FOCUS – Près de 80 spectacles seront à l’affiche de la MC2 au cours de la saison 2023 – 2024, à partir du 17 septembre. Une saison présentée comme une « olympiade culturelle ». Côté spectacles, elle sera marquée évidemment par une très grande diversité de propositions, théâtrales, dansées, circassiennes et musicales. Et impressionne déjà, rien qu’avec ce qui s’annonce d’ici la fin de l’année.
Le mal-être physique et mental dénoncé par les deux tiers des salariés ? Le conseil d’administration du 30 juin ? Arnaud Meunier, directeur de la MC2, n’a pas parlé de ces deux sujets lors de la présentation de la saison 2023 – 2024 de la scène nationale, le 15 juin.
Pas de polémique ? Devant une salle comble, il a tout de même taclé l’absence d’informations venues du Conseil régional au sujet d’une possible subvention. « Nous aimerions avoir des nouvelles », a‑t-il glissé, s’attirant au passage quelques applaudissements. À ses côtés, Isabelle Martin-Leclère, secrétaire générale et directrice des projets de la MC2, et Emmanuel Quinchez, responsable de la programmation musicale.
Des centaines de personnes sont venues assister à la présentation de saison 2023 – 2024 de la MC2. Une salle comble comme la preuve d’un public toujours fidèle. © Martin de Kerimel – Place Gre’net
En pleine lumière, l’idée était d’abord, en deux heures chrono, de dérouler le programme à venir sur scène. Il sera d’une très grande densité et « placé sous le label Olympiade culturelle1programmation artistique et culturelle pluridisciplinaire qui se déploie de la fin de l’édition des Jeux précédents jusqu’à la fin des Jeux Paralympiques ». S’agirait-il d’aller encore plus vite, plus haut, plus fort ? Le programme cite plutôt Edgar Morin : « L’urgence est de retrouver le chemin de la poésie, de l’extase, de la convivialité, de la chaleur humaine ». Arnaud Meunier parle de « Métamorphose(s) ». Il met ainsi en avant « notre capacité de transformation, notre volonté de porter haut nos couleurs, notre priorité à la jeunesse, notre hospitalité envers les artistes étrangers ».
Le “cocktail” MC2 ? Du théâtre, de la musique, de la danse, du cirque…
Le tout début de la future saison démontre à lui seul un éclectisme assumé. Du 19 au 21 septembre, l’ouverture aura lieu avec (La)Horde, venue présenter Age of content. Un spectacle de trois artistes dont « l’écriture du mouvement se libère des carcans conventionnels ». Une reprise des codes du cinéma d’action et de la comédie musicale, des jeux vidéo et des chorégraphies TikTok. Et qui va jusqu’à s’inspirer de la cascade.
Non contente d’avoir dessiné un fil rouge brésilien sur sa saison 2023 – 2024, la MC2 accueillera l’une de ses légendes vivantes : le chanteur et guitariste Gilberto Gil, le 5 octobre 2023. © Kevin Davale
Le 1er octobre, l’ensemble Miroirs Étendus jouera un premier concert du dimanche autour des œuvres de David Bowie et John Cage. Avant un complet changement d’ambiance deux jours plus tard. Pour trois soirs, la MC2 proposera alors Péplum médiéval, un fabliau porté par « quatorze interprètes de haut vol ». Avec, dans le même temps, deux premiers temps forts brésiliens : Encantado, un spectacle de la chorégraphe Lia Rodrigues (3 et 4 octobre) et un concert du grand Gilberto Gil (5 octobre).
Comme lui, la MC2 accueillera quelques visages très connus du grand public. Le plus surprenant sera peut-être celui de Martin Fourcade. Accueilli en résidence de création, l’ex-biathlète pourra construire son premier spectacle, Hors-piste. Il tournera ensuite dans plusieurs autres grandes salles en France. Rendez-vous à Grenoble les 18 et 19 octobre.
La MC2 joue sur la corde classique et sur ses envies de surprendre
Et si le succès venait de l’hybridation des genres ? Les cinéphiles en jugeront le 24 octobre avec un ciné-concert d’Anne Paceo. Avec une harpiste et un pianiste, la batteuse jazz revisite un immense classique du documentaire muet : Nanouk l’Esquimau, de Robert Flaherty.
Plus conventionnel sans doute, un concert du 5 novembre associera les pianistes Marie-Josèphe Jude et Jean-François Haisser . En point d’orgue : le Sacre du printemps d’Igor Stravinsky. Ce sera la suite logique du concours international Olivier Messiaen, prévu pour durer trois jours jusqu’à la finale du 4 novembre.
