FOCUS – Le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez estime que Stéphane Gemmani est allé trop loin en reprochant à la collectivité de refuser un état des lieux des potentiels abus sexuels dans les structures catholiques qu’elle accompagne financièrement. Une plainte pour diffamation a été déposée.
Pour le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez, cité par Le Progrès jeudi 29 juin 2023, le conseiller régional d’opposition Stéphane Gemmani a « dépassé les limites acceptables du débat public » et s’est rendu coupable de « diffamation publique ». En cause ? Un tweet de l’élu grenoblois, qui fustigeait le rejet de sa demande concernant le contrôle des établissements catholiques bénéficiant de subventions régionales.
Lors de la séance plénière du conseil régional Aura du 10 mars 2023, le conseiller régional Stéphane Gemmani, au nom du groupe d’opposition Socialiste & démocrate, avait mis en avant les (terribles) conclusions du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l’Église. Et avait demandé à la Région de vérifier que les établissements catholiques bénéficiant d’un soutien financier régional ne faisaient pas l’objet d’enquêtes judiciaires dans ce contexte.
Des propos qui « imputent une complicité », estime Laurent Wauquiez
Réponse… ou non-réponse de la collectivité. La vice-présidente de la Région Stéphanie Pernod avait joué la carte de l’indignation, en mettant en parallèle la question de Stéphane Gemmani et le retour dans l’assemblée de Samuel Arnaud, autre conseiller régional d’opposition… accusé d’agressions sexuelles sur mineures. Quand bien même l’élu avait été promptement renvoyé du groupe d’opposition socialiste dès la révélation de ces accusations. Stéphanie Pernod avait clos le débat en indiquant que les questions orales faisaient l’objet de réponses écrites.
À la fin du moi de mai et faute de réponse, Stéphane Gemmani avait remis une pièce dans la machine en dénonçant « l’omerta » de la Région sur les abus sexuels dans l’Église. De quoi agacer l’exécutif régional, qui a finalement adressé un courrier à l’élu… pour lui indiquer que sa question « n’appelait pas de réponse », et qu’il n’était pas question de faire l’état des lieux demandé, « ce qui relèverait assurément d’une étrange conception de la justice ».
« Les subventions continueront donc à couler à flot en cette direction, afin de parfaire le clientélisme qu’a installé cette majorité depuis maintenant deux mandats. Les victimes, leur famille et toutes les personnes qui collatéralement ont été de près ou de loin touchées par ces faits de pédocriminalités, jugeront », avait réagi Stéphane Gemmani sur les réseaux sociaux.
De quoi mener Laurent Wauquiez à saisir le procureur de la République, en considérant que l’élu « impute à la collectivité […] une passivité, voire une complicité dans la commission de faits d’une gravité extrême ».
Stéphane Gemmani soutenu par Arnaud Gallais
Par voie de communiqué, le groupe Socialiste et démocrate conteste l’interprétation faite de la prise de position de Stéphane Gemmani, et défend une proposition d’état des lieux « avant-gardiste ». « Porter cette proposition dans l’hémicycle ne mérite pas une poursuite en justice. Nous dénonçons cette décision du président de Région qui coupe court à toute discussion sur ce sujet d’une importance cruciale et apportons tout notre soutien à M. Stéphane Gemmani », déclare encore le groupe.
Le conseiller régional d’opposition n’a pas manqué, pour sa part, de partager sur les réseaux sociaux une vidéo TikTok, dans laquelle Arnaud Gallais lui apporte son soutien et demande à Laurent Wauquiez de retirer sa place. « Un peu de décence, soyez du bon côté, soyez du côté des victimes, soyez du côté des enfants ! », tance le fondateur des collectifs BeBrave France et Prévenir et protéger, en lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants.