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Jérôme Ripoll : « il y aura des irrégularités »

Jérôme Ripoll : « il y aura des irrégularités »

ENTRETIEN – Jérôme Ripoll a cla­qué, lundi der­nier, la porte de la pri­maire de la droite pour l’élection muni­ci­pale de Grenoble. Cet aty­pique en poli­tique reproche aux orga­ni­sa­teurs leur manque de trans­pa­rence et le silence d’Alain Carignon et de Matthieu Chamussy. La cam­pagne conti­nue cepen­dant pour lui, puisqu’il espère ras­sem­bler les Grenoblois et d’autres can­di­dats avec une liste « trans-par­ti­sane », un pro­gramme « prag­ma­tique » et des enga­ge­ments de mora­li­sa­tion des élus.

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À 46 ans, Jérôme Ripoll est cadre dans une entre­prise phar­ma­ceu­tique. C’est le syn­di­ca­lisme qui lui a donné « la fibre poli­tique ». Représentant CGT à Strasbourg en 1997 dans une mul­ti­na­tio­nale, il est entré à l’UMP à sa créa­tion, en 2003, moment du ral­lie­ment du parti Démocratie Libérale d’Alain Madelin. Après avoir été conseiller muni­ci­pal de Montbonnot, il a par­ti­cipé, sans suc­cès, à l’élection régio­nale de 2004 et aux can­to­nales de 2008. Il s’est écarté de la vie poli­tique après ce scru­tin, mais a fina­le­ment rejoint le Parti socia­liste en 2012 pour sou­te­nir la pro­messe de cam­pagne de François Hollande d’interdire les licen­cie­ments bour­siers. Les négo­cia­tions inter­pro­fes­sion­nelles de jan­vier der­nier lui ont fait perdre « cette illu­sion ». Il a rendu sa carte et s’est lancé dans la pri­maire ouverte de la droite à Grenoble, consi­dé­rant « qu’aucune idée n’émergeait ».
Pourquoi avoir aban­donné la pri­maire de la droite à Grenoble ?
J’avais adressé un cour­rier aux orga­ni­sa­teurs et aux can­di­dats avec plu­sieurs pro­po­si­tions concer­nant le règle­ment inté­rieur de cette pri­maire. Je sou­hai­tais notam­ment la trans­pa­rence et la limi­ta­tion des fonds de finan­ce­ment, l’ouverture d’un seul bureau de vote et la pré­sence d’un huis­sier de jus­tice pour garan­tir la régu­la­rité du vote. Dans sa réponse, le bureau d’organisation m’a informé qu’il n’en tien­drait pas compte. J’ai alors pro­posé aux can­di­dats de nous ren­con­trer dans un lieu neutre pour évi­ter la main­mise de l’UMP sur cette pri­maire. Seuls Denis Bonzy et Benjamin Piton ont par­ti­cipé à cette ren­contre, alors qu’Alain Carignon et Matthieu Chamussy, les can­di­dats du silence, ne sont pas venus. Je ne pou­vais pas cau­tion­ner cette méthode en main­te­nant ma candidature.
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Que repro­chez-vous à Matthieu Chamussy et à Alain Carignon ?

Ils cri­tiquent le mutisme de Michel Destot, mais refusent d’échanger avec un autre can­di­dat. Ce seront les arti­sans de la défaite de l’alternance. Ils ont un accord de soli­da­rité qui les unit en cas de vic­toire et ils s’appuient sur cette cam­pagne pour d’autres scru­tins. Alain Carignon vise les euro­péennes de 2015 et Matthieu Chamussy espère deve­nir conseiller régio­nal. Ils se moquent du man­dat muni­ci­pal. C’est la rai­son pour laquelle ils n’ont aucun pro­gramme écrit dans cette pri­maire. Je n’ai aucune confiance en eux s’il y a quinze bureaux de vote, comme cela est actuel­le­ment prévu.
Quelles sont vos craintes ?
Il y aura des irré­gu­la­ri­tés à ce scru­tin. Ouvrir quinze bureaux de vote ne per­met pas d’avoir suf­fi­sam­ment d’assesseurs ou d’huissiers pour garan­tir la trans­pa­rence du résul­tat et c’est par ailleurs ridi­cule, alors qu’à peine un mil­lier de Grenoblois se dépla­ce­ront pour voter à cette élec­tion primaire.
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Vous main­te­nez cepen­dant votre can­di­da­ture sans éti­quette à l’élection muni­ci­pale. Déjà que votre par­cours poli­tique sur­prend, après ce pas­sage par la pri­maire de la droite, ne crai­gnez-vous pas que les élec­teurs aient du mal à com­prendre votre posi­tion­ne­ment politique ?
Mon par­cours poli­tique démontre que je ne me limite pas à une idéo­lo­gie poli­tique. Je refuse le cli­vage poli­tique. Après être passé dans les rangs des deux grandes for­ma­tions, je peux affir­mer qu’elles sont iden­tiques. Les notions de gauche/droite sont des argu­ments com­mer­ciaux, mais la logique est la même : conser­ver le pou­voir pour garan­tir un niveau de vie confor­table. Les hommes poli­tiques sont désor­mais décon­nec­tés des réa­li­tés de ter­rain. Je serai l’alternative au cli­vage entre hommes poli­tiques et citoyens. 13 000 élec­teurs nous per­met­tront de dépas­ser le can­di­dat UMP.
Si le cli­vage agace les citoyens, l’appartenance à un parti ras­sure ceux qui rac­crochent avec l’actualité poli­tique au moment des élections…
Je n’ai aucune crainte à ce sujet. Entre Michel Destot – qui a conti­nué d’endetter et d’enclaver la ville et qui a créé une insé­cu­rité sociale, envi­ron­ne­men­tale, des biens et des per­sonnes – et le passé judi­ciaire d’Alain Carignon, je ne pense pas que les élec­teurs seront ras­su­rés par les can­di­dats des partis.
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Envisagez-vous des unions avec d’autres per­son­na­li­tés sans étiquette ?
Je dis­cute avec Gilles Dumolard et Richard Cazenave. Il n’est pas à écar­ter que Denis Bonzy et Benjamin Piton quittent à leur tour la pri­maire. Ce sont des per­son­na­li­tés qui per­mettent une saine ému­la­tion puisqu’ils sou­haitent une alter­nance et un débat d’idées, contrai­re­ment à Matthieu Chamussy et Alain Carignon. Il pour­rait donc y avoir du nou­veau à la rentrée.
Quelles sont vos condi­tions à une liste commune ?
Un enga­ge­ment sur un man­dat unique et une limi­ta­tion du salaire des élus pour fer­mer la porte aux oppor­tu­nistes et à ceux qui cumulent les fonc­tions. Les per­sonnes qui seront sur la liste devront éga­le­ment avoir un casier judi­ciaire vide, pour l’exemplarité. J’ai une marge de manœuvre sur le contenu du pro­gramme, mais dyna­mi­ser l’économie doit être la pre­mière prio­rité. Je reste éga­le­ment ouvert à des per­sonnes issues de la majo­rité actuelle, sous condi­tions qu’elles par­tagent notre éthique. Nous devons ces­ser avec les fausses pro­messes qui ne seront pas tenables.
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Le bud­get a été un fac­teur de votre désis­te­ment de la pri­maire de la droite. La cam­pagne aura éga­le­ment un coût. Comment l’appréhendez-vous ?
Nous avons chif­fré la cam­pagne à 45 000 euros. Si les 59 noms de la liste s’engagent à par­ti­ci­per à hau­teur de 500 à 1000 euros, il ne nous res­tera que 10 000 euros à trou­ver. Je consi­dère que la cam­pagne est une forme de démarche entre­pre­neu­riale. Nous ferons donc un prêt ban­caire. Mais l’engagement n’est pas seule­ment bud­gé­taire. Faire cam­pagne, c’est admettre que, du 1er sep­tembre jusqu’à mi-mars, tout le temps libre soit mis au ser­vice de cet enjeu. C’est le cou­rage qui fera la différence …
… Et le pro­gramme ! Puisque le sou­tien à l’économie est votre prio­rité, que pré­voyez-vous à ce sujet ? 
La ville ne doit plus dépen­ser outran­ciè­re­ment. La réus­site de l’emploi passe par une diver­si­fi­ca­tion. Il faut décen­tra­li­ser l’aide éco­no­mique sur les nano­tech­no­lo­gies et réor­ga­ni­ser la ville, en trans­fé­rant l’activité de ce domaine aux portes ouest de Grenoble sur l’axe Lyon-Grenoble. Cela créera ainsi un rap­pro­che­ment avec la spé­ci­fi­cité lyon­naise des bio­tech­no­lo­gies et per­met­tra de faire de la ville une capi­tale d’activité euro­péenne. L’Est de Grenoble et de son agglo­mé­ra­tion devien­dra une zone verte tou­ris­tique et, au centre-ville, nous devons encou­ra­ger la réim­plan­ta­tion de l’artisanat de luxe gre­no­blois et les com­merces de proximité.
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L’insécurité sera inévi­ta­ble­ment un thème de cam­pagne. En quoi vos solu­tions se démarquent-elles des autres candidatures ?
L’armement des poli­ciers et la vidéo-sur­veillance sont des fausses mesures. L’insécurité se résout par une com­plé­men­ta­rité de mesures à court et long termes. Dans l’immédiat, nous devons réor­ga­ni­ser la force poli­cière, en créant une police de proxi­mité et une sur­veillance de ter­rain dans toute la ville qui sera assu­rée par les agents de sur­veillance de la voie publique. Cela per­met­tra d’augmenter la pré­sence de ter­rain avec l’effectif actuel, sans nou­velle dépense ni hausse des impôts locaux. À long terme, notre pro­gramme éco­no­mique per­met­tra de sor­tir du chô­mage et de la pré­ca­rité qui est le ter­reau de l’insécurité.
Propos recueillis par Victor Guilbert
Lentre­tien a é réa­lisé à Grenoble le mer­credi 10 juillet. Il na pas été sou­mis à relec­ture.
- Consultez ici les autres entre­tiens poli­tiques du Dimanche de Place Gre’net. 

VG

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