REPORTAGE – Plus de 300 personnes ont défilé, lundi 12 février 2024 au soir, dans les rues de Grenoble, à l’occasion du 90e anniversaire de la grande manifestation antifasciste unitaire du 12 février 1934. Principale revendication des manifestants : le retrait de la loi asile et immigration. Ceux-ci ont également réclamé la régularisation de tous les sans-papiers et l’égalité des droits, tout en alertant sur la montée de l’extrême droite en France.
La date choisie était chargée de symboles pour cette manifestation grenobloise du lundi 12 février 2024, 90 ans, jour pour jour, après la grande marche antifasciste du 12 février 1934. Un « évènement historique », devenu un « marqueur politique fort » pour des générations de militants, au sein de la gauche et du mouvement ouvrier français, comme l’ont rappelé les orateurs successifs lors des prises de parole précédant le départ du cortège, rue Félix-Poulat.
Le 12 février 1934, près de 4 millions de salariés ont suivi l’appel à la grève générale lancée par la CGT et la CGTU, tandis que l’ensemble des syndicats et partis de gauche, dont les socialistes de la SFIO et les communistes du PCF, ont défilé côte à côte, dans toute la France, pour sauver la République. Une réaction massive aux violentes émeutes – perçues comme une tentative de coup d’État – des ligues fascistes du 6 février 1934.
La mobilisation unitaire du 12 février 1934, exemple à suivre
La manifestation parisienne, qui a vu les deux cortèges originels se rejoindre pour rassembler environ 100 000 personnes, place de la Nation, a particulièrement marqué les esprits. Cette mobilisation unitaire, survenant dans un contexte de profondes dissensions à gauche, entre socialistes et communistes, est ainsi largement considérée aujourd’hui comme l’acte fondateur du Front populaire.
Si la menace fasciste actuelle n’est objectivement pas équivalente à celle des années 1930, plusieurs militants des organisations appelant à la manifestation grenobloise (syndicats étudiants, de salariés et de travailleurs sans-papiers, associations, collectifs, partis de gauche et d’extrême gauche…) ont néanmoins fait référence à la démarche unitaire du 12 février 1934. Un impératif, selon eux, pour « contrer la montée de l’extrême droite ».
Des militants de plusieurs organisations ont pris la parole avant le départ du cortège, rue Félix-Poulat, à l’instar de Robinson Rossi, pour l’UEG. © Manuel Pavard – Place Gre’net
« Comme il y a 90 ans, faisons serment de résister plus fort que toutes les ligues fascistes. Nous avons cette force », a ainsi lancé au mégaphone Robinson Rossi, secrétaire de l’Union étudiante de Grenoble (UEG), sur les marches de l’église Saint-Louis. « Maintenant, nous les dégagerons définitivement et c’est pour ça que nous gueulons (sic) “Grenoble antifa” », s’est-il exclamé, voyant le slogan scandé par les quelque 300 personnes rassemblées rue Félix-Poulat.
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2 réflexions sur « Grenoble : 300 manifestants contre la loi immigration, pour les 90 ans de la marche antifasciste unitaire du 12 février 1934 »
La fachosphère Islamo-gauchiste ? 🤔
La réalité en 2024 à Grenoble, est que le fascisme est d’extrême gauche.
Pier Paolo Pasolini l’avait prévu : « Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle anti-fascisme. »