FOCUS – Le festival Les Arts du récit revient, du 10 au 25 mai, sur l’ensemble de l’agglomération. Le patrimoine oral y est richement représenté, avec des contes merveilleux de l’enfance et des histoires aux prises avec notre époque. Conteurs aguerris et nouvelles générations de raconteurs prouvent que cet art séculaire est plus que jamais vivace.
On dit que celui qui lira le livre des Mille et une Nuits de la première à l’ultime page mourra aussitôt le livre refermé car il aura vécu. Aussi riche en contes soit la programmation de cette 31e édition du festival Les Arts du récit, du 10 au 25 mai, nul risque de mort imminente pour le spectateur. Le plus grand danger étant, à la rigueur, de retrouver le plaisir perdu de s’entendre conter une histoire.
Comme à son habitude, le festival balaye largement le spectre des genres de conte, des plus traditionnels aux plus contemporains. Côté tradition, Les Mille et une Nuits incarnent sans doute avec le plus de force le pouvoir de la parole. Shéhérazade n’échappe à sa condamnation à mort par le sultan qu’en le maintenant en haleine, d’une nuit à une autre, par la grâce de ses récits. Layla Darwiche en propose cinq épisodes narrés dans des espaces grenoblois différents.
Le conte à la page
L’une des missions du Centre des Arts du récit, qui chapeaute le festival, est de conserver mais aussi de contribuer à renouveler le patrimoine oral du conte. Le travail que le Centre mène à l’année a d’ailleurs été salué puisqu’il a obtenu le label « Scène conventionnée d’intérêt national “Art et Création” ». Du même coup, il s’est offert un petit coup de jeune en renouvelant son identité visuelle (de manière réussie). Et, côté programmation, il continue de soutenir des propositions plus atypiques, voire même expérimentales.
L’oralité que suppose le conte n’exclut pas un véritable travail scénographique. Aussi Mélancolie Motte utilise-t-elle une piscine gonflable sur la scène. Dans La mer et lui (mercredi 23 mai à l’Espace 600), la jeune femme raconte l’histoire d’un capitaine à la retraite qui demande la mer en mariage. En acceptant, elle se coule dans un verre d’eau. D’où cette piscine-pataugeoire en guise d’accessoire extrêmement polyvalent.
Côté décor inventif et futé, le spectacle Bonhomme, de Julien Tauber, semble bien doté. Pour figurer le décor au sein duquel évolue le personnage (un bonhomme qui vit dans une boîte en carton sur le parking d’un centre commercial), Vincent Godeau – qui est aussi l’auteur du livre dont est tiré le spectacle – a imaginé une scénographie amovible, qui sert malicieusement le propos.
https://www.youtube.com/watch?v=Z‑Qg41SQppc
Les histoires d’amour
Parmi les fils rouges de cette édition ? L’amour, thématique universelle ultra-présente dans les contes. Mais, là encore, on retient deux propositions singulières qui abordent la chose par des chemins de traverse. Dans À mes amours (mardi 22 mai, à L’Odyssée d’Eybens), la comédienne Adèle Zouane fait la liste – amusée, émue, intime – de ses amours. Le jeu de la jeune femme apporte à ce monologue beaucoup de vie et de fraîcheur.
Plus politique est la séduction abordée par Jérôme Rouger dans Plaire, abécédaire de la séduction (vendredi 18 mai, au Grand Angle de Voiron). L’envie de plaire est déclinée de la séduction amoureuse à la séduction politique, qui façonne donc autant les individus que les sociétés dans leur ensemble. Le spectacle verse plutôt ici du côté de la fausse conférence drolatique pleine d’énergie.
Adèle Duminy
Infos pratiques
L’ensemble de la foisonnante programmation sur le site du festival Les Arts du récit.