EN BREF – Le gérant d’une société de sécurité grenobloise a été mis en examen et écroué, vendredi 16 septembre 2022, pour blanchiment d’argent provenant du trafic de stupéfiants et abus de biens sociaux. Cet homme de 43 ans est accusé d’avoir détourné plus de 900 000 euros, notamment par le biais de fausses factures, et d’avoir employé fictivement deux trafiquants de drogue. Son ex-conjointe, également mise en examen, a quant à elle été placée sous contrôle judiciaire.
Il est accusé de blanchiment de fonds issus du trafic de drogue et d’avoir détourné plus de 900 000 euros. Le gérant d’une société de sécurité grenobloise a été interpellé, mercredi 14 septembre 2022, tout comme son ex-conjointe, par les enquêteurs de l’antenne grenobloise du Groupe interministériel de recherches (Gir) de Lyon et du service de police judiciaire (SPJ) de Grenoble, a annoncé ce jeudi 22 septembre le procureur de la République de Grenoble Éric Vaillant.
C’est le démantèlement, en 2021, d’un réseau de trafic de stupéfiants implanté dans le quartier de l’Alma qui a mis les policiers grenoblois sur la piste de cette société de sécurité. Lors de leurs investigations, ces derniers se sont en effet aperçus que le gérant employait « fictivement » dans son entreprise deux des trafiquants, tout en leur versant des salaires bien réels. Des faits constitutifs de blanchiment d’argent.
Des fausses factures au bénéfice de sociétés étrangères
Le parquet de Grenoble a donc décidé d’ouvrir une nouvelle enquête. Le Gir et le SPJ ont ainsi découvert « qu’entre 2018 et 2021, cette société de sécurité avait crédité les comptes bancaires personnels du président de la société et de son épouse de près de 370 000 euros », rapporte le magistrat. Une somme que le couple n’avait pas déclarée à l’administration fiscale et qu’il avait en grande partie retirée en espèces.
D’autre part, « l’enquête a mis à jour l’établissement de fausses factures au bénéfice de sociétés étrangères, qui ont permis à la société de sécurité d’évacuer près de 450 000 euros en 2020 vers des comptes bancaires étrangers », ajoute le procureur.
Achat d’un Porsche Cayenne et acquisitions immobilières
De nombreuses autres irrégularités, accablantes pour l’entreprise, ont été constatées. Parmi elles, plusieurs dépenses disproportionnées, comme l’achat d’un Porsche Cayenne d’une valeur supérieure à 100 000 euros – bel exemple d’abus de bien social. Sans oublier des biens immobiliers acquis à Grenoble et à Échirolles par l’épouse du gérant, malgré des revenus officiels normalement insuffisants.
« Les perquisitions réalisées ont permis de saisir plus de 76 000 euros sur les comptes bancaires du président de la société mais aussi en espèces, des bijoux et de la maroquinerie de luxe, ainsi qu’un véhicule de luxe utilisé par celui-ci mais immatriculé au nom d’un tiers », précise également Éric Vaillant.
Un « système de travail dissimulé »
Durant sa garde à vue, le mis en cause, âgé de 43 ans, a fini par expliquer « le système de travail dissimulé » mis en place au sein de sa société afin, selon lui, de « rembourser ses dettes de jeux ». Une combine bien rodée grâce à laquelle ce dernier a réussi à dégager près de 700 000 euros en trois ans.
L’homme a également détaillé « le véritable système de compensation financière qu’il avait mis au point pour rembourser ses créanciers en mettant à leur disposition des véhicules de luxe étrangers, payés par sa société et immatriculés aux noms de tiers afin de préserver l’anonymat de ces créanciers », indique le procureur.
« Cet authentique système de compensation effectué au préjudice de sa société caractérise l’abus de bien social, mais a également généré un préjudice fiscal et social évalué à ce stade à environ 600 000 euros », poursuit le magistrat.
Mis en examen pour blanchiment, blanchiment de trafic de stupéfiants et abus de bien social
Au terme de sa garde à vue, le gérant a été mis en examen, vendredi 16 septembre, des chefs de « blanchiment », « blanchiment de trafic de stupéfiants » et « abus de bien social », avant d’être écroué. Son ex-épouse, âgée de 42 ans, a elle aussi été mise en examen, puis placée sous contrôle judiciaire.
« La juge d’instruction poursuit les investigations pour définir exactement les contours et la matérialité des infractions reprochées aux mis en examen, qui sont présumés innocents jusqu’à leur condamnation définitive par une juridiction », conclut Éric Vaillant.