EN BREF – Dans un courrier adressé au ministre de la Défense, la députée européenne insoumise Manon Aubry affirme que la fermeture du site Arkema de Jarrie mettrait en péril la dissuasion nucléaire de la France. Ce, du fait que le perchlorate de sodium produit par l’usine iséroise alimente le carburant des missiles balistiques nationaux.
S’agit-il d’un nouvel argument pour défendre les sites de Vencorex et d’Arkema ? « Les armes et les composants stratégiques nécessaires à leur fonctionnement ne sont pas des marchandises comme les autres, indique la députée européenne insoumise Manon Aubry, dans un courrier remis en main propre au ministre de la Défense Sébastien Lecornu le jeudi 13 mars 2025. Ils ne doivent pas être soumis à la seule logique commerciale qui pousse aujourd’hui la direction d’Arkema à menacer la fermeture de son site de Jarrie. »
Pour l’élue, qui s’était rendue sur la plateforme chimique mi-février, la situation du site isérois d’Arkema représente en effet un danger pour la dissuasion nucléaire française. Précisément parce que l’usine produit du perchlorate de sodium, substance utilisée pour produire le carburant des missiles balistiques stratégiques M51, équipés des têtes nucléaires françaises. Et d’ajouter : « aucun autre site industriel français certifié par ArianeGroup ne produit un perchlorate de sodium substituable à celui d’Arkema ».

Manon Aubry (à droite) lors de sa visite sur le site d’Arkema en février 2025. © Morgane Poulet – Place Gre’net
Quant à la possibilité de se tourner vers une production étrangère, Manon Aubry exprime son scepticisme. « Un approvisionnement de ces ressources critiques par une puissance étrangère […] ne peut en aucun cas répondre aux exigences d’autonomie stratégique et de dissuasion nucléaire “tous azimuts », considère la députée européenne. Ce d’autant que l’Allemagne, pressentie pour fournir du sel de substitution, aurait « déjà démontré un manque de fiabilité en matière de coopération militaire industrielle ».
Des risques d’affaiblissement de « notre dissuasion nucléaire » ?
« Dans un contexte international de montée des tensions, l’outil de dissuasion nucléaire n’a probablement jamais été aussi important pour garantir notre indépendance et notre souveraineté », juge l’élue. Qui, dès lors, « alerte solennellement sur la faiblesse stratégique que provoquerait la fermeture des sites d’Arkema à Jarrie et de Vencorex pour notre dissuasion nucléaire ». Manon Aubry exige ainsi du gouvernement « des mesures immédiates pour garantir la poursuite de l’activité industrielle des sites, sans perte d’emplois ni de salaires ».

Jean-Luc Mélenchon était en visite à Vencorex, mercredi 12 mars 2025. © Joël Kermabon – Place Gre’net
La lettre de la députée européenne a été remise le lendemain de la visite de Jean-Luc Mélenchon sur le site de Vencorex. Le chef de file de La France insoumise y avait dénoncé le « baratin » du gouvernement sur la souveraineté industrielle. Ce sans évoquer, pour sa part, l’importance de la dissuasion nucléaire.
Une stratégie dont il avait par ailleurs remis en cause l’efficacité en 2021, affirmant alors « que l’on sait que la guerre peut avoir lieu et aura lieu d’abord depuis l’espace » et doutant de « l’intérêt à maintenir un système qui prend alors l’allure d’une étape intermédiaire ».