Les audacieuses pièces du Franco-Argentin Copi débarquent à la MC2 grâce au Mustrum Théâtre. À (re)découvrir les 7 et 8 novembre avec 40° sous zéro, deux textes en un seul spectacle. © Darek Szuster
Pour une touche déjantée, Arnaud Meunier se réjouit d’accueillir le Munstrum Théâtre. Attendue les 7 et 8 novembre, cette compagnie « dépasse toutes les attentes et se déploie dans une démesure éblouissante », paraît-il. Il faut cela pour porter sur scène deux textes de l’Argentin Copi (1939−1987), réuni en un seul et même spectacle, 40° sous zéro. Changements de sexe et résurrection des morts à l’appui.
Côté folie douce, il faudra espérer des étincelles de Machine de cirque, le spectacle de la troupe québécoise éponyme, du 14 au 16 novembre. Youn Sun Nah pourrait également étonner, elle que la MC2 attend le 24 novembre et présente comme « l’ambassadrice du jazz coréen à Paris ». L’artiste enchaîne les disques d’or et évolue sur la scène internationale depuis vingt ans. « La fille de Séoul a surpris par ses reprises de Tom Waits, Mettalica ou Léo Ferré, et publié un album très personnel, entre folk, jazz et pop. Toujours sur le fil de l’émotion ».
Des spectacles grand format et d’autres intimistes
De l’émotion, il devrait y en avoir aussi du 6 au 8 décembre. Au programme : le Dom Juan de Molière revisité par David Bobée. Les premières images laissent en tout cas supposer un grand moment de théâtre. Arnaud Meunier assume avoir voulu renouer avec l’idée de fresque : la représentation dure deux heures quarante, sans entracte mais « sur un rythme effréné ».
Du haut de ses 88 ans, le Sud-africain Abdullah Ibrahim, lui, proposera un moment bien plus intimiste. Cette légende du jazz – et grande voix anti-apartheid – viendra pour la première fois à Grenoble, le 7 décembre, et sera seul au piano. L’occasion de découvrir ou de réentendre un classique comme Mannenberg, enregistré dès 1974 et hymne officieux de son pays.
Une fin d’année 2023 en forme de feu d’artifice. C’est ce qu’espère la MC2 avec Stéréo, un spectacle de Philippe Découflé, du 20 au 22 décembre. © Lahlou Benarimouche
La toute fin d’année 2023 s’annonce ensuite festive. La MC2 attend quinze comédiens et vingt musiciens dans une reprise de Chantons sous la pluie (13 et 14 décembre). Elle enchaînera avec une représentation de Casse-Noisette par l’Orchestre national de France (le 15). Suivront Oh Johnny, un hommage décalé à l’ex-idole des jeunes (19−21). Ce sera ensuite Stéréo, « un feu d’artifice d’humour, de virtuosité et d’énergie brute » imaginé par le chorégraphe Philippe Découflé (20−22). À peine le temps de refroidir : après les Fêtes, le premier lever de rideau est programmé le 9 janvier 2024.
Et en 2024, justement ?
La MC2 aura encore beaucoup de belles choses à montrer à son public, dès le début de l’année. Avec l’Orchestre de l’Opéra de Lyon, elle accueillera le chef japonais Kazushi Ono, entre autres pour Roméo et Juliette de Prokofiev (12 janvier).
Arnaud Meunier attend aussi beaucoup de Kery James, « poète du rap français » (les 26 et 27 janvier). Il se réjouit d’accueillir Gisèle Vienne, artiste associée, pour Extra Life, sa nouvelle création avec Adèle Haenel, les 31 janvier et 1er février.
Au fil des mois et des spectacles, il sera également possible (entre autres) d’applaudir l’Orchestre des pays de Savoie, la reprise de Candide ou la venue du violoniste Renaud Capuçon. Les amateurs de grand huis-clos devraient aussi apprécier Le Firmament, une pièce majuscule sur un jury populaire dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, avec douze femmes au plateau.
Autre option : retrouver Emmanuelle Bercot et Charles Berling dans Après la répétition et Persona, œuvres phares du Suédois Ingmar Bergman. Ou, côté danse contemporaine, assister aux représentations du diptyque Ulysse et Pénélope, du chorégraphe grenoblois Jean-Claude Gallotta.