FIL INFO – Cinq jours après l’incendie de l’entrepôt Richardson parti depuis un campement de Roms rue des Alliés à Grenoble, l’association Droit au logement (Dal) en appelle à la réquisition de logements vides pour un hébergement d’urgence. Aucune proposition de relogement n’aurait, du reste, été faite selon l’association Mme RueTabaga, alors que les occupants restants craignent d’être chassés.
Après l’incendie de l’entrepôt Richardson à Grenoble qui s’est déclenché dans un campement de Roms attenant, dans l’après-midi du samedi 20 novembre 2021, l’association Droit au logement (Dal) monte au créneau. Elle déplore ainsi un « double drame ». À la fois pour Richardson et « sa quinzaine de salariés au chômage technique ». ainsi que pour « l’ensemble des familles déjà précarisées qui vivaient sur ce camp ».
Malgré les circonstances, aucune solution d’hébergement d’urgence n’a été proposée aux personnes du camp, après le repli ponctuel organisé dans le gymnase Daudet durant le week-end. Gymnase que la Ville a fermé dès le dimanche soir. Rappelant que « chacun, chacune a le droit au logement, pérenne, digne et adapté à sa situation », le Dal enjoint ainsi les pouvoirs publics à s’atteler à la réquisition de logements vides, dont le nombre s’élève, d’après les militants, à 50 000 en Isère.
« C’est d’humanité, de solidarité, de justice sociale, d’application du droit dont ont besoin ces personnes, pas, comme le réclame de manière indigne et cynique monsieur Carignon, d’évacuation forcée !» proteste le Dal.
Une mise à l’abri au gymnase qui s’est mal passée
Des familles ont « tout perdu dans les flammes : vêtements, argent, papiers administratifs, objet de la vie courante », témoigne pour sa part l’association Mme RueTabaga œuvrant dans le champ de l’éducation populaire. Celle-ci s’est rendue, après l’incendie, sur le campement où une vingtaine de personnes sont retournées s’installer « sans électricité, ni lumière ».
Si la Ville et le centre communal d’action sociale (CCAS) ont bien ouvert un gymnase pour mettre rapidement les personnes à l’abri, dès le samedi soir, l’accueil sur place s’est plutôt mal passé, d’après les migrants. Vers minuit, l’alarme du gymnase s’est déclenchée, les sans abris se sont alors réfugiés dans leur voiture, quand d’autres ont décidé de repartir sur le campement.
Personne n’a souhaité revenir dans le gymnase quand le problème technique a été réglé. Et pour cause, « il faisait froid dans le gymnase parce que les portes avaient été laissées ouvertes, et avec les petits, cela a découragé les familles » explique l’une des salariés de l’association Mme RueTabaga.
Les personnes redoutent d’être chassées du campement
De retour sur le campement à moitié calciné, les sans abris s’inquiètent, à présent, de savoir combien de temps ils pourront encore y rester, car aucune proposition de logement ou d’hébergement d’urgence ne leur a été faite. Une place à l’hôtel a bien été proposée à un couple de personnes âgées, mais ils ont dû la refuser. La famille ne voyait pas comment « s’organiser pour [leur] apporter à manger ».
Personne n’est à présent en capacité de dire ce qu’il va leur arriver dans les prochains jours, ni les élus de la ville, ni le CCAS, ni la Métropole qui sont passés les voir, rapporte l’association Mme RueTabaga. Manquant pour l’heure de nourriture, de vêtements, et de beaucoup de choses… les sans abris peuvent compter sur la solidarité de quelques particuliers et de collectifs. Où sont les pouvoirs publics ? L’association Mme RueTabaga se le demande : « Depuis quatre jours, aucune distribution n’est organisée sur le lieu [du campement]».