REPORTAGE VIDÉO - Près d'une centaine de parents opposés au port du masque par les enfants à l'école se sont retrouvés ce samedi 28 novembre 2020 devant la préfecture de l'Isère. Un rassemblement organisé par le collectif Génération de demain Isère, pour qui cette décision relève du choix individuel de chaque parent et non de celui de l'État.
Ce samedi 28 novembre 2020 sur le coup de 10 heures, la place de Verdun avait des allures de kermesse scolaire. Partout, des enfants s'égayaient tandis que leurs parents, réunis en petits groupes, discutaient entre eux du port du masque à l'école. Sur les bancs publics alentours, des pancartes et des banderoles colorées et quelques pâtisseries “maison” pour les petits creux.
C'est ainsi qu'à l'appel du collectif Génération de demain Isère fraîchement constitué, près d'une centaine de personnes, en comptant parents et enfants, s'étaient donné rendez-vous devant la préfecture. Dans leur collimateur, l'obligation du port du masque à l'école imposé aux élèves dès l'âge de six ans.
Une mesure en vigueur depuis la rentrée des vacances de la Toussaint dont les parents contestent le bien-fondé. Les parents jugent en effet totalement injustifiée cette mesure sanitaire, au motif qu'elle « divise grandement la communauté scientifique ». Et qu'elle relève « en toute conscience » d'un choix individuel et non pas d'une décision « brute et unilatérale » de l'État.
La « balance bénéfices-risques » du port du masque pour les enfants en question
Cette contestation, qui a fait tache d'huile depuis Grenoble en passant par Varces jusqu'au Grésivaudan, vise à mettre à plat « la balance bénéfices-risques que représente une telle décision », explique Karine Pourret. Animatrice du mouvement, commerçante et mère d'un petit garçon, cette dernière estime que « le premier principe de la médecine est de protéger sans nuire » et que « cette situation ne peut plus durer ».
Génération de demain entend bien peser sur les pouvoirs publics en « essayant de se regrouper avec les différents collectifs" ayant manifesté le même jour en France, assure Karine Pourret, très déterminée.
Le tout en s'appuyant sur les arguments adressés au Premier ministre Jean Castex par 150 professionnels de la santé. Selon lesquels « le port du masque dès six ans à l'école peut nuire gravement à la santé des enfants ».
Des risques plus élevés d'auto-contamination
De quoi renforcer le collectif dans ses convictions, si besoin était. « Que penser des troubles liés au port d'un masque huit à dix heures par jour, des difficultés de concentration ? Sans oublier la peur de se faire gronder par les enseignants quand on le porte mal ? », questionnent les opposants. Qui évoquent, de surcroît, « des risques plus élevés d'auto-contamination et des incidences potentielles du port du masque sur l'apprentissage et le développement social ».
Quant à cette matinée, « c'est avant tout pour se rassembler, se connaître. Et aussi nous unir avec les parents ayant fait le choix de l'instruction en famille (IEF) qui risque d'être interdite dans le cadre de la lutte contre les séparatismes », nous confie Karine Pourret.
« Si l'instruction est obligatoire, l'école, elle, ne l'est pas ! »
Dans la petite foule, Philippe, père de deux enfants de 9 et 11 ans se décrit comme « un papa qui fait l'école à la maison ». Selon lui, les parents qui ne veulent pas du masque à l'école pour leurs enfants font le choix de les déscolariser « parce que, si l'instruction est obligatoire, l'école, elle, ne l'est pas ! » Philippe fait partie d'un collectif « encore trop méconnu », regrette-t-il, dont les membres se rencontrent souvent.
« Nous allons dans les parcs, les musées, on fait du vélo... En revanche, chaque parent fait l'instruction de ses enfants. Ce ne sont pas d'autres parents qui font classe », précise le jeune homme.
Philippe, qui estime être dans son bon droit, verrait dans l'interdiction de l'IEF une atteinte à la « liberté pédagogique des familles ».
Quel est le ressenti des autres parents qui, eux, ne contestent pas le port du masque pour leur progéniture ? « C'est souvent, “je ne sais pas, je ne me suis pas renseigné. On m'a dit que c'était important, donc je suis les instructions” », rapporte Karine Pourret. Avant de préciser que d'autres écoles alternatives comme Montessori ou Steiner pourraient rejoindre la démarche du collectif. « Elles ont sans doute une sensibilité sur ce sujet », conclut-elle.
Joël Kermabon