Manifestation contre la réforme Taquet à Grenoble le mardi 30 mars 2021. © Tim Buisson – Place Gre’net

Grenoble : les pro­fes­sion­nels de la petite enfance en grève contre le pro­jet Taquet

Grenoble : les pro­fes­sion­nels de la petite enfance en grève contre le pro­jet Taquet

FOCUS – Une cen­taine de per­sonnes se sont ras­sem­blées, mardi 30 mars place de Verdun à Grenoble, pour pro­tes­ter contre le pro­jet Taquet. Cette réforme qui porte le nom du secré­taire d’État chargé de la petite enfance sus­cite la colère des pro­fes­sion­nels depuis des mois.

Manifestation contre la réforme Taquet à Grenoble le mardi 30 mars 2021. © Tim Buisson – Place Gre’net

Manifestation contre la réforme Taquet à Grenoble le mardi 30 mars 2021. © Tim Buisson – Place Gre’net

« Nous, qui sommes sur le ter­rain tous les jours, on se rend bien compte qu’un enfant a besoin d’at­ten­tion, se désole Justine. Ce ne sont pas des chiffres ! » L’éducatrice de jeunes enfants qui exerce dans le Grésivaudan est venue mani­fes­ter place de Verdun à Grenoble avec sa col­lègue Catherine, auxi­liaire de pué­ri­cul­ture. Sur la pan­carte accro­chée à son cou, on peut lire : « Pas de bébés à la consigne ». Soit le nom du col­lec­tif à l’o­ri­gine de ce mou­ve­ment natio­nal.

Une cen­taine de per­sonnes ont ainsi fait le dépla­ce­ment ce 30 mars afin de pro­tes­ter contre le pro­jet de loi Taquet. Plus d’une tren­taine de mani­fes­ta­tions avaient lieu en même temps dans toute la France.

Manifestation des professionnels de la petite enfance à Grenoble mardi 30 mars 2021. © Tim Buisson – Place Gre’net

Manifestation des pro­fes­sion­nels de la petite enfance à Grenoble, mardi 30 mars 2021. © Tim Buisson – Place Gre’net

Les pro­fes­sion­nels des modes d’ac­cueil, en très grande majo­rité des femmes, craignent pour leurs condi­tions de tra­vail avec cette réforme. Et leur colère ne dimi­nue pas depuis que le secré­taire d’État Adrien Taquet l’a pré­sen­tée. En mars 2019, plus de 200 per­sonnes avaient ainsi déjà mani­festé place de Verdun.

De cinq à six enfants par professionnel

Le pro­jet Taquet pré­voit notam­ment de pas­ser le taux d’en­ca­dre­ment à six enfants qui ne marchent pour un adulte, au lieu de cinq. « Imaginez six enfants de quatre mois à l’heure du repas ! Ça demande une atten­tion par­ti­cu­lière », assure Marianne, édu­ca­trice de jeunes enfants sur Grenoble. Qui tient, elle aussi, une pan­carte avec sa col­lègue du centre com­mu­nal d’ac­tion sociale (CCAS).

Nathalie Uchet, déléguée syndicale CGT et Arezky Oussalah, représentant syndical départemental CGT service public. © Tim Buisson – Place Gre’net

Nathalie Uchet, délé­guée syn­di­cale CGT, et Arezky Oussalah, repré­sen­tant syn­di­cal dépar­te­men­tal CGT ser­vice public. © Tim Buisson – Place Gre’net

La charge de tra­vail sup­plé­men­taire va for­cé­ment peser sur les pro­fes­sion­nels, sou­ligne la CGT, à l’i­ni­tia­tive de ce mou­ve­ment. Un mou­ve­ment suivi par la CFDT, la FSU, FO, Sud et le tout nou­veau Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels de la petite enfance (SNPPE). « Avec la fatigue de tous les agents qui encadrent les enfants, il va y avoir un pro­blème de sécu­rité », pré­vient Arezky Oussalah, repré­sen­tant syn­di­cal dépar­te­men­tal CGT ser­vice public.

D’autant plus que la réforme risque de dimi­nuer le nombre de titu­laires, au pro­fit de sala­riés “volants”, qui tournent dans les éta­blis­se­ments d’ac­cueil. « On s’a­per­çoit que du per­son­nel en rem­pla­ce­ment n’est pas formé », rap­porte Nathalie Uchet du CCAS de Grenoble, en charge d’en­fants de deux mois et demi à trois ans, et par ailleurs délé­guée syn­di­cale CGT. 

Des direc­tions moins for­mées qu’auparavant

Les mani­fes­tants craignent éga­le­ment que les direc­trices soient moins bien for­mées. « On demande que les direc­trices aient une expé­rience pro­fes­sion­nelle en crèche de plu­sieurs années. Là, ce ne sera plus le cas », déplore Catherine, auxi­liaire de pué­ri­cul­ture au sein d’une struc­ture accueillant trente jeunes enfants.

Justine et Catherine travaillent dans une crèche dans le Grésivaudan. © Tim Buisson – Place Gre’net

Justine et Catherine tra­vaillent dans une crèche dans le Grésivaudan. © Tim Buisson – Place Gre’net

« C’est plu­sieurs années de for­ma­tion pour connaître l’en­fant et ses besoins, mais aussi ceux des familles, ajoute sa col­lègue Justine. S’il y a tou­jours plus d’en­fants avec moins de per­son­nel, on ne pourra pas faire notre tra­vail comme on l’entend. »

Leur éta­blis­se­ment a fermé ses portes mardi 30 mars au matin et accueille peu d’en­fants l’a­près-midi. L’occasion d’in­for­mer les parents. « Actuellement, je pense qu’il n’y a que les pro­fes­sion­nels qui sont au cou­rant de cette réforme », déplore Catherine. Qui sou­ligne que les parents res­tent plu­tôt com­pré­hen­sifs face à ce mouvement.

D’autant plus que la sur­face légale par enfant accueilli pour­rait pas­ser de 7 à 5,5 m2 dans les zones très den­sé­ment peu­plées. « Les bébés ne sont pas des sar­dines. Pas de bébés à la consigne », peut-on lire au feutre bleu sur le car­ton de Julie.

Moins d’a­na­lyse de pra­tique avec le pro­jet Taquet

Les pro­fes­sion­nelles béné­fi­cient en outre actuel­le­ment de deux heures d’a­na­lyse de pra­tique par mois. La réforme pré­voit de pas­ser à une demi-heure. « Ça va bais­ser en qua­lité, c’est sûr !, s’a­gace Marianne. Cela per­met aux équipes d’é­chan­ger avec une psy­cho­logue pour avoir du recul, pour trou­ver des solu­tions afin de mettre en place des moyens pour aider les enfants et les familles. »

La date limite de publi­ca­tion de l’or­don­nance est fixée au 7 juin 2021. D’ici-là, les pro­fes­sion­nels de la petite enfance espèrent obte­nir gain de cause auprès du secré­taire d’État.

Tim Buisson

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