FOCUS – Toutes les grandes histoires ne s’écrivent pas forcément. Elles se racontent oralement aussi. Pour les comprendre, il suffit parfois de les écouter. Du 11 au 19 mai 2022, le festival des Arts du récit offre l’occasion d’en découvrir quantité de nouvelles dans toute l’Isère. Stephène Jourdain, la nouvelle directrice du Centre des arts du récit, nous met l’eau à la bouche.
« Le conte est une forme artistique. Il ne montre rien, mais fait jaillir des images dans l’esprit du spectateur », explique Stéphène Jourdain, la nouvelle directrice du Centre des arts du récit. De Grenoble à Vienne, en passant par Bourgoin-Jallieu, toute l’Isère vivra au rythme de ces contes du 11 au 19 mai, dans le cadre du festival des Arts du récit.
Si pour l’instant, ce dernier reste cantonné au département isérois, il pourrait bien franchir ses frontières. « J’aimerais que le festival se fasse au niveau régional », explique ainsi Stéphène Jourdain. « Pour le moment, nous avons déjà fait des clins d’œil à Privas en Ardèche, mais j’espère faire des choses dans toute l’Auvergne-Rhône-Alpes. » Par contre, si l’expansion géographique du festival est au programme, c’est tout l’inverse au niveau de sa durée.
Des récits et histoires pour tous les goûts
Habituellement, le festival des Arts du récit durait trois semaines. Cette année, il est concentré sur une semaine. Pour autant, il n’y aura pas moins d’histoires présentées. « Le festival va proposer tous types de récits et d’histoires (ballades contées, contes musicaux…), avec une multitude de cibles et de lieux (parcs, bibliothèques, salles). » L’ouverture du festival se fera d’ailleurs en musique, Hélène Palardy revisitant avec sa guitare l’icone du rock Janis Joplin au Musée dauphinois, le mercredi 11 mai à 19 heures.
Le festival fait aussi la part belle au jeune public, qui aura des séances dédiées, notamment scolaires. Les enfants pourront notamment assister aux mille histoires des Contes du potiron de Frédéric Naud, le 14 mai à la bibliothèque du jardin de ville, ou au voyage d’une petite âme dans L’enfant qui est né deux fois par Mélancolie Motte.
Le credo du festival n’est pas forcément la nouveauté à tout prix. « Je ne veux pas aller voir les artistes en leur disant “présente-moi absolument ta dernière nouveauté ». Je pense à tous les spectacles qui n’ont pas pu tourner à cause du Covid, ces deux dernières années. Il faut aussi donner une scène à ces spectacles, cette année, mais aussi dans celles qui viennent. »
TROIS QUESTIONS À STÉPHÈNE JOURDAIN, NOUVELLE DIRECTRICE DU CENTRE DES ARTS DU RÉCIT
Le format des Arts du récit est plus court cette année. Pourquoi ?
« Il est important que le festival soit concentré dans le temps, à la fois pour être visible et identifiable et pour garder l’attention des spectateurs, mais aussi pour faire quelque chose en rapport avec la taille et l’énergie de l’équipe. Par contre, il faut que ce festival vienne couronner une saison. Une saison que je m’attelle à mettre en place dès septembre prochain. »
L’interruption du festival imposée par la crise sanitaire aurait pu être l’occasion de le chambouler. Vous avez plutôt misé sur la continuité...
« Je ne change pas les choses pour les changer. Les choses qui font partie de l’ADN des Arts du récit depuis tout le temps et qui sont à la fois une spécificité et une force, j’entends plutôt les cultiver et les redéployer que de les changer. Par contre, il y a des choses qui me semblent moins pertinentes aujourd’hui, que je change sans aucun scrupule ni peur du changement. »
Autrice, journaliste, éditrice… Vos nombreuses expériences liées aux Arts du récit et aux Musiciens du Louvre vont-elles donner au festival une couleur particulière ? Une note plus musicale ?
« Effectivement, toutes ces expériences m’aident. Déjà au quotidien dans le centre, mais aussi sur le plan artistique. Je dirais que je m’inspire non seulement de mon expérience d’auteur mais aussi de mon activité d’éditrice. Pour autant, je ne crois pas qu’il y aura plus de musique qu’il y en avait avant. Beaucoup de conteurs mâtinent déjà leur spectacle de musique. Les spectacles juste avec la force du verbe sont de plus en plus rares. »