FLASH INFO – Une équipe scientifique internationale incluant Paul Tafforeau, chercheur à l’ESRF (European Synchrotron Radiation Facility), a découvert un cœur de poisson vieux de 380 millions d’années. La découverte, publiée le 15 septembre 2022, est de taille. En effet, celui-ci est le plus ancien jamais trouvé chez un vertébré.
Le poisson à mâchoires dont provient cet organe fossilisé a également fourni un estomac, un intestin et un foie en bon état. Si le spécimen provient de Gogo, un récif de l’Ouest australien, les images en 3D du cœur ont été réalisées à l’ESRF de Grenoble.
L’étude, publiée dans Science, a démontré que l’organisation des organes dans le corps de ce poisson ancien était similaire à celle des requins modernes. Ce alors que le placoderme, poisson dont la tête est recouverte de plaques osseuses, a prospéré au cours de la période dévonienne. C’est-à-dire entre 419,2 et 358,9 millions d’années !
Cette découverte apporte un nouvel éclairage sur l’évolution des organes des vertébrés à mâchoires. Et, par là, sur l’évolution des mammifères et donc des humains.
Selon le professeur Kate Trinajstic, principal auteur de l’étude, on considère souvent l’évolution du vivant « comme une série de petites étapes. » Cependant, « ces anciens fossiles suggèrent qu’un grand saut évolutif a vu naître les vertébrés à mâchoires. Ces poissons ont littéralement leur cœur dans la bouche et sous les branchies – tout comme les requins aujourd’hui. »
L’un des co-auteurs de l’étude, Per Ahlberg, a par ailleurs souligné la rareté de la préservation des tissus en trois dimensions. En effet, selon lui, « la plupart des cas de préservation des tissus mous se retrouvent dans des fossiles plats, où l’anatomie molle n’est guère plus qu’une tache sur la roche ».
Il a également rappelé la « chance » de l’équipe. En effet, « les techniques d’imagerie modernes, comme celles de l’ESRF, permettent d’étudier ces tissus mous fragiles sans les détruire ». Sans les possibilités offertes par le Synchrotron, « il y a quelques décennies, le projet aurait été impossible ».
Pour en savoir plus sur le poisson de Gogo, des vidéos sont disponibles sur le site Scienceinpublic.