RÉTROSPECTIVE – Le premier débat public organisé par Place Gre’net, le 10 décembre dernier, était consacré au projet de liaison par câble devant relier l’agglomération grenobloise et le Vercors. L’occasion de dresser un premier bilan des six réunions publiques de concertation sur le téléphérique organisées par la Métro et la Communauté de communes du massif du Vercors.
Découvrez l’intégralité du dossier spécial téléphérique : Le câble du Vercors en débat → Focus – Transport par câble : le retard français → Décryptage – Les enjeux économiques du câble du Vercors → Décryptage – Téléphérique rime-t-il avec écologique ?Ce vendredi 20 décembre, les élus de la communauté d’agglomération Grenoble-Alpes Métropole (Métro) et de la Communauté de communes du massif du Vercors (CCMV) valideront par une délibération le bilan de concertation sur le projet de liaison par câble reliant l’agglomération grenobloise et le Vercors. Dix jours avant cette échéance majeure, Place Gre’net organisait un → Rétrospective – Téléphérique du Vercors : où en est-on ? → Reportage vidéo – débat public pour faire le point sur ce projet et son état d’avancement, avec* Yannick Boulard, maire de Fontaine, Michel Gilbert, chargé de mission sur le transport par câble à la direction de la mobilité et des transports de l’agglomération grenobloise, Pierre Jaussaud, directeur du bureau d’études EFCâbles et expert judiciaire dans le transport par câble, et François Nougier, représentant d’Europe Écologie les Verts résidant à Lans-en-Vercors. “Sortir de l’usage monomaniaque de la voiture” Lancée en mars 2012 par Marc Baïetto, président de la Métro, la liaison par câble entre la cuvette grenobloise et le massif du Vercors ferait, au total, un peu plus de 10 km de long. Elle relierait le terminus du tramway de Fontaine à Saint-Nizier-du-Moucherotte en 13 minutes et Lans-en-Vercors en 29 minutes, voire 23 minutes avec la technologie la plus performante. Et ce avec une possible prolongation jusqu’à Saint-Martin-le-Vinoux, via la Presqu’île scientifique (en pointillés jaunes ci-dessous). Objectif annoncé dès le départ par Marc Baïetto ? « Sortir de l’usage monomaniaque de la voiture ». Et par là même diminuer la pollution atmosphérique, les gaz à effets de serre et les embouteillages aux entrées de l’agglomération. A la clé : le délestage de deux routes départementales à flanc de montagne, empruntées chaque jour par 9 000 véhicules. Le projet a rapidement fait l’objet de réserves de la part de citoyens, notamment au sein du collectif Téléféérique, puis de l’association Vercors à cœur. Mais aussi de la part de certains élus du Vercors qui ont déploré le manque de concertation. Pour mémoire, le conseil municipal de Saint-Nizier a même refusé, au printemps dernier, de se prononcer sur les objectifs de la délibération proposée par la Métro portant sur les modalités de concertation de la population vis-à-vis de ce projet. Un mouvement de contestation qui a conduit la Métro à différer la concertation préalable. Une série de réunions de concertations a toutefois finalement été organisée, entre le 17 octobre et le 7 novembre à Grenoble, Saint-Nizier-du-Moucherotte, Lans-en-Vercors, Autrans, Fontaine et Villard-de-Lans. Au total, pas moins de 1 500 personnes ont fait le déplacement. Sans compter des registres d’expression mis à la disposition des citoyens pour recueillir leurs opinions. Les concertations publiques et après ? A l’occasion du débat, Michel Gilbert, chargé de mission sur le transport par câble à la Métro, a tiré un premier bilan de ces réunions publiques, avant même la présentation officielle du rapport, rédigée par un bureau d’études indépendant. Parmi les points négatifs soulevés : le risque d’urbanisation, l’explosion du prix du foncier, l’absence de projet de territoire sur le plateau du Vercors. Sans compter la crainte d’une “annexion de la CCMV par la Métro”. En outre, le projet n’est pas jugé prioritaire par rapport à la congestion dans l’agglomération ou à d’autres projets potentiels de câbles en plaine. Enfin, certains habitants mettent en avant le coût du projet et redoutent une augmentation des impôts. Mais la Métro tiendra-t-elle compte de ces remarques ? « Bien sûr !, a assuré Yannick Boulard. Il y aura une prise en compte des concertations ». Et ce dernier de convenir que les élus de l’agglomération et du plateau ont très mal communiqué sur le projet. « Depuis le départ, on le présente comme un projet de transport par câble devant relier Fontaine au Vercors. Or il s’agit d’un problème de liaison de territoires, d’aménagement touristique et de projet de loisirs. » Le maire de Fontaine, par ailleurs vice-président chargé de la politique foncière à la Métro, a, à cette occasion, signalé que la délibération du bilan de la concertation soumise au vote était initialement intitulée “Projet de transport par câble entre l’agglomération et le Vercors”. « Sur ma proposition, elle a été renommée “Projet de liaison…” Ça change l’esprit ! » “On n’a pas posé les bonnes questions” Un point de vue partagé par François Nougier, selon lequel il aurait été “plus intelligent” de présenter le projet comme un moyen de développer le territoire, au lieu de présenter un projet de transport, compétence que la Métro ne possède pas. « Cela aurait évité que l’on se focalise uniquement sur le fait qu’il y ait 1000, 2000 ou 3000 personnes qui vont prendre ce transport par câble. Et je suis vraiment content que ce soir, pour la première fois, on arrive à évoquer d’autres sujets que les simples allers-retours qu’il peut y avoir entre le plateau et l’agglomération. » A en croire l’écologiste, les bonnes questions n’ont pas été posées. « On a eu des réunions de concertation qui n’avaient de concertation que le nom, puisqu’on nous a demandé, par exemple, de donner des avis sur l’implantation des gares. On s’en fout ! Les véritables questions sont “Qu’est-ce que l’on veut faire de ce transport par câble ?”, “Comment voit-on l’évolution touristique ?” On est passé à côté de beaucoup de questions. D’autant que les personnes à l’origine de la contestation n’ont porté de messages que contre un projet de transport. » Et de déplorer que l’on ait ainsi “défertilisé” toute l’imagination et l’inventivité des habitants du plateau. Muriel Beaudoing et Paul Turenne
Le projet en chiffres* Chantal Carlioz, Franck Girard, Pierre Buisson et Jean-Paul Gouttenoire, respectivement maires de Villard-de-Lans, de Saint-Nizier-du-Moucherotte, de Méaudre et de Lans-en-Vercors n’ont pu participer. L’association Vercors à cœur, très critique vis-à-vis du projet, n’a quant à elle pas souhaité prendre part au débat. Liaison par câble de 10,2 km de long reliant la cuvette grenobloise au massif du Vercors. Deux tronçons : un premier de 4,5 km de Fontaine à Saint-Nizier-du-Moucherotte, et un second de 5,7 km pour rejoindre Lans-en-Vercors en 29 minutes. Dénivelé de 795 mètres. Deux types de système câble : le télécabine mono-câble ou le téléphérique débrayable 3S. Coût d’infrastructures estimé : de 53,5 à 83,5 millions d’euros selon le système retenu. Coût d’exploitation : de 4,01 à 3,45 millions d’euros HT par an. 4 millions d’exploitation pour la télécabine et 3,5 millions pour le 3S. Capacité de transport de 2 400 à 5000 personnes par heure. Fréquentation moyenne minimale attendue : 1300 passagers par jour. Mise en service en 2019 au mieux.