DÉCRYPTAGE – Le débat organisé le 10 décembre dernier au Verre à Soi a été l’occasion d’échanger plus largement sur les enjeux de ce vaste projet, en présence de différents invités. En particulier, sur les aspects écologiques. Pression foncière, impacts des infrastructures, bruit… Les intervenants ont pu évoquer bon nombre de problématiques liées à la construction d’un tel ouvrage.
Pas moins de 9 000 voitures empruntent quotidiennement la portion de route entre l’agglomération grenobloise et le Vercors. La mise en place du câble, mode de transport émettant le moins de gaz à effet de serre, permettrait donc d’améliorer la qualité de l’air, du fait de la diminution du nombre de voitures. Celle-ci serait de l’ordre de 20 %, selon Michel Gilbert, chargé de mission sur le transport par câble à la direction de la mobilité et des transports de l’agglomération grenobloise. Un chiffre vraisemblablement sous-estimé, d’après Pierre Jaussaud, directeur du bureau d’études EFCâbles : « Le cabinet suédois WSP a mis en évidence que les fréquentations réelles des téléphériques étaient nettement meilleures que celles que l’on pouvait estimer au départ. » Et de citer l’exemple criant de Brides-les-Bains, où le maire a opté pour une télécabine “a minima”, du fait de l’opposition de sa population au départ. « Aujourd’hui, le succès de cette installation est tel que la commune est obligée d’affréter des bus supplémentaires, faute de pouvoir la redimensionner. » Pression foncière Interrogé sur les risques d’une urbanisation incontrôlée, Yannick Boulard, maire de Fontaine a jugé le problème non fondé : « On n’a pas attendu le projet du téléphérique pour avoir une pression énorme sur le foncier sur le plateau du Vercors, a‑t-il affirmé. Aujourd’hui, le Parc limite de façon relativement drastique les constructions sur le plateau du Vercors. Le téléphérique ne va rien changer. » Pour Michel Gilbert, l’arrivée du projet a même incité les élus du plateau à actualiser leurs règles d’urbanisme pour se prémunir contre le risque de constructions non maîtrisées : « Le CCMV est actuellement en train de mettre en place un PLU (ndlr : plan local d’urbanisme) intercommunal qui aura valeur de Scot (ndlr : schéma de cohérence territoriale) en 2017. » Avec à la clé des règles plus contraignantes et plus difficiles à contourner. Quid de l’impact des infrastructures ? Le téléphérique partirait de Fontaine, dont la gare serait accessible à pied, en vélo ou par le tram. Pas besoin d’un gros parking donc. A Saint-Nizier, où la population est plus dispersée, un parking de 50 places environ serait créé. En revanche, à Lans-en-Vercors, cœur du plateau, la Métro envisage un parking de 250 places. Pour François Nougier, représentant d’Europe Écologie-les Verts résidant à Lans-en-Vercors, le problème est toutefois mal posé. « Avant de parler du nombre de places de parkings et de leur configuration, il faut se poser la question de la connexion de la circulation interne au plateau et penser l’aménagement du territoire », insiste-t-il. Nuisances visuelles et sonores Une des principales inquiétudes quant à la mise en place du transport par câble concerne les nuisances en termes de bruit, les vis-à-vis et l’esthétique. Des craintes liées à l’image des téléphérique de stations pour Pierre Jaussaud. « Il est vrai que le 3S de Val d’Isère est, par exemple, très bruyant à l’intérieur et ce pour une raison très simple : il n’y a pas eu le moindre effort d’insonorisation des parois qui sont une vraie caisse de résonance. En ville, la machinerie serait enterrée en sous-sol et on pourrait également insonoriser les lanceurs. » De quoi obtenir un niveau sonore de 45 décibels, soit l’équivalent d’une conversation. Yannick Boulard milite par ailleurs pour le câble 3S, en particulier pour des raisons esthétiques : celui-ci, certes plus cher, serait plus fiable et nécessiterait moins de pylônes. Michel Gilbert est quant à lui revenu sur l’exemple du téléphérique de Bolzano qui compte un hôtel quatre étoiles avec une terrasse à quelques mètres de la gare d’arrivée : « On n’entend strictement rien ! » Enfin, concernant le vis-à-vis, Yannick Boulard s’est voulu rassurant : « A Fontaine, le câble survolerait une seule maison se situant à environ 80 ou 100 mètres », a‑t-il précisé. De quoi peut-être rassurer les habitants. Muriel Beaudoing et Paul TurenneLans, Saint-Nizier… Et les autres communes du plateau ? Le terminus du téléphérique étant prévu à Lans-en-Vercors, les touristes devront donc descendre et prendre un bus pour atteindre les autres communes. Une situation déplorée par Pierre Jaussaud qui aurait souhaité que les communes de Corrençon, Autrans, Méaudre et Villard-de-Lans soient également desservies pour un projet encore plus écologique.« Cela semble séduisant mais quand on y regarde de près c’est beaucoup plus compliqué, estime, pour sa part, Michel Gilbert. En ligne droite, sur du plat, le câble est moins rapide que la voiture, comme sur le tronçon reliant Lans à Villard-de-Lans. Par ailleurs, les élus du plateau et certains habitants ne souhaitent pas que la plaine de Lans, espace naturel sensible auquel ils sont très attachés, soit traversé par le transport par câble », rappelle le chargé de projet câble à la Métro, qui privilégie la mise en place de navettes avec une fréquence de 20 minutes aux heures de pointe. Une solution peu convaincante aux yeux de Pierre Jaussaud qui juge l’attente entre chaque navette potentiellement dissuasive.
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Une réflexion sur « Téléphérique rime-t-il avec écologique ? »
Ping : 3. Le transport par câble (TpC) est économe en énergie et très peu polluant – collectif de citoyens