EN BREF – Dans une tribune publiée par Le Monde, des élus isérois et des directeurs d’Ehpad appellent l’État à revoir d’urgence le mode de financement des établissements publics d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Et l’accuse de ne guère mieux se comporter que le groupe privé Orpea, épinglé par Victor Castanet dans son ouvrage Les Fossoyeurs.
« Nous refusons d’être les fossoyeurs des personnes fragiles qui nous sont confiées. » Ainsi se conclut la tribune publiée vendredi 12 août dans Le Monde et signée par plusieurs figures politiques ou sociales iséroises. En cause ? Les moyens accordés par l’État aux Ehpad publics qui, selon la tribune, ne sont pas éloignés de la logique comptable dénoncée par Victor Castanet dans son ouvrage Les Fossoyeurs sur le groupe privé Orpea.
Les signataires isérois de la tribune ? Le maire de Pont-de-Claix (et président de la Métropole de Grenoble) Christophe Ferrari, et le maire d’Aoste Roger Marcel. Ainsi que le président du centre intercommunal d’action sociale (CIAS) du Trièves Jérôme Fauconnier et le directeur général du groupe (à but non lucratif) Itinova Tanguy Gouttenoire. Plus des directeurs d’Ehpad : Céline Péguillou (Aoste) et Stéphan Peysson (Vif). Et l’infirmière coordinatrice de Mens Cécile Voelklin.
Des moyens massifs d’urgence pour les Ehpad
Les Fossoyeurs ont « mis en évidence l’effet catastrophique qu’une gestion principalement financière pouvait avoir sur la prise en charge des résidents d’Ehpad », selon la tribune. Mais si « beaucoup se sont émus du cynisme d’un secteur privé prêt à réaliser des profits au détriment de la santé des personnes », le texte juge qu’il n’est « pas certain que l’État soit beaucoup plus vertueux ».
Les signataires jugent, en effet, que l’État « se contente d’annonces qui s’imposent aux établissements, sans leur donner les moyens de les mettre en œuvre ». Il serait ainsi très généreux avec l’argent des autres, comme lorsqu’il « annonce des augmentations de salaires » mais « oublie de les financer en totalité ». Ceci alors que les établissements publics font face à un « financement contraint » pour cause de recettes fixées par l’État (et les Départements), « bien en-deçà des besoins actuels des établissements ».
« Le seul levier pour ne pas mettre la clé sous la porte repose donc sur la diminution des dépenses », au risque de se tourner vers des pratiques reprochées à Orpea : « suppression des postes d’animateurs […], rabotage du coût des repas […], rationnement des fournitures de soins et, bien sûr, diminution du personnel ». C’est pourquoi la tribune appelle en urgence à « des moyens massifs et une refonte du financement pour nos Ehpad ».