EN BREF – En amont de la Journée nationale du 12 novembre dédiée à la lutte contre la précarité énergétique, Nicolas Kada, adjoint à la Ville de Grenoble, et Vincent Godebout, directeur du programme Territoires zéro exclusion énergétique, ont présenté l’expérimentation menée sur trois ans auprès de 140 ménages grenoblois. Les quartiers des Alpins, Capuche et Ferrié-Stalingrad ont en effet été sélectionnés fin 2023 pour intégrer ce dispositif.
« En dix ans, nous pourrions éradiquer la précarité énergétique si tout le monde s’y mettait et travaillait ensemble », a affirmé le 8 novembre 2024 Vincent Godebout, directeur du programme Territoires zéro exclusion énergétique, lors de la présentation de l’expérimentation menée à Grenoble dans le cadre de ce dispositif. Objectif ? Lever les obstacles à la rénovation performante de l’habitat des personnes les plus modestes en grande précarité énergétique.
La Ville de Grenoble et son centre communal d’action sociale (CCAS) ont débuté en janvier 2024 dans trois quartiers cette expérimentation « Territoires zéro exclusion énergétique ». Une démarche portée par Zéro exclusion énergétique, émanation de l’association Stop à l’exclusion énergétique, sous l’égide du ministère de la Transition énergétique,
Il s’agit, à travers ce dispositif, d’accompagner 140 ménages modestes, habitant dans les quartiers des Alpins, de la Capuche et Ferrié-Stalingrad, pour les aider à rénover leur logement. L’énergie peut en effet représenter jusqu’à 43% des dépenses des ménages les moins aisés, quand leur logement est mal isolé.
Un lien entre précarité et mauvaise isolation thermique
« Les plus précaires sont les premiers touchés par l’injustice climatique », constate Nicolas Kada, adjoint à la coordination de l’action sociale à la mairie de Grenoble et vice-président du CCAS. C’est en partant de ce constat que la Ville a ciblé les logements à rénover en priorité : ceux dans les constructions datant de 1975 aux années 1990. « Elles sont défaillantes sur le plan thermique. Mais intéressantes car il peut y avoir à rénover des habitations collectives, comme individuelles, et les profils de population sont différents », ajoute l’élu.
Nicolas Kada, à gauche, et Vincent Godebout, à droite, ont signé une charte d’engagement pour l’expérimentation Territoires zéro exclusion énergétique, le 8 novembre 2024. © Morgane Poulet Place Gre’net
En dix mois, « le bilan est positif », constate Lorette Guebhard, coordinatrice de Stop à l’exclusion énergétique. Pour l’heure, les équipes en charge des travaux ont accompagné 17 ménages sur 35 rencontrés. La coordinatrice remarque néanmoins que « le non-recours est très important chez les propriétaires occupants ». Mais aussi qu’il est difficile d’identifier les ménages ayant besoin de rénovation thermique.
D’ici 2026, l’objectif est de passer de quinze territoires nationaux éligibles (dans lesquels les ménages modestes peuvent aujourd’hui être accompagnés) à 100, à terme. Actuellement, Stop à l’exclusion énergétique accompagne entre 2 000 et 3 000 ménages au niveau national.
Des programmes complémentaires
La Ville de Grenoble est par ailleurs engagée contre la précarité énergétique par le biais du pôle inclusion financière de son CCAS, par son implication dans le programme service local d’intervention pour la maîtrise de l’énergie du Comité de liaison des énergies renouvelables (qui repère, oriente et accompagne les ménages en situation de précarité énergétique), mais aussi par le financement de rénovations énergétiques via le programme métropolitain MurMur.
La complémentarité des programmes « Territoires zéro exclusion énergétique » et MurMur est d’ailleurs intéressante. Cette dernière vise en effet à rénover thermiquement les copropriétés d’après-guerre, avec une aide de la Métropole passant notamment par un audit énergétique et un accompagnement personnalisé.