EN BREF – Ouvert à Grenoble boulevard Jean-Pain le 29 décembre 2004, le Local des femmes fête ses vingt ans d’existence. L’association Femmes SDF le tient depuis lors afin d’offrir un accueil de jour aux femmes sans domicile fixe, une réalité peu visible dans l’espace public. Depuis dix ans, la situation se dégrade, notamment avec le nombre croissant de femmes en demande d’asile. Le lieu accueille donc désormais aussi leurs enfants.
« Le 29 décembre 2004, il y a 20 ans, le Local des femmes ouvrait sa porte pour la première fois. À l’époque, on ne parlait pas de femmes sans domicile fixe (SDF), de femmes à la rue. C’était une réalité peu visible dans l’espace public et politiquement, ce qui ne se voit pas, n’existe pas… Mais l’association Femmes SDF a été une des toutes premières à regarder cette réalité et à agir. À partir à la rencontre de ces femmes, en créant ce lieu d’accueil de jour spécifique pour femmes », écrit l’association Femmes SDF.
Au fil du temps, le public accueilli a changé. En effet, si en 2005, le Local des femmes accueillait 72 femmes, 2024 a marqué son année record en matière de fréquentation. Il a abrité 921 personnes… Soit 653 femmes et 268 enfants. Ce qui correspond à un accueil composé de 65 % de personnes seules et de 35 % de femmes enceintes ou accompagnées d’un ou de plusieurs enfants.
Une évolution progressive de l’accueil du Local des femmes
Jusqu’en 2014, le Local des femmes1Situé au 16 boulevard Jean-Pain, à Grenoble. ne recueillait pas d’enfants. « Les familles étaient à cette époque rapidement prises en charge », précise l’association Femmes SDF. Mais, depuis, les choses ont changé.
Il n’est désormais plus rare de voir des femmes venant tout juste d’accoucher, sans solution d’hébergement, ou bien en compagnie de leur(s) enfant(s). Sans oublier ceux déjà scolarisés dormant à la rue ou hébergés dans des écoles de Grenoble.
En 2024, parmi les enfants ayant trouvé refuge au Local, plus de 40 % avaient moins de 3 ans. 60 % des femmes vivaient dans la rue lors de leur première arrivée dans ces lieux, tandis que moins de 40 % vivaient dans un hébergement relativement stable.
Chaque après-midi, ces derniers mois, l’association ajoute avoir accueilli entre 50 et 90 personnes. Soit plus de 8 000 passages en un an et une fréquentation multipliée par cinq en dix ans. Ainsi qu’une augmentation de plus de 20 % de l’accueil de jour par rapport à 2023.
Des réalités alarmantes
Femmes SDF se dit inquiète face à cette modification du public accueilli et à cette hausse du nombre de personnes reçues. La présence d’enfants n’est d’ailleurs que le constat que « des familles [sont] en danger ». D’autant plus que les périodes durant lesquelles les femmes n’ont aucune solution d’hébergement ont tendance à s’allonger.
L’association constate également que les femmes en demande d’asile se retrouvent bien souvent à la rue pendant toute leur procédure. « Donc sans sécurité et sans accompagnement, notamment juridique », relève Femmes SDF.
Loin de baisser les bras, le Local des femmes créera un événement public au printemps 2025. Et, bien sûr, tout au long de l’année, l’association continuera de recueillir des femmes, de pratiquer des maraudes, de tenir des permanences ou encore de mettre en œuvre divers projets pour permettre aux femmes SDF « de prendre une place ».
Photo de Une : Le Local des femmes, de Coline Picaud.