FOCUS – Besoin de lumière en cette période hivernale ? L’exposition Bonnard, Les Couleurs de la lumière reste visible jusqu’au 30 janvier 2022 au Musée de Grenoble. Une riche exposition qui permet de plonger dans le processus créatif et l’univers de l’artiste de son enfance au Grand-Lemps au crépuscule de sa vie.
« Nous avons commencé à travailler sur ce projet juste avant le premier confinement. On imaginait vraiment cette exposition comme une sorte de cadeau que l’on ferait aux visiteurs, une fois sorti de cette sale affaire », se souvient Guy Tosatto. Le directeur du Musée de Grenoble évoque ainsi l’exposition dédiée à Pierre Bonnard, Les Couleurs de la lumière, réalisée en partenariat avec le Musée d’Orsay et encore visible jusqu’au 30 janvier 2022.
« Sorti de cette salle affaire », nous ne le sommes finalement pas encore. Mais contrairement à ses précédentes expositions, notamment celle consacrée à Morandi, le Musée de Grenoble n’est pas contraint de fermer ses portes. Et peut accueillir ses visiteurs dans des conditions (presque) normales, à condition de présenter un pass sanitaire et de respecter le port du masque et les gestes barrières.
Un parcours thématique autour des sensations
Pourquoi Pierre Bonnard ? « On l’associe au Midi de la France et au Canet, mais il a des racines dauphinoises par son père du côté du Grand-Lemps, une maison familiale qui a beaucoup compté dans sa vie, où il a commencé à peindre », rappelle Guy Tosatto. Pour qui cette exposition est aussi l’occasion de faire découvrir un peintre majeur du XXe siècle, dont le nom reste pourtant moins connu du grand public que d’autres.
Pour mieux appréhender son œuvre, Sophie Bernard, au Musée de Grenoble et Isabelle Cahn, au Musée d’Orsay, ont imaginé un parcours thématique plutôt que chronologique. Du Grand-Lemps à la lumière du Midi en passant par la capitale. Mais aussi de la peinture aux dessins… et à la photographie, à laquelle Bonnard s’essaya en amateur. En résultent des salles riches pour une exposition dense et pleine de surprises.
Le choix d’un parcours thématique répond au processus même de création de l’artiste, explique Sophie Bernard. « Ça permet de mieux comprendre comment son œuvre fonctionne. C’est une accumulation de sensations que Bonnard a vécues, notées, et a essayé de synthétiser dans chacun de ses tableaux. On voit que dix, quinze, vingt ans après, certains éléments reviennent dans ses œuvres », décrypte-t-elle.
De la lumière de l’enfance de Pierre Bonnard au crépuscule de sa vie
Bonnard, peintre de la lumière, représente aussi le vivant dans ses tableaux, avec un goût pour les compositions audacieuses. Quand ses personnages semblent quitter le champ de la toile, ou quand les corps se confondent à la matière ou aux couleurs. Guy Tosatto le confesse : il lui a fallu du temps pour distinguer l’humain dans le tableau Intérieur Blanc, un chef‑d’œuvre que le Musée de Grenoble possède pourtant… depuis 1933.
Le parcours entre les salles représente encore toute l’étendue de création de l’artiste, y compris au travers de créations de commandes. Pierre Bonnard ne manque alors pas de jouer la carte de l’ironie. Y compris lorsqu’il s’agit de représenter ses amis (voire bienfaiteurs) Bernheim, deux frères galeristes qui n’apprécieront que moyennement la façon dont l’artiste joue à les dépeindre.
La lumière et l’ombre ne font qu’un, et les tableaux de Bonnard peuvent aussi prendre des teintes plus moroses. Quand il s’agit de représenter un couple qu’un paravent sépare, chacun dans sa morne nudité. Ou quand il s’agit de se peindre lui-même, quitte à signer un autoportrait presque cruel, où l’artiste au crépuscule de sa vie se montre nu, chauve et malingre, dans l’encadrure étroite de la glace d’un cabinet de toilette.
Bonnard, Les Couleurs de la lumière
Au Musée de Grenoble jusqu’au 30 janvier 2022.
Ouvert tous les jours de 10 heures à 18 h 30, sauf le mardi et jours fériés.
Entrée 8 euros tarif plein, 5 euros tarif réduit.