REPORTAGE VIDÉO - Le trio Barok des Barbarins fourchus a affronté un quatuor des Musiciens du Louvre lors d'une « Bataille baroque », ce samedi 4 décembre 2021 à la Salle noire. Une première collaboration en forme de « vendetta mélodieuse » entre deux familles de musiciens que tout semblait pourtant éloigner. Un grand écart décomplexé entre le rock et la musique baroque à l'aune des partitions des plus grands maîtres de ce genre musical.
« C'est un hommage à la musique baroque sous une forme dadaïste », résume malicieusement Sergio Zamparo, membre historique de l'extravagante compagnie grenobloise des Barbarins Fourchus. Lequel, un tantinet fébrile, s'apprêtait à la générale de la « Bataille baroque », une joute musicale en forme de « vendetta mélodieuses » opposant le Trio Barok1Sergio Zamparo (flûte traversière, épinette électrique), Pascal Billot (saxophone, guitare électrique) et Michel Teyssier (guitare électrique) des Barbarins Fourchus à un quatuor2Mario Konaka, Laurent Lagresle, Geneviève Staley-Bois aux violons et Aude Vanackère au violoncelle des Musiciens du Louvre lors d'un concert ce samedi 4 décembre 2021 à la Salle noire, « laboratoire » du groupe grenoblois.
Ce concert « décomplexé » autour de la musique baroque allait sceller une première collaboration entre deux familles de musiciens que tout pourtant semblait séparer, considérant leurs univers musicaux respectifs. « C'est très sympathique de mélanger les deux styles, confie Laurent Lagresle, premier violon du quatuor. Nous nous sommes tout de suite bien entendus. Ce n'est même plus du travail, c'est du pur plaisir !»
Au programme : des partitions de quelques-uns des plus grands maîtres de l'époque baroque, tels que Telemann, Bach, Boismortier ou encore Lully. Pour autant, pour sérieuse que soit la démarche, la loufoquerie n'était pas bien loin.
Une joute artistique baroque et loufoque déclinée en six manches
Le principe de ce tournoi musical ? Six manches animées par deux maîtres de cérémonie apportant au concert sa touche déjantée, marque de fabrique des Barbarins fourchus. L'arbitre du tournoi ? « Le comité musicologue ultra-fin (Cmuf), basé à Venise, qui prendra des décisions indépendantes et justes », ont cérémonieusement assuré Marc Zuber et Isabel Oed.
Le tout au service de la musique baroque, ne serait-ce, appâtent les protagonistes, que pour « la faire paraître vivante dans sa multiplicité et sa bigarrure ». Retour en images sur quelques séquences de la répétition générale à laquelle nous avons pu assister.
Jouer de la musique baroque transformée avec des sonorités contemporaines
Reste que ce grand écart entre musique actuelle et musique baroque pourrait interroger les aficionados des Barbarins fourchus. Comment ce groupe de rock est-il tombé sous le charme de la musique baroque au point de constituer un trio ? « Depuis nos débuts en 1992, nous avons toujours aimé naviguer entre différents univers musicaux. Là, c'est une approche de la musique baroque avec des instruments modernes », explique Sergio Zamparo.
Ce genre musical n'était d'ailleurs pas tout à fait étranger à certains des musiciens du groupe qui l'ont étudié avant d’explorer d’autres chemins comme le jazz, le rock, la chanson, l'électro, les musiques improvisée et du monde. « Ce plaisir et cette affection ont fait naître en nous le désir de jouer à nouveau de la musique baroque, tout en la transformant avec des sonorités contemporaines », indiquent les Barbarins fourchus, espérant bien pouvoir réitérer l'expérience.
Pouvoir faire tourner d'autres créations originales des Barbarins Fourchus
Au rayon des propositions, les Barbarins fourchus espèrent aussi pouvoir faire tourner d'autres créations originales. « Nous avons mené un travail intéressant sur Peek a Boo, un spectacle burlesque d'effeuillage avec la compagnie Chéri-Chéri », cite notamment Sergio Zamparo. Autre création en 2021, Satie's faction, un projet « électro, post-rock visuel » basé, on l'aura compris, sur l'univers fantasque d'Érik Satie, le génial compositeur des célèbres Gymnopédies.
Au titre des créations récentes, citons encore System, un projet du collectif Der Zoologe von Berlin issu des Barbarins fourchus. « C'est un projet à travers la musique électro, la poésie et le cirque auquel je suis personnellement attaché », précise Sergio Zamparo. Après, « nous avons toujours notre célèbre bal et bien d'autres choses encore », ajoute le musicien.
La Salle noire : un laboratoire dépourvu d'aides pour sa programmation
Dans l'ADN des Barbarins fourchus, la rencontre avec les gens. « C'est notre devise depuis le début et nous avions fait un gros travail avec les habitants du quartier Berriat lorsque nous étions au Théâtre 145 », se souvient Sergio Zemparo. « Depuis 2011, nous sommes à la Salle noire, toujours à proximité du quartier, mais d'une manière un peu différente. C'est devenu un laboratoire, en fait, », indique-t-il.
Comparée à Berriat, cette nouvelle localisation au cœur d'un quartier dortoir3Le groupe de bâtiments des anciens locaux de Cémoi, rue Ampère, beaucoup moins vivant, n'est pas évidente, constate le musicien. « Ce nouveau quartier est, il est vrai, un peu spécial mais nous maintenons toujours de bonnes relations avec nos voisins en continuant de mener des activités avec eux », se félicite Sergio Zemparo.
Pour ceux qui n'ont pas pu se rendre au concert de ce dernier samedi, il leur sera toujours possible de se rendre à la Salle noire ce dimanche 5 décembre à 17 h 30 pour assister à la « Bataille baroque ».