Hommage hété­ro­clite à Clément Méric

Hommage hété­ro­clite à Clément Méric

REPORTAGE – 200 per­sonnes envi­ron étaient ras­sem­blées, jeudi soir, place Félix Poulat en hom­mage à Clément Méric, battu à mort par des skin­heads pari­siens. Une foule com­po­sée de mili­tants venus d’horizons poli­tiques divers, d’é­lus et de « simples citoyens heurtés ».
© Victor Guilbert

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Ce devait être un ras­sem­ble­ment silen­cieux. Le Mouvement des jeunes socia­listes (MJS), à l’initiative du ras­sem­ble­ment, enten­dait ainsi ne pas poli­ti­ser le drame. Mais les habi­tués du méga­phone et de la cause anti­fas­ciste n’ont pas résisté à l’en­vie de prendre la parole depuis les marches de l’église Saint-Louis. Jo Briant, fon­da­teur du Centre d’in­for­ma­tion inter-peuples (CIIP), a intro­duit la suc­ces­sion de rapides dis­cours, en sou­li­gnant « l’indignation qui devait être celle de tous les citoyens fran­çais face à une agres­sion fas­ciste mortelle ».
Victime d’une rixe à Paris dans la nuit de mer­credi à jeudi, Clément Méric, 19 ans, avait été laissé dans un état de mort céré­brale. Cet étu­diant de Sciences-Po Paris, syn­di­ca­liste et mili­tant anti­fas­ciste, est fina­le­ment décédé jeudi après-midi à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière. Une agres­sion qui, selon le ministre de l’Intérieur Manuel Valls, por­te­rait « la marque de l’extrême droite ». Ce que semble confir­mer la mise en garde à vue de sept per­sonnes dans la jour­née de jeudi, dont cer­taines « gra­vi­te­raient » autour du « noyau dur » des Jeunesses natio­na­listes révo­lu­tion­naires. Le lea­der du grou­pus­cule pari­sien, Serge Ayoub, a cepen­dant démenti dans la matinée.
Dissolution des groupes radi­caux 
© Victor Guilbert

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En fond de tri­bune impro­vi­sée, ce jeudi soir à Grenoble, de jeunes mili­tants anti­fas­cistes tendent une ban­de­role sur laquelle est ins­crit « De Paris à Grenoble, no pasa­ran ! ». Ils ne pas­se­ront pas. Le slo­gan répu­bli­cain espa­gnol est devenu dans la nuit celui de la mobi­li­sa­tion et de l’indignation natio­nale sur les réseaux sociaux, alors que cir­cu­laient les pre­mières infor­ma­tions liées à l’agression. C’est d’ailleurs sur ces réseaux qu’ont germé dans la jour­née les pré­mices du ras­sem­ble­ment grenoblois.
Dans la valse des prises de paroles des repré­sen­tants poli­tiques, mili­tants et syn­di­caux, une reven­di­ca­tion se démarque des dis­cours de stu­peur. Celle d’un appel una­nime à la dis­so­lu­tion des groupes d’extrême droite radi­cale. La semaine der­nière, le Président du Conseil régio­nal de Rhône-Alpes avait éga­le­ment for­mulé ce vœu dans un cour­rier adressé à Manuel Valls, sur demande des groupes poli­tiques de la majo­rité de gauche. Le grou­pus­cule des Jeunesses Nationalistes du conseiller régio­nal Alexandre Gabriac, exclu du Front National, fai­sait par­tie de la liste.
Une assem­blée hété­ro­clite 
© Victor Guilbert

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La reven­di­ca­tion poli­tique prend ainsi le pas sur l’émotion sus­ci­tée par l’agression. Un émoi exprimé digne­ment par une minute de silence, au terme de laquelle une quin­zaine de jeunes anti­fas­cistes gre­no­blois scandent en cœur « Clément », le pré­nom de la vic­time. « L’un des nôtres », confie l’un des mili­tants « puisqu’à Grenoble, l’antifascisme est très ancré ». Les jeunes socia­listes entre­prennent de lan­cer le chant des par­ti­sans mais aban­donnent, faute de sym­pa­thi­sants pour reprendre avec eux. Drapeaux en berne à la main, des adhé­rents du Front de Gauche ont fait le dépla­ce­ment. Tout comme les membres d’Europe Ecologie les Verts et du Rassemblement citoyen de Grenoble qui viennent gros­sir les rangs.
Eux n’ont pas pris la parole publi­que­ment, mais écoutent néan­moins atten­ti­ve­ment celles des autres. Un groupe d’élus s’est formé d’un coté du demi-cercle com­po­sant l’assistance. Les séna­teurs socia­listes de l’Isère Jacques Chiron et André Vallini sont côte à côte, à quelques pas de Jérome Safar, pre­mier adjoint au maire de Grenoble. Le député-maire Michel Destot a, quant à lui, fait une fur­tive appa­ri­tion, avant d’être rapi­de­ment invec­tivé, en pleine inter­view, par plu­sieurs per­sonnes sur la poli­tique d’austérité menée par le gou­ver­ne­ment… Comme une limite de la proxi­mité politique.
Victor Guilbert
Découvrez les pho­tos de Victor Guilbert, dans le dia­po­rama ci-dessous.

VG

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