FOCUS – En projet depuis 2014 et après deux ans de travaux, le musée archéologique du lac de Paladru (Malp) va ouvrir ses portes au public à compter du 7 juin 2022. Cet établissement sous appellation Musée de France expose près de 600 vestiges archéologiques remontés des profondeurs du lac, où certains ont reposé près de 5 000 ans. Qui étaient les occupants de ces rivages, comment vivaient-ils, quelles traces ont-ils laissées ? Autant de questions auxquelles le musée apporte un éclairage exceptionnel, du Néolithique au milieu du Moyen-Âge.
Le bâtiment du nouveau musée archéologique de Paladru en impose avec sa forme épurée, très contemporaine, évoquant une pirogue médiévale renversée dominant les eaux du lac, à moins d’une centaine de mètres de ses berges. En projet depuis 2014 et après deux ans de travaux, le bâtiment de 1 209 m²1Dont 614 m² de surface d’exposition., où il reste encore à régler les derniers détails, s’apprête à ouvrir ses portes au public à partir du 7 juin 2022.
Une ère nouvelle s’ouvre ainsi pour les collections archéologiques exceptionnelles découvertes sous les eaux du lac de Paladru. Et qui trouvent, dans cet écrin classé Musée de France prévu pour accueillir près de 20 000 visiteurs par an, « le lieu d’exposition qu’elles méritaient », estime pour sa part la direction du musée.
De fait, sous l’impulsion du service Patrimoine culturel de la Communauté d’agglomérations du pays Voironnais (CAPV), ce projet de 6 millions d’euros2Dont 2,6 pris en charge par le CAPV, 1,14 par l’État, 1,12 par la Région, 1 par le Département et 140 000 euros par Leader France. visait à conserver autant que valoriser ce patrimoine, en rassemblant 600 vestiges choisis parmi les quelque 20 000 remontés des profondeurs pour les offrir au plus grand nombre.
« Des choses exceptionnelles qu’on ne découvre pas dans le cadre de fouilles terrestres »
Les collections se voient ainsi exposées à l’intérieur d’un seul grand plateau ouvert, « conçu comme une métaphore du lac qui structure le propos en proposant aux visiteurs un instantané de la vie des habitants des rives du lac de la fin du Néolithique au milieu du Moyen-Âge, explique Isabelle Dahy, la directrice du musée. Le tout, poursuit-elle, avec des éléments de contextualisation qui permettent de comprendre et de mieux apprendre qui étaient ces gens et pourquoi ils étaient là. »
Dès l’entrée, la muséographie – « un vrai travail de dentelle », selon la directrice – plonge le visiteur dans une ambiance sonore faite de clapotis et de bruits de la forêt rappelant l’environnement naturel du site. Sous la transparence quasi aquatique des vitrines disposées le long d’un parcours thématique, figurent des objets très rares, certains en bois, d’autres en os ou encore en cuir. Autant « de choses exceptionnelles qu’on ne découvre généralement pas dans le cadre de fouilles terrestres », indique Isabelle Dahy. Ce grâce aux eaux du lac qui ont permis de préserver, durant des siècles, ces matériaux organiques mais qui, hélas, « une fois sortis de l’eau, se dégradent rapidement ».
D’où la nécessité de mesures de conservation rigoureuses s’appuyant sur différentes techniques innovantes. Dont celle élaborée par l’atelier de restauration Arc-Nucléart, spécialisé dans le traitement des bois gorgés d’eau. Celui-ci est intervenu au musée « pour stabiliser au mieux l’environnement climatique3Notamment l’hygrométrie et la température. pour que ces objets soient exposés dans un espace le plus stable possible », précise la directrice.
À découvrir, deux habitats des rives du lac de Paladru, du Néolithique au Moyen-Âge
Pour autant, les pièces offertes au regard du public ne sont pas la propriété du Malp. Le lac de Paladru est en effet un lac privé appartenant à une société civile immobilière (SCI) qui a fait le choix de donner l’ensemble des découvertes au Département de l’Isère. « L’essentiel des dépôts que nous proposons appartiennent au musée dauphinois, fait savoir Isabelle Dahy. D’autres nous viennent aussi du musée archéologique national de Saint-Germain-en-Laye ou encore du musée de Savoie. »
Le musée donne ainsi à voir « un instantané de l’état de la connaissance de deux habitats » : celui datant du Néolithique et celui de l’habitat fortifié de l’an mille, au milieu du Moyen-Âge. « Ce que nous proposons dans l’espace central, c’est “Il était une fois des gens qui s’installent sur les rives d’un lac du Dauphiné et qui repartent” », paraphrase Isabelle Dahy. Cependant, poursuit-elle, « qui étaient-ils, quel était le contexte culturel, historique et politique pour la partie médiévale et pourquoi sont-ils repartis ? »
Autant d’éléments abordés dans les parties latérales du musée, qui reviennent aussi sur l’interprétation de l’histoire racontée, quant à elle, sur l’espace central. « Nous y retissons une histoire archéologique un peu plus récente qui est l’archéologie de l’archéologie », se risque à résumer la directrice du musée. Entendez par là l’archéologie subaquatique, les techniques mises en œuvre et les conditions de conservation et de restauration de cet unique patrimoine dauphinois.
Un musée attendu depuis longtemps par les élus et la population
« Nous sommes un musée archéologique, un musée sur l’archéologie et sur le lac de Paladru, déclare Isabelle Dahy. Et nous expliquons comment, sur le temps long, l’Homme a investi le territoire et l’a fait évoluer jusqu’à redécouvrir le paysage que nous avons sous les yeux aujourd’hui. » Enfin, sur le plan pédagogique, le Malp se targue d’ouvrir un champ d’exploration inédit à l’éducation artistique et culturelle, menée en lien avec les établissements scolaires. « Nous nous réjouissons d’accueillir les enfants en ce nouvel espace d’émerveillement et de découverte », assure le musée. En font foi les animations destinées aux plus jeunes, disséminées le long du parcours ainsi que nous l’explique Isabelle Dahy.
« Les élus et la population attendaient ce musée depuis longtemps », se réjouit pour sa part Bruno Cattin, président de la CAPV. « Nous nous devions de constituer un bel écrin pour ces fouilles exceptionnelles, sachant qu’au début elles étaient à Charavines dans une petite salle qui ne permettait pas leur mise en valeur, rappelle-t-il. Aussi leur fallait-il un outil à la hauteur de l’enjeu, et je crois que nous y sommes parvenus. »
Une réflexion sur « Un nouveau musée accueille les exceptionnelles collections archéologiques du lac de Paladru »
Encore un équipement culturel local mal pensé, qui va être déficitaire, faiblement fréquenté car sa collection est insuffisante pour en faire un véritable pôle patrimonial et historique. Mais ce n’est pas grave les élus locaux sont contents, ils vont pouvoir inaugurer, être visibles dans les médias locaux, être président du bidule, et croire qu’ils conduisent une ambitieuse politique culturelle et patrimoniale…
Mais bon, nous avons les élus que nous méritons…