EN BREF – Un nouveau rassemblement d’enseignants mobilisés contre « la casse » de la voie professionnelle a eu lieu mardi 10 janvier 2023 devant le lycée André-Argouges à Grenoble. À l’origine, un comité inter-établissements de l’agglomération de Grenoble soutenu par une intersyndicale. Une forme de prélude avant les journées de grève des 17 et 19 janvier lancées rrespectivement par la FSU et par l’ensemble des syndicats français contre le projet de réforme des retraites présenté par Élisabeth Borne.
Après la mobilisation du 18 octobre 2022 contre la réforme de la voie professionnelle et deux autres actions – l’une devant le lycée Argouges, l’autre lycée Louise-Michel – un nouveau rassemblement a eu lieu mardi 10 janvier 2023 à 18 heures devant le lycée André-Argouges à Grenoble.
Ainsi, à l’appel d’un comité inter-établissements isérois soutenu par une intersyndicale1CGT, CNT 38, FO, SGEN-CFDT, SNACL, SNES-FSU, SNUEP-FSU, Sud éducation 38, Sud LDC éducation et Unsa éducation., une cinquantaine d’enseignants se sont-ils retrouvés devant l’établissement pour des prises de paroles autour d’un vin chaud et de quelques friandises.
Une manière pour les enseignants de marquer une nouvelle fois leur opposition au projet de réforme de la voie professionnelle portée par Carole Grandjean, ministre déléguée à l’Enseignement et à la formation professionnelle. Une réforme prévue pour la rentrée 2023 – 2024, qui inquiète les professeurs pour leur statut et les élèves pour la qualité de leur formation.
Ce rassemblement était aussi, et plus largement, une forme de prélude à la journée de grève annoncée pour le 17 janvier par le syndicat FSU dans l’Éducation nationale. Et au mouvement lancé par l’ensemble des syndicats français contre la réforme des retraites présentée le même jour par la première ministre, Élisabeth Borne.
Une réforme marquant « un retour en arrière vers le XIXe siècle »
« Il n’y a eu aucun recul du gouvernement sur son projet de réforme de la voie professionnelle, nous n’avions aucun raison de baisser les bras et de renoncer à notre combat », explique Rémi Adam, enseignant au lycée Vaucanson, représentant également le comité inter-établissements.
Principalement en cause dans cette réforme, le maintien et le renforcement de l’apprentissage au détriment des heures d’enseignement dédiées aux matières générales et professionnelles. Ainsi, estiment les manifestants, les élèves deviendront-ils « de la chair à patrons » avec notamment une augmentation de 50 % de la durée des stages en entreprises.
« À travers cette réforme, il y aura plus de choses à apprendre sur un temps plus restreint car il y aura plus de stages, les autres matières se trouveront reléguées au second plan, déplore un élève du lycée Argouges. Déjà qu’elles ne sont pas énormes dans la filière professionnelle, elles vont se retrouver réduites comme peau de chagrin ».
Pour Rémi Adam, il s’agit là, tout comme pour la réforme des retraites, « d’un retour en arrière vers le XIXe siècle avec une attaque contre les classes populaires traduisant le mépris social du gouvernement ». Ceci étant, bien que des réunions de concertation aient eu lieu, « il n’en sortira rien de bon et nous savons déjà à quoi nous attendre, cela fait juste gagner du temps au gouvernement », augure Rémi Adam.
Les lois de Jules Ferry bafouées selon un enseignant
« Nous sommes en charge de la jeunesse et là, nous voyons qu’une fois de plus elle est sacrifiée. Les lois de Jules Ferry avaient pour but de protéger les enfants du monde du travail. Aussi, rallonger les durées de stages au détriment de la culture générale est-il particulièrement odieux », estime pour sa part Joël Morlighem, enseignant au lycée Stendhal venu soutenir ses collègues de la filière professionnelle.
S’il y a eu peu de prises de parole sinon celle de l’organisation, la cause reste entendue pour le comité inter-établissements. « La réforme des lycées professionnels, ce seront des entreprises qui iront faire leur marché dans l’Éducation nationale et ouvrir leur petit commerce, il n’y a aucune raison d’accepter ça », a conclu au mégaphone Rémi Adam.