mais nous sommes également dans une ville qui a énormément de clubs sportifs. Par exemple, l’équipe de hockey sur gazon, qui joue à Pont-de-Claix, souhaite avoir son propre terrain sur Grenoble. En période de métropolisation, j’estime que les clubs doivent être répartis sur les différentes communes avec un soutien métropolitain. Abordons le sujet de la sécurité. Si je vous dis : « Grenoble, une ville dure qui doit faire face à une forte délinquance et où des faits graves font régulièrement la Une. » C’est de l’acharnement médiatique ? Je ne choisis pas les Unes ! Je ne veux pas non plus être dans le déni. À Grenoble, il y a des situations difficiles liées à la sécurité mais il n’y en a pas plus que dans les autres villes de taille comparable. Il y a des faits graves que nous devons traiter mais certaines situations ne sont pas du ressort de la municipalité. C’est le cas du trafic de stupéfiants – lié à notre positionnement frontalier avec d’autres pays – et de la prostitution, qui explose depuis deux ans. C’est aussi à l’Etat de prendre en main ces dossiers-là. Êtes-vous favorable à la proposition de loi sur la pénalisation des clients de la prostitution ? À fond ! Il faut arrêter cette hypocrisie. La prostitution, ce n’est pas seulement le commerce d’un service sexuel anodin. Elle entraîne des problèmes d’alcool, de drogue et de violences faites aux femmes, souvent par leur souteneur et parfois-même par leurs clients. Les prostituées sont, avant tout, des victimes. Ce n’est pas un métier que l’on fait par plaisir, ni un métier comme un autre car 80 à 90 % des prostituées font cela par obligation, dans des réseaux mafieux. Le sentiment d’insécurité est-il plus fort que l’insécurité elle-même à Grenoble ? Je ne lutte pas seulement contre le sentiment d’insécurité, mais aussi contre les causes de ce sentiment. Les violences faites aux personnes, les cambriolages et les vols à l’arraché ont augmenté comme partout en France, mais les chiffres traduisent une baisse de la délinquance générale. La ZSP est une réponse concrète à ces violences. Le Préfet et le procureur doivent toutefois continuer de se mobiliser. Je veux que la gauche, à Grenoble comme ailleurs, comprenne que ce sont d’abords les plus fragiles socialement et économiquement d’entre nous qui subissent ces violences au quotidien. Ce sont également les commerçants qui s’exposent pour gagner leur vie. Or une agression peut remettre en cause l’existence de leur commerce. À Grenoble, après avoir accentué la présence de nuit, nous devons améliorer notre présence de jour. C’est l’objectif que je fixe sur le prochain mandat. Partagez-vous l’évaluation des ZSP de Manuel Valls, qui estime qu’elles ont un effet sur la délinquance ? À Grenoble, cela se traduira essentiellement par l’arrivée des effectifs compris entre 20 et 30 policiers supplémentaires en janvier, en espérant que la situation s’apaise à Marseille. Il y a, là-bas, des échanges de tirs réguliers à la Kalachnikov ! Ce n’est le cas ni à Grenoble, ni ailleurs, dans cette proportion-là. C’est donc normal qu’il y ait la solidarité nationale qui s’exerce actuellement sur la Seine-Saint-Denis et les Bouches-du-Rhône. En revanche, un territoire ne peut pas aspirer tous les effectifs sans que les collectivités locales du secteur fassent un effort, elles aussi. Les efforts portés sur la police municipale de Grenoble doivent être récompensés par une augmentation des effectifs de la police nationale. Les effets de la ZSP sur Grenoble, c’est de revoir des policiers dans des quartiers où il n’y en avait plus. Les quartiers touchés par l’économie souterraine sont comme des fourmilières. Elles travaillent sereinement lorsqu’on les laisse tranquille, mais quand on agite un bâton à l’intérieur, les fourmis s’agitent et cela perturbe leur travail. Par exemple, l’été a été particulièrement calme à la Villeneuve. C’est le signe que la ZSP produit un effet. Votre décision d’armer la police municipale grenobloise n’est-elle pas contradictoire avec la baisse de la délinquance générale que vous évoquez ? Si les actes de délinquance générale baissent, ce sont en revanche des actes plus violents qui sont commis et donc plus médiatisés. Aujourd’hui, le travail classique des policiers municipaux sur la voie publique n’est plus le même que précédemment, quand l’uniforme était respecté. Je pense que la baisse massive du nombre de policiers a tendu la relation entre les forces de l’ordre et certains citoyens qui n’étaient confrontés qu’à la brigade anti-criminalité. On a mis en danger les policiers par la baisse d’effectif. Cela a créé des difficultés dans les grandes zones urbaines. L’annonce de l’armement des policiers en fin de mandat et sa mise en place après l’élection municipale font penser à une annonce électorale ou à une mesure prise pour que le reproche de l’inaction ne puisse pas vous être fait. Pourquoi ce calendrier ? J’ai décidé d’amorcer ce travail après la mise en place des brigades de nuit. Il y a une continuité dans notre politique en matière de sécurité. J’ai annoncé cela il y a huit mois. Il faut ensuite recruter et former. Voilà pourquoi cela n’interviendra qu’en avril prochain. Je n’ai pas répondu à la demande de la police municipale qui souhaitait être armée toute la journée. J’ai refusé qu’elle le soit le jour car c’est à la police nationale d’assurer cette mission. Il faut, en revanche, que la police municipale soit plus présente la journée sur des missions d’îlotage et de proximité. Nous avons aujourd’hui un effectif d’une centaine d’agents et je prévois de le porter à 120 ou 130 d’ici la fin du nouveau mandat pour renforcer cette présence de jour. La sécurité est un dossier complexe qui évolue tout au long du mandat. Je réponds d’abord aux attentes des Grenoblois avant de me soucier des réactions que cela produira sur le plan politique. Nous ne sommes pas dans la philosophie, nous sommes dans une réponse concrète à une demande concrète. Intéressons-nous à l’actualité politique justement. La crise à l’UMP en vue de l’élection municipale de Grenoble vous est-elle profitable ? Ce n’est surtout pas confortable, mais plutôt écœurant. Cela pèse sur le climat politique des élections municipales. La droite nous avait promis des primaires. Il n’y en a pas eu. Elle a essayé de nous faire porter le chapeau, mais tout le monde a bien perçu que ce n’était pas la vérité. La seule chose qu’elle propose aux Grenoblois, c’est finalement une liste toute faite – uniquement masculine jusqu’à maintenant – au gré des ambitions de chacun et remise en question chaque jour. Ce n’est pas un bon spectacle pour la vie politique grenobloise. Je pense que cela va inciter beaucoup de personnes à ne pas voter ou à se radicaliser dans leur choix. C’est le spectacle d’une seule famille politique mais qui pollue l’ensemble du débat municipal. Avez-vous reçu une réponse à la main tendue que vous adressez aux écologistes ? Ils veulent faire une liste de premier tour. Dont acte. Je ne vais pas leur courir après, alors que leur décision est prise. C’est bien de faire les négociations entre les deux tours, mais l’arrangement serait réchauffé. Je souhaite des échanges avant le premier tour. Je n’attends pas que nous tombions dans les bras l’un de l’autre. Je n’y crois pas. Soit nous considérons que les nouvelles générations sont capables de travailler ensemble, en tenant compte des positions de chacun, comme nous le faisons quotidienne au conseil régional avec Eric Piolle ; soit nous appuyons en permanence sur le bouton retour du magnétoscope, en reparlant des dossiers du passé qui ne sont plus d’actualité. En revanche, c’est la main que je tends, pas la joue. S’il y a des attaques personnelles, comme en 2008 à l’égard de Michel Destot, je saurai y répondre ! Pour ma part, je demanderai à mes colistiers de ne tomber ni dans la caricature, ni dans le sectarisme. Je souhaite un débat politique serein. Mais ce n’est pas seulement à nous de faire les efforts. Les écologistes doivent également clarifier leur position, notamment sur le plan économique et urbanistique. Ils ne peuvent pas soutenir Cécile Duflot, qui prévoit la densification des villes, et en même temps estimer qu’à Grenoble, la situation est différente. Les écologistes n’ont aucune cohérence politique sur ce point ! Rocade Nord, A51, Stade des Alpes… Les « dossiers conflictuels du passé » ne figurent pas parmi les plus grandes réussites de ce mandat. Quelle conclusion en tirez-vous ? Comme par hasard, quand la Cour des comptes, présidé par Didier Migaud, l’ancien président de la Métro, rapporte que les collectivités doivent mieux gérer leur argent, on pointe du doigt le Stade des Alpes ! Le Stade des Alpes est un succès ! C’est sur le plan sportif que c’est un échec. En 2011, une majorité de Grenoblois estimaient que c’était un bon équipement. Il y avait encore le Snow garden festival, la semaine dernière, et les concerts cet été. Les rencontres sportives qui s’y tiennent restent des succès. Le stade est un équipement indispensable et structurant pour une métropole. La priorité, c’est de retrouver une équipe résidente de qualité et qu’il remonte à un niveau professionnel. Son public existe. C’est aux sportifs de faire le boulot. Propos recueillis par Victor Guilbert Photos de Véronique SerreL’entretien a été réalisé le mercredi 16 octobre dans le bureau de Jérôme Safar à l’Hôtel de Ville de Grenoble. Il n’a pas été soumis à relecture.
Extrait d’ouvrage choisi par Jérôme Safar- Consultez ici les autres entretiens politiques du Dimanche de Place Gre’net.« Education européenne » de Romain Gary :
« En Europe, on a les plus vieilles cathédrales, les plus vieilles et les plus célèbres universités, les plus grandes librairies et c’est là qu’on reçoit la meilleure éducation – de tous les coins du monde, il paraît, on vient en Europe pour s’instruire. Mais à la fin, tout ce que cette fameuse éducation européenne vous apprend, c’est comment trouver le courage et de bonnes raisons, bien valables, bien propres, pour tuer un homme qui ne vous a rien fait, et qui est assis là, sur la glace, avec ses patins, en baissant la tête, et en attendant que ça vienne. » La conviction qu’il en tire C’est pour moi un écrivain mythique et un ouvrage que je relis au moins deux fois par an, dès que je doute de l’Europe. J’ai racheté une nouvelle édition cet été car la précédente tombait en lambeaux.