FOCUS – Pierre-André Juven, adjoint à la mairie de Grenoble en charge de la santé, a dévoilé un plan solidarité et confinement pour accompagner les Grenoblois dans les prochaines semaines. Comme en mars dernier, la Ville souhaite assurer la sécurité sanitaire des habitants et maintenir de la solidarité, notamment pour aider les plus fragiles.
« Le confinement était inévitable compte tenu de l’évolution de l’épidémie, spécialement en Auvergne Rhône-Alpes », analyse Pierre-André Juven. Un deuxième acte donc, après ce qu’il faut désormais appeler le premier confinement, en mars dernier. Et comme au printemps, la Ville de Grenoble se mobilise pour plus de solidarité.
Sauf que, cette fois-ci, elle doit composer avec des personnels eux aussi touchés ou suspectés d’être positifs. Les services de la Ville s’ajustent donc. « Il existe une plate-forme solidarité interne permettant à des agents qui travaillent dans des services moins mobilisés de venir en appui d’autres équipes plus sollicitées », détaille l’élu.
Un nouveau centre de tests en ville
La situation sanitaire reste particulièrement dégradée à Grenoble. Et la dynamique en cours ne laisse rien augurer de bon pour les prochains jours, avec à nouveau des opérations déprogrammées. Face à ce volet sanitaire alarmant, un