EN BREF – Le Crif Grenoble-Dauphiné a adressé un signalement, vendredi 1er mars 2024, au parquet de Bourgoin-Jallieu, après la découverte sur les réseaux sociaux d’une publication relatant le festival “Call of Terror”, qui s’est tenu samedi 24 février, à Vézeronce-Curtin, dans le Nord-Isère. Une enquête pour “apologie de crimes contre l’humanité” et “provocation à la haine” a en outre été ouverte en début de semaine, au sujet de ce concert de black metal néonazi.
Le festival de National-socialist black metal (NSBM) “Call of Terror” s’est achevé samedi 24 février 2024, à Vézeronce-Curtin (Isère), mais ses organisateurs et participants n’en ont pas fini avec la justice. Après avoir découvert sur les réseaux sociaux une publication relatant le concert néonazi, le Crif Grenoble-Dauphiné a en effet adressé un signalement au parquet de Bourgoin-Jallieu, vendredi 1er mars, indique à Place Gre’net son président Hervé Gerbi, confirmant une information du Dauphiné libéré.
Photo d’un gobelet du Call of Terror, illustrant le post Facebook d’un participant qui raconte le déroulement de la soirée. © Facebook
La procédure s’appuie sur l’article 40 du code de procédure pénale, ajoute l’avocat grenoblois. Grâce à sa veille active menée sur les réseaux sociaux, le Crif a retrouvé sur Facebook un post, daté du 25 février, d’un participant au “Call of Terror”. Évoquant l’organisation et le son « très pro » de la soirée, celui-ci commente notamment les prestations des différents groupes de NSBM programmés : Leibstandarte, SPQR, Kataxu, et la tête d’affiche Graveland.
Un texte truffé de sigles et références notoires du milieu néonazi
Mais la publication est surtout truffée de références, chiffres et acronymes notoirement employés comme signes de reconnaissance au sein du milieu néonazi. « Je tiens à dire 88 fois merci et à 14 fois, toutes mes félicitations pour ce festival », écrit ainsi l’individu. Le nombre “88” – le plus illustre de la mouvance – renvoie aux lettres de l’alphabet “HH”, pour « Heil Hitler », tandis que “14” symbolise les « Fourteen words », les 14 mots d’un slogan suprémaciste blanc américain.
L’homme conclut enfin son post Facebook par « un grand SH aux camarades croisés ce [samedi] soir ». “SH”, soit l’acronyme de « Sieg Heil », le tristement célèbre salut hitlérien. Autant de sigles relevant du langage codifié qu’utilisent les néonazis du monde entier. Un contenu jugé « édifiant » par Hervé Gerbi et qui s’ajoute aux nombreux autres symboles associés à la soirée, comme le choix du 24 février, date anniversaire de la création du NSDAP, le parti nazi, en 1920.
Une enquête pour “apologie de crimes contre l’humanité”
Le président du Crif Grenoble-Dauphiné se félicite par ailleurs que les poursuites, ouvertes initialement « seulement pour “participation à une manifestation interdite” », aient été élargies à d’autres chefs d’accusation en début de semaine, « à la suite de [sa] réaction ».
Hervé Gerbi, président du Crif Grenoble-Dauphiné, a effectué un signalement au parquet et indique que l’organisation se constituera partie civile. © Florent Mathieu – Place Gre’net
Le parquet de Bourgoin-Jallieu a ainsi ouvert une enquête également pour “provocation à la haine ou à la violence à l’égard d’un groupe de personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée”, et “apologie de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité”.
L’enquête de flagrance a été confiée à la brigade de recherches de La Tour-du-Pin. « Je suis entré en contact avec le parquet et je lui ai confirmé que le Crif Grenoble-Dauphiné se porterait partie civile », le moment venu, précise Hervé Gerbi. Et ce, « en défense des intérêts de la communauté juive » iséroise, assène l’avocat.