EN BREF – Un doc­to­rant à l’Université Grenoble Alpes (UGA) et un étu­diant à Sciences Po Grenoble ont annoncé, à la mi-juillet 2024, le lan­ce­ment du Cercle Paul-Mistral à la ren­trée. Une nou­velle asso­cia­tion créée en réac­tion aux résul­tats des der­nières élec­tions euro­péennes et légis­la­tives. Objectif : refon­der une « pen­sée poli­tique de gauche » adap­tée aux enjeux actuels et capable de contrer la pro­gres­sion conti­nue de l’ex­trême droite.

Ils ont choisi de l’ap­pe­ler Cercle Paul-Mistral, « du nom de l’illustre maire socia­liste de Grenoble », de 1919 à 1932. Derrière cette nou­velle asso­cia­tion, deux jeunes Grenoblois : Lucas Moulène, doc­to­rant en his­toire à l’Université Grenoble Alpes (UGA), et Loris Dumont, étu­diant à Sciences Po Grenoble. Le binôme a adressé une tri­bune à Place Gre’net, le 12 juillet 2024, pour expli­quer leur démarche.

Le Cercle Paul-Mistral est lancé par un doc­to­rant à l’Université Grenoble Alpes et un étu­diant à Sciences Po Grenoble, qui pré­cisent avoir obtenu plu­sieurs sou­tiens sur le cam­pus, notam­ment parmi les cher­cheurs. © Simon Marseille – Place Gre’net

Un texte rédigé à quatre mains mais « d’autres signa­tures venant de cher­cheurs et d’autres per­son­na­li­tés poli­tiques » devraient suivre. Le titre ? « Face au risque de défaite des idées répu­bli­caines, osons pen­ser la gauche ». Les deux cofon­da­teurs ne cachent pas en effet leur enga­ge­ment à gauche, étant inves­tis au PS, à l’i­mage de Loris Dumont, porte-parole du Poing social, cou­rant des Jeunes socia­listes (l’aile gauche du mou­ve­ment de jeunesse).

« Combien de temps la République tien­dra-t-elle encore ? »

Le Cercle Paul-Mistral affiche d’ailleurs clai­re­ment son ambi­tion de « refon­der une pen­sée poli­tique de gauche adap­tée aux enjeux du XXI^e siècle ». Sa créa­tion, enté­ri­née au len­de­main du second tour des légis­la­tives, se veut ainsi une réponse aux résul­tats des der­niers scru­tins comme au contexte poli­tique actuel. « Le 7 juillet der­nier, la République a tenu. Le peuple fran­çais a dit non à l’extrême droite par près de 63 % des voix », se féli­citent les jeunes mili­tants en préambule.

Mais la ques­tion demeure : « Combien de temps la République tien­dra-t-elle encore au vu de la crise de la démo­cra­tie qui se déve­loppe ? », s’in­ter­rogent-ils, consta­tant que « l’extrême droite pro­gresse de manière conti­nue depuis des années ». Or, pour eux, « le FN-RN a mon­tré dans la cam­pagne récente qu’il n’avait pas changé ». Et ce, « mal­gré son rava­le­ment de façade par Marine le Pen ».

Lucas Moulène, doc­to­rant en his­toire à l’UGA, et Loris Dumont, étu­diant à Sciences Po Grenoble, fon­da­teurs du Cercle Paul-Mistral, qui devrait voir le jour à la ren­trée de sep­tembre 2024. © Cercle Paul-Mistral

Lucas Moulène et Loris Dumont ne se voilent pas la face. « Cette pro­gres­sion est un échec col­lec­tif des forces répu­bli­caines en géné­ral, et de la gauche en par­ti­cu­lier », estiment-ils, évo­quant notam­ment « un aban­don de l’effort d’une pen­sée sys­té­ma­tique et idéo­lo­gique de gauche ». Et si la « vic­toire rela­tive de la gauche » au second tour a certes consti­tué « un espoir », les deux Grenoblois n’é­ludent pas le « contexte du front répu­bli­cain ».

Le Cercle Paul-Mistral sou­tenu par des cher­cheurs et par Michel Destot

Pour « par­ti­ci­per à cet effort de recons­truc­tion », ceux-ci ont fait le tour de leurs réseaux, obte­nant le sou­tien de cher­cheurs et per­son­na­li­tés, dont l’an­cien maire Michel Destot. « Par la mise en com­mun des com­pé­tences, notam­ment scien­ti­fiques, des unes et des autres, nous espé­rons être un lien entre toutes les bonnes volon­tés qui sou­haitent acti­ve­ment recons­truire une alter­na­tive répu­bli­caine et sociale à l’impasse poli­tique vers laquelle nous ten­dons », indiquent-ils.

Le Cercle Paul-Mistral entend ainsi four­nir « une plate-forme de confé­rences, de sémi­naires et de dis­cus­sions pour ana­ly­ser et déve­lop­per les enjeux sociaux et poli­tiques contem­po­rains ». Ceci afin « d’apaiser et de res­sou­der le pays », en réunis­sant toutes les per­sonnes « qui veulent œuvrer dans ce sens ». Lucas Moulène et Loris Dumont sont actuel­le­ment en train d’ef­fec­tuer les for­ma­li­tés admi­nis­tra­tives, en vue d’un lan­ce­ment offi­ciel à la ren­trée de septembre.