FOCUS – Lieu culturel atypique, le Théâtre Prémol défend une ligne artistique exigeante au cœur du Village olympique de Grenoble. Au programme en cette fin d’année : un spectacle inspiré des œuvres d’une poétesse née à Odessa au XIXe siècle. De quoi poursuivre avec force une saison 2022 – 2023 bien remplie et qui devrait réserver de beaux moments jusqu’en juin prochain.
Êtes-vous déjà allé au Théâtre Prémol ? L’accueil y est toujours chaleureux. Pas besoin d’être un habitué : avant le début des représentations, un verre et quelques friandises sont offerts à tous ceux qui viennent assister au spectacle. Il arrive même que les artistes prennent le temps d’échanger avec eux pour leur présenter leur travail.
Un esprit généreux lié à la directrice des lieux, Élisabeth Papazian. Sa volonté : s’adresser aux fins connaisseurs comme au public profane. Et attirer les Grenoblois qui trouvent le site trop éloigné du centre-ville ou hésitent à pousser la porte de ce lieu atypique ! Son credo : le théâtre est là aussi pour être un lieu d’accueil et apporter du réconfort à ceux qui en ressentent le besoin. Une certaine idée du partage et de la chaleur humaine.
Un théâtre qui veut donner sa chance à tous les artistes
La programmation, elle, mélange toujours les compagnies expérimentées et les artistes professionnels encore en devenir. Du jeudi 24 novembre au dimanche 27 novembre, la scène accueillera Je peux…, un spectacle qui reprend une sélection de textes d’Anna Akhmatova, poétesse née en Ukraine en 1886 et qui vécut ensuite en Russie, à Moscou et Saint-Pétersbourg. De quoi faire écho à l’actualité…
Pourquoi ce choix ? « À l’heure où les bombes tombent sur Kiev, l’œuvre d’Akhmatova résonne comme un témoignage et un avertissement envoyé à tous les peuples du monde », explique la direction du théâtre Prémol. Le spectacle promet ainsi d’être le point d’orgue de cette fin d’année 2022, avec en prime deux répétitions ouvertes au public les 22 et 23 novembre à 14 heures. Pas de surprise sur ce point : chaque compagnie accueillie à Prémol assure un temps de médiation hors spectacle.
Ce sera le cas de L’Élan, compagnie qui organise un stage d’écriture et de théâtre sur plusieurs week-ends. Elle proposera ensuite son spectacle les 3 et 4 décembre. Margaux Lavis – comédienne épatante et habituée des lieux – y joue le rôle unique de La Goutte, la maîtresse et l’abribus, sous la direction de l’auteur, Antoine Quirion. Bien des trentenaires pourraient se reconnaître dans cette histoire de professeur débutante en plein doute existentiel.
Un théâtre choisi aussi pour questionner le public
Plombants, les spectacles du Théâtre Prémol ? Non, ils seraient plutôt profonds, destinés à faire réfléchir, et touchants, à l’image d’Illusions, qui a ouvert la saison en octobre. Parfois musicaux aussi, pour varier les plaisirs. Un exemple parmi d’autres : Le Chant des coquilles Saint-Jacques dans la rade de Brest, programmé à la mi-janvier 2023.
La Compagnie des Sept Familles est une valeur sûre de ce type de créations hybrides et parfois un rien déjantées. Mais Prémol a bien d’autres propositions prometteuses en rayon, notamment pour le public familial.
Côté jeunes talents, Elisabeth Papazian met en avant Baptiste Lochon, jeune homme qu’elle a connu comme animateur à la MJC voisine. Isérois, l’artiste revient chez lui pour deux semaines de travail, à partir du 29 mai 2023. Une “carte blanche” qu’il fera suivre d’une sortie de résidence le 10 juin.
D’ici-là, les 20 et 21 mai, une autre curiosité devrait valoir le détour : Demain, une fenêtre sur rue, un texte de Jean-Claude Grumberg adapté pour l’Axe de création. Chaque année, le Théâtre Prémol rassemble une troupe de jeunes gens motivés par la création d’un spectacle inédit, joué, dansé et chanté. Ils choisissent ensemble un fait d’actualité qui les touche particulièrement. En 2023, ce sera la guerre, mais aussi (et surtout ?) la résistance à l’oppression. De quoi probablement permettre au public de repartir avec des étoiles dans les yeux et une vraie belle énergie.