FOCUS – Entre 600 et 1000 personnes ont défilé dans les rues de Grenoble, ce samedi 25 septembre 2021, en opposition au pass sanitaire. Une mobilisation en légère baisse pour cette onzième journée de manifestation. Gilets jaunes, bibliothécaires et gérants de cafés ont pris la tête d’un cortège comportant également un nombre conséquent de soignants. Avec moins de groupes politisés visibles, le défilé n’a cette fois pas connu les tensions des derniers samedis.
Les chiffres communiqués ont confirmé l’impression visuelle. Avec près de 600 manifestants selon la police, un millier d’après certains organisateurs, la onzième journée de mobilisation contre le pass sanitaire a connu un léger essoufflement, ce samedi 25 septembre 2021, à Grenoble.
Moins nombreux mais toujours aussi déterminés, les manifestants ont emprunté un parcours sensiblement différent des précédents. Parti de la place de Verdun, le défilé s’est en effet dirigé vers les quais de l’Isère en passant par la rue Lesdiguières et les boulevards Agutte-Sembat et Edouard-Rey, pour ensuite retourner place de Verdun via l’avenue Maréchal-Leclerc et la rue Hébert, avant de bifurquer dans le centre-ville pour s’achever rue Félix-Poulat.
« Contrôler n’est pas notre métier »
En tête de cortège, les gilets jaunes étaient suivis, quelques dizaines de mètres derrière, par les bibliothécaires et professionnels de bistrots, cafés et restaurants, défilant derrière une banderole commune. Le message, lui, était sans équivoque : « Contrôler n’est pas notre métier. »
« On n’est pas des flics », lance ce serveur grenoblois, qui refuse de donner son prénom et le nom et de son établissement, pour une raison aussi simple qu’évidente. « On n’est pas très strict sur le contrôle du pass », glisse-t-il, avec un clin d’œil. « Mais si ça se sait, on risque la fermeture administrative, c’est quand même cinglé ! »
S’il est dans la rue ce samedi, c’est parce qu’il « ne veut pas contrôler des clients ». « Et encore pire, virer des mecs avec qui on discute tous les jours au comptoir depuis des années », s’exclame-t-il. « Déjà humainement, ce serait compliqué mais en plus, les génies du gouvernement, ils ont pensé au mec bourré auquel on doit refuser l’entrée à minuit et qui va venir nous prendre la tête, quand ce n’est pas pire ? »
« Avec le pass, on exclut des usagers et on risque de se faire insulter ou agresser »
Un discours qui rejoint l’argumentaire des bibliothécaires grenoblois, en grève depuis plus d’un mois contre le contrôle du pass sanitaire dans les bibliothèques. « Nous, on n’est pas gréviste mais on a les mêmes problèmes qu’à Grenoble et on soutient les collègues grenoblois », confirme Léonie, contractuelle dans une bibliothèque d’une commune de l’agglomération.
« D’un côté, en contrôlant le pass, on exclut une partie des usagers, ce qui va à l’encontre de nos missions de service public », explique-t-elle. « De l’autre, on risque de se faire insulter et même parfois agresser par des usagers mécontents. » Pourtant, assure-t-elle, « la jauge à 49 personnes ne fonctionnait pas si mal. Ce n’était pas l’idéal, bien sûr, mais c’était sûrement la moins mauvaise solution. Pourquoi sont-ils revenus là-dessus ? »
GreLive ne participait pas à la manifestation et organisait un « rassemblement statique »
A côté des bibliothécaires, des gérants de cafés, des soignants, en queue de cortège, qui réclament « la réintégration des personnels suspendus » pour refus de vaccination, on trouve aussi des manifestants « lambdas ». Comme Céline, « anti-pass et contre le flicage généralisé et la perte des libertés, mais pas antivax ». Ou Yvon qui, lui, « n’acceptera jamais un vaccin expérimental destiné à engraisser les gros labos » et part dans une diatribe contre « les lobbys qui gouvernent le monde ».
Mais curieusement, peu de signes ou de banderoles d’organisations. Et on ne retrouve pas la tension flottant dans l’air certains samedis précédents. Extrême droite et extrême gauche sont peu visibles. Quant à GreLive, le collectif a indiqué sur les réseaux sociaux qu’il ne participait pas à la manifestation et organisait un « rassemblement statique », avec prise de parole, au même moment, place Victor-Hugo. Commentaire d’un vieux routier des manifs anti-pass : « Forcément, quand il n’y a pas trop d’orgas politisées aux idées opposées qui se côtoient, il y a beaucoup moins de tension. »