Main d'une personne âgée. © Creative Commons

Grenoble : deux mili­tants du sui­cide assisté soup­çon­nés d’a­voir voulu aider une nona­gé­naire à mourir

Grenoble : deux mili­tants du sui­cide assisté soup­çon­nés d’a­voir voulu aider une nona­gé­naire à mourir

FLASH INFO – Deux per­sonnes âgées de 81 ans, membres de l’as­so­cia­tion Ultime Liberté en faveur de la léga­li­sa­tion du sui­cide assisté, ont été mises en garde à vue jeudi 15 août 2024, à Grenoble. Elles sont soup­çon­nées d’a­voir essayé d’ai­der une nona­gé­naire à mettre fin à ses jours en lui remet­tant des médicaments.

[Article publié le 16 août 2024 à 16h59, modi­fié le 17 août à 7h45 pour y inté­grer, en enca­dré, les der­niers détails de l’af­faire rap­por­tés par Éric Vaillant, pro­cu­reur de la République de Grenoble. ]

Était-ce une ten­ta­tive d’eu­tha­na­sie ? Toujours est-il que le fils d’une Grenobloise de 91 ans a signalé aux ser­vices de la Direction inter­dé­par­te­men­tale de la police natio­nale de l’Isère, mer­credi 14 août vers 19 h 30, « qu’un couple pré­sent dans son loge­ment avait voulu tuer sa mère », a rap­porté jeudi 15 août Éric Vaillant, pro­cu­reur de la République de Grenoble. Il s’agissait en l’oc­cur­rence de deux octo­gé­naires membres de l’association Ultime Liberté qui milite pour la léga­li­sa­tion du sui­cide assisté et l’euthanasie volontaire.

Action à Grenoble du collectif Soulager mais pas tuer, opposé à l'euthanasie et au suicide assisté. . © Florent Mathieu – Place Gre’net

Action à Grenoble du col­lec­tif Soulager mais pas tuer, opposé à l’eu­tha­na­sie et au sui­cide assisté. © Florent Mathieu – Place Gre’net

Les deux mili­tants « sont soup­çon­nés d’avoir remis des médi­ca­ments à la mère du requé­rant. Cette der­nière les a ingur­gi­tés avant de les vomir », a pré­cisé le par­quet de Grenoble.
L’homme et la femme mis en cause ont fait l’ob­jet d’une mise en garde à vue pour « exer­cice illé­gal de la pro­fes­sion de phar­ma­cien et pro­pa­gande en faveur de pro­duits pré­co­ni­sés comme moyens d’aide au sui­cide », a indi­qué Éric Vaillant.

L’assistance au sui­cide tou­jours inter­dite en France

Sur son site, l’as­so­cia­tion Ultime liberté indique mili­ter « pour la liberté de choi­sir le moment, le lieu et les moda­li­tés de sa mort ». Mais aussi pour l’ins­crip­tion dans la loi du sui­cide assisté « lorsque l’in­té­ressé se trouve dans un état où il ne peut plus com­mu­ni­quer et qu’il a écrit ses direc­tives anti­ci­pées ». Des pra­tiques que la loi fran­çaise inter­dit actuellement.

Ce n’est d’ailleurs pas la pre­mière fois que des membres de l’as­so­cia­tion se trouvent confron­tés à la jus­tice. Cela a notam­ment été le cas à Toulouse (Haute-Garonne) où l’un de ses mili­tants, un kiné­si­thé­ra­peute, a été mis en exa­men après avoir aidé plu­sieurs per­sonnes à mourir.

Les tra­vaux sur le pro­jet de loi sur la fin de vie, qui devait notam­ment ouvrir la pos­si­bi­lité stric­te­ment enca­drée d’une assis­tance au sui­cide, avaient com­mencé en avril 2024 pour s’a­che­ver le 18 juin à l’Assemblée natio­nale. Mais la dis­so­lu­tion pro­non­cée par Emmanuel Macron a rendu l’a­ve­nir de cette loi incer­tain puisque cette déci­sion pré­si­den­tielle a annulé tout le tra­vail déjà réa­lisé par les députés.

Les deux mili­tants et l’as­so­cia­tion Ultime Liberté mis en examen

Déférés devant un juge d’ins­truc­tion, les deux mili­tants et l’as­so­cia­tion Ultime Liberté ont fait l’ob­jet d’une mise en exa­men, ven­dredi 16 août 2024, a fait savoir, le même jour, le par­quet de Grenoble. Qui indique aussi que la vic­time qui vou­lait se sui­ci­der, actuel­le­ment hos­pi­ta­li­sée, est éga­le­ment membre de l’association.

Les deux per­sonnes sont mises en exa­men pour « exer­cice illé­gal de la pro­fes­sion de phar­ma­cien », pour avoir « pro­vo­qué la vic­time au sui­cide en lui four­nis­sant dif­fé­rents pro­duits » et pour avoir « fait la publi­cité des moyens de se don­ner la mort ». Les deux der­nières infrac­tions visent les deux mili­tants mais aussi l’as­so­cia­tion Ultime Liberté « qui pra­tique un mili­tan­tisme offen­sif pro­mou­vant les moyens de se don­ner la mort », a pré­cisé Éric Vaillant.

Ce en four­nis­sant, dif­fu­sant et uti­li­sant des pro­to­coles d’absorption de médi­ca­ments et de pro­duits toxiques. Mais aussi en dif­fu­sant une charte de l’ac­com­pa­gne­ment sur les moyens de se don­ner la mort et en orga­ni­sant des for­ma­tions. « Ces infrac­tions sont pas­sibles de 2 à 3 ans d’emprisonnement et de 30 000 à 40 000 euros d’a­mende », a com­plété le procureur.

Les deux mis en exa­men, déjà connus pour des faits simi­laires, pla­cés sous contrôle judi­ciaire devront répondre aux obli­ga­tions sui­vantes : inter­dic­tion de contact avec la vic­time et les membres de sa famille ; inter­dic­tion de se livrer à des acti­vi­tés au sein de l’as­so­cia­tion ; obli­ga­tion de poin­tage heb­do­ma­daire à la gen­dar­me­rie de leur domicile.

Joël Kermabon

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