FOCUS – Alors que l’entreprise Stryker-Tornier de Montbonnot-Saint-Martin envisage la suppression d’une cinquantaine de postes, un mouvement de grève a débuté le mercredi 19 février 2025. Les syndicats CFDT et CGT veulent ainsi répondre à la colère exprimée par les salariés et peser sur des négociations dont ils jugent les avancées encore très insuffisantes.
Après l’annonce de suppressions d’emplois sur le site de Stryker-Tornier à Montbonnot-Saint-Martin, un mouvement de grève a débuté le mercredi 19 février 2025. Au début du mois de janvier, les salariés avaient été informés que l’entreprise, spécialisée dans les prothèses médicales, envisageait de réduire ses effectifs d’une cinquantaine, voire d’une soixantaine de salariés. Ceci après avoir déjà supprimé 134 postes en 2021, lors du rachat du site par le groupe mondial Stryker.
Les nouvelles réductions d’effectifs passent très mal auprès de la CFDT et de la CGT, qui s’étaient constituées en intersyndicale pour l’occasion. Les deux syndicats indiquaient alors à Place Gre’net que le groupe avait enregistré 10 % de croissance en 2024.
Quant à la rentabilité du site isérois, jugée insuffisante, elle était avant tout liée, selon eux, à des errements de gestion, comme un agrandissement de 4 000 m² de locaux finalement laissés quasiment vides. Pour les organisations syndicales, aucun doute : Stryker rationalise à outrance pour mieux se positionner au niveau mondial.
« Les salariés ont fait pression », explique la CGT
Au début du mois de février, aucun mouvement social n’était prévu au sein de Stryker-Tornier. « À moins que des salariés ne prennent l’initiative », expliquaient alors Virginie Saclier, de la CGT. Un membre du personnel évoquait ainsi le sentiment d’angoisse et d’inquiétude qui prédominait parmi les équipes et pouvait donner lieu à une certaine colère. Celle-ci s’est finalement bel et bien exprimée, confie aujourd’hui la syndicaliste.
Mouvement social sur le site de Tornier en 2021, lors de la reprise par Stryker avec un PSE à la clé. DR
« Les salariés ont fait pression. Ils voulaient faire un peu “sauvage”, on a préféré l’encadrer », explique ainsi Virginie Saclier. Qui note que le ressentiment du personnel commençait même… à viser les syndicats. « On a fait un certain nombre d’entretiens collectifs et individuels, et les gens nous ont dit qu’ils nous en voulaient de les retenir, […] d’être “trop gentils”. Ils n’avaient pas plus d’informations que ça, et ils se sont mis à nous en vouloir », décrit-elle.
La syndicaliste se défend, évidemment, d’avoir voulu réfréner les ardeurs des salariés. « Ce n’était pas le but, on essayait de faire au mieux », assure-t-elle. CFDT et CGT comptent désormais tenir informés au plus près les équipes, y compris durant la nouvelle séance de négociations prévue le jour même de la grève. Un rassemblement est au programme, avec vin chaud et débats. De quoi « permettre aux gens qui sont impactés mais restent dans leur coin de donner vraiment leur avis », espère Virginie Saclier.
Les propositions de Stryker jugées inacceptables
La grève, toutefois, ne provient pas uniquement de la colère des salariés, précise la représentante CGT, qui juge inacceptables les propositions de la direction dans le cadre du PSE, même après plusieurs réunions. Dans un tract, les syndicats dénoncent ainsi « un accompagnement minimaliste, sans réelle garantie de reclassement », ainsi qu’une « prime supra-légale au rabais […] alors que les conditions de réemplois se sont dégradées et que les profits du groupe ont augmenté ».
Tout comme en 2021, un rassemblement est prévu à l’occasion de la journée de grève du 19 février. DR
« Ils ont proposé un mois de salaire brut par année d’ancienneté, sans plafond ni plancher. Ce qui veut dire que les personnes qui sont là depuis deux ans en production, qui ont environ 2 000 ou 2 200 euros brut par mois, vont partir avec 4 000 euros. Après s’être investies, avec tout ce que ça implique dans l’intégration de Stryker. C’est inadmissible ! », estime Virginie Saclier. Les syndicats rappellent par ailleurs que ces conditions sont inférieures à celles qui avaient été proposées en 2021.
Dans leur tracts, les organisations fustigent encore « une réorganisation du travail floue et précipitée, qui va fortement détériorer les conditions de travail des salariés restants ». Elles redoutent « plus de charge de travail, plus de pression, plus de stress ». Le tout pour un plan de relance « insuffisant pour atteindre l’équilibre en 2028, sans garantie et sans crédibilité ». Si la grève n’est pas (encore) reconductible, elle pourrait le devenir en fonction de l’avancée des négociations et des décisions prises avec les salariés au soir du mercredi 19 février.
Au terme de la journée de grève, la CGT indique que « les négociations ont avancé et la supra-légale1 Indemnité dont le montant dépasse celui fixé par la loi. est maintenant celle de 2021, qui était la base de négociation ». La centaine de salariés en grève a décidé une reconduction du mouvement sur la journée du jeudi 20 février. [encadré et image ajoutés le 20 février à 8 h 30]