ÉVÉNEMENT – Vues d’en face célèbre sa 25e édition du 26 septembre au 17 octobre 2025. Né en 2002 comme une petite semaine de projections, le festival international de cinéma LGBTQIA+ s’étend aujourd’hui sur trois semaines, dans plusieurs lieux de Grenoble et de son agglomération. Au programme : hommages, avant-premières, partenariats culturels et soirées festives, toujours avec l’ambition de donner de la visibilité à un cinéma marginalisé par les circuits classiques.
Vingt-cinq ans après ses débuts, Vues d’en face n’a rien perdu de son esprit frondeur. Plus qu’un simple festival, il demeure un acte de résistance culturelle, face à un cinéma jugé dominant. L’objectif pour ses organisateurs ? « Apporter un cinéma ignoré des circuits de distribution et d’exploitation au grand écran, offrir de la visibilité au cinéma indépendant qui refuse de se plier aux conventions des grands studios, soutenir les cinéastes et leur vision, et contribuer à l’évolution des mentalités et des représentations de la communauté LGBTQIA+ ».
Entre hommages et découvertes
La programmation fait la part belle aux avant-premières. Le festival s’ouvre avec Egoist, film japonais déjà remarqué dans les festivals asiatiques, avant d’accueillir plusieurs exclusivités françaises, parmi lesquelles Stress Positions (États-Unis), Streets of Glória (Brésil), Odd Fish (Islande) ou encore Le mystérieux regard du flamand rose, récompensé à Cannes par le Prix Un certain regard.
Cette année, le cinéma Le Club accueillera dix jours de projections, du 3 au 12 octobre, qui alterneront regards vers le passé et découvertes contemporaines. Le premier week-end permettra de redécouvrir d’anciens lauréats du Prix du public, tandis qu’une soirée rendra hommage à Lionel Soukaz, figure pionnière du cinéma queer disparue en février 2025.

Histoire d’amour à trois au temps de la liberté sexuelle et de l’utopie libertaire qui veut transformer la société, Pourquoi pas ! premier film longtemps oublié de Coline Serreau, est emblématique des années 70.
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Le 9 octobre, c’est Coline Serreau qui sera mise à l’honneur avec la projection de Pourquoi pas ! (1977), accompagnée du documentaire Sally ! retraçant le parcours de l’activiste lesbienne Sally Gearhart. Hors les murs, d’autres classiques viendront enrichir le programme, de Pink Flamingos à la Cinémathèque de Grenoble à Cruising avec le Ciné Club de Grenoble, en passant par Les Funérailles des roses projeté à Eve, sur le campus universitaire.
Du côté des documentaires, le public pourra découvrir Pédale rurale, qui suit la création de la première Pride du Périgord vert, et Desire Lines, une exploration sensible du désir homosexuel transmasculin mêlant témoignages contemporains et approche historique.
Une vie culturelle au-delà des salles
Au-delà des projections, Vues d’en face s’affirme comme un rendez-vous festif et fédérateur. Un cabaret théâtral queer ouvrira le bal à La Bifurk le 27 septembre, tandis qu’un spectacle de drag mêlant danse, musique et cinéma se tiendra au Ciel le 16 octobre. La clôture prendra quant à elle des allures de nuit blanche à l’Ampérage, du 17 au 18 octobre, avec une soirée clubbing jusqu’au petit matin.

Dix ans après l’adoption du Mariage pour tous, la photographe Marie Docher est allée à la rencontre de lesbiennes de tous profils et de toutes générations. Des photos de son livre documentaire « Et l’amour aussi » seront exposées durant tout le festival, salle 6 au cinéma Le Club. DR
Fidèle à ses partenariats locaux, le festival renouvelle aussi ses collaborations avec les bibliothèques municipales, le Centre LGBTI de Grenoble et la ville de Seyssinet-Pariset, proposant notamment une séance gratuite de courts-métrages à la Bibliothèque Centre-Ville.
Dans un contexte général marqué par des reculs en matière de droits LGBTQIA+ et par l’effritement des subventions culturelles, les organisateurs rappellent le sens de cette 25e édition : « Dans ce contexte politique incertain, où tant de droits pour lesquels nous nous sommes déjà battus semblent reculer de jour en jour, il est plus que jamais important de soutenir la présence culturelle de la communauté LGBTQIA+ que tant de personnes luttent pour effacer. Être visible, c’est exister. »


