FLASH INFO – Résistant déporté à Buchenwald-Dora et dernier survivant isérois des camps de concentration nazis, Vincent Malerba s’est éteint, jeudi 30 octobre 2025, à l’âge de 100 ans. Né à Grenoble, il avait fait partie des 376 Isérois raflés par les Allemands le 11 novembre 1943, lors d’un hommage aux Poilus de la Grande Guerre. Décoré et honoré à plusieurs reprises, il incarnait la mémoire vivante d’une ville façonnée par la Résistance et la mémoire des déportés.
La Ville de Grenoble a annoncé, vendredi 31 octobre, la disparition à l’âge de 100 ans, la veille à Montbonnot-Saint-Martin, de Vincent Malerba, figure emblématique de la mémoire résistante. Né le 7 janvier 1925 dans le quartier Saint-Laurent, ce fils d’immigrés italiens avait passé son adolescence dans une ville marquée par l’Occupation et les actions de la Résistance.
Ouvrier dans les établissements Bouchayer-Viallet, il avait participé très jeune à la lutte clandestine des résistants. Arrêté devant le monument des Diables bleus après la manifestation du 11 novembre 1943 à Grenoble en hommage aux Poilus de la Grande Guerre, il fut déporté avec 376 compagnons d’infortune à Buchenwald-Dora, l’un des camps les plus terribles du système concentrationnaire nazi. Là, à tout juste 18 ans, il devint le matricule 40 250.

Le monument hommage aux chasseurs alpins de l’armée française, surnommés les « Diables bleus », tombés lors de la Première Guerre mondiale. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
Libéré le 1er mai 1945, Vincent Malerba revint à Grenoble et reprit une vie de travailleur. Il retrouva les ateliers Bouchayer-Viallet, puis rejoignit les équipes de Merlin-Gérin. Il fonda alors une famille, tout en restant attaché à la transmission du souvenir de la Déportation et de la Résistance.
Cité à l’ordre de l’armée, décoré de la Croix de guerre avec palme et de la Légion d’honneur en 1978, il a été honoré en 2023 par la Ville de Grenoble, à l’occasion du 80e anniversaire de la rafle du 11 novembre 1943.
« Un symbole de l’histoire de Grenoble »
« C’est un grand homme qui nous a quittés, porteur d’une mémoire, d’un courage et d’une résilience immenses », déclare Éric Piolle, le maire de Grenoble, dans un communiqué. Et ce dernier de rappeler que « Vincent Malerba est un symbole de l’histoire de Grenoble, faite d’immigration, d’accueil, d’industries et de résistance ». Alors que « les symboles de la Résistance s’éteignent petit à petit », le maire appelle à préserver la mémoire de ces femmes et de ces hommes qui ont lutté contre la barbarie.
« Le combat de Vincent Malerba ne se termine jamais. La lutte contre la haine est notre boussole », conclut ainsi Éric Piolle. Humble, fidèle à ses valeurs et à sa ville, Vincent Malerba restera pour beaucoup le visage de ceux, rares, qui refusèrent la résignation.


