FOCUS – Drôle d’ambiance au sein de Reconquête Isère. Alors que le 15 juin 2024, le mouvement d’Éric Zemmour annonçait ne présenter aucun candidat en Isère à l’occasion des législatives, un second communiqué le 17 juin annonçait au contraire cinq candidatures sur le département. La conséquence des divisions au sein du parti, entre partisans d’Éric Zemmour et défenseurs de Marion Maréchal.
Les Républicains ne sont pas le seul parti à droite de l’échiquier politique à avoir connu un épisode fratricide à la faveur de la dissolution de l’Assemblée nationale. Le mouvement d’Éric Zemmour Reconquête a en effet été traversé par de vives divisions, sur fond de désaccord entre le fondateur du parti et Marion Maréchal. Des divisions qui ont pris forme en Isère, où les deux camps se sont affrontés… à coups de communiqués de presse contradictoires.
Ainsi, le samedi 15 juin, soit 24 heures avant la date limite de dépôt des candidatures aux élections législatives, un communiqué de Reconquête annonçait qu’en Isère, le parti ne présenterait aucun candidat, ceci en soutien « de la coalition incarnée par Marine Le Pen, Marion Maréchal, Jordan Bardella, Éric Ciotti et Nicolas Dupont-Aignan ». 48 heures plus tard, un second communiqué annonçait pour sa part… que cinq candidats avaient bel et bien été investis.
« Reconquête n’est plus un parti politique », juge Stéphane Blanchon
Explication ? Le premier communiqué émanait de Stéphane Blanchon, délégué départemental Reconquête Isère, qui ne cache pas ses affinités politiques avec la ligne de « coalition des droites » de Marion Maréchal. Ceci en incluant plusieurs membres du bureau du mouvement isérois.
À leurs yeux, celle qui a mené la campagne de Reconquête aux européennes avant de prendre ses distances avec Éric Zemmour, a été victime d’un resserrement du fondateur du mouvement sur sa propre personne, et celle de sa compagne Sarah Knafo.

Marine Chiaberto ne sera pas (de nouveau) candidate Reconquête dans la première circonscription de l’Isère… mais dans la première circonscription de Paris. © Manuel Pavard – Place Gre’net
« C’est en train de redevenir le cercle très restreint des amis d’Éric Zemmour, ce n’est plus un parti politique », affirme Stéphane Blanchon pour enfoncer le clou. Avant de faire référence au passage sur BFMTV du président de Reconquête, au cours duquel ce dernier a dénoncé un « record du monde de la trahison ». Puis a annoncé l’exclusion de Guillaume Peltier et de Nicolas Bay. « Les gens sont virés en direct à la télévision, ce n’est pas comme ça que fonctionne un parti politique », s’étrangle encore le conseiller régional.
La lecture des commentaires sur X accompagnant le communiqué émis par Stéphane Blanchon en dit long sur l’ambiance au sein du parti entre les deux sensibilités. Sans aucun ménagement (et aucune modération), le “marionnettiste” se fait traiter de « traître », de « lâche », de « pourriture », de « sinistre inconnu », de « soumis à la boutique familiale Le Pen » ou encore « d’enc…é ». Mais des messages favorables se font également connaître. « L’intérêt de la France doit passer au dessus de celui des partis », estime ainsi un internaute, résumant la pensée générale des soutiens.
Reconquête présente bien cinq candidats en Isère
Le second communiqué émanait pour sa part de Marine Chiaberto, adjointe de Stéphane Blanchon chez Reconquête Isère… et proche de la ligne Zemmour. Celle qui était candidate en 2022 sur la première circonscription de l’Isère est aujourd’hui désignée par Stéphane Blanchon comme une « dame parisienne mandatée par Reconquête ». Il est vrai que l’avocate ne se représente pas en Isère, mais annonce en revanche sa candidature sur la première circonscription de Paris.

Quand Marine Chiaberto et Stéphane Blanchon se tenaient côte à côte lors d’un rassemblement à Grenoble en mémoire du jeune Thomas tué à Crépol. © Joëll Kermabon – Place Gre’net
Le message du second communiqué ? « Soucieux de soutenir l’union des droites chère à notre parti, [nous avons] fait le choix de retirer cinq de nos dix candidats en Isère ». Reconquête s’efface ainsi dans les première, sixième, septième, huitième et dixième circonscriptions. « Mais on ne veut pas non plus notre suicide collectif, il était hors de question que Reconquête ne présente aucune candidature, on l’a fait de manière intelligente », explique Marine Chiaberto.
La “zemmouriste” insiste sur le fait que le communiqué de Stéphane Blanchon a été émis « sans passer par le processus de validation interne du parti », et a été découvert « avec stupeur » par les militants.
Stupeur peut-être relative, puisque la militante indique que l’ambiance s’était déjà fortement dégradée depuis plusieurs jours, à la faveur des événements nationaux. Et Marine Chiaberto de s’étonner que Stéphane Blanchon n’ait pas présenté sa démission, alors « qu’il n’œuvre plus pour Reconquête depuis le 9 juin ».
Les candidats Reconquête en Isère : Bruno Lafeuille (deuxième circonscription), Isabelle Fassion (troisième circonscription), David Babut (quatrième circonscription), Béatrice Lacrouts (cinquième circonscription) et Salvador Vero (neuvième circonscription). Le parti d’Éric Zemmour se retire donc au profit d’Alexandre Lacroix (LR-RN) sur la première circonscription, d’Alexis Jolly (RN) sur la sixième circonscription, de Benoît Auguste (RN) sur la septième circonscription, d’Hanane Mansouri (LR-RN) sur la huitième circonscription et de Thierry Perez (RN) sur la dixième circonscription.




Une réflexion sur « Élections législatives : Reconquête Isère se déchire en interne sur fond de conflit Éric Zemmour – Marion Maréchal »
Il faut vite virer [modéré, propos insultants] Stéphane Blanchon qui n’a absolument rien fait pour la 9ème circonscription de l’Isère.
Ce monsieur a simplement voulu jouer au chefaillon et laissé les militants œuvrer pour lui sans aucune considération et en virant sur un seul appel téléphonique les personnes qui ne lui convenait pas.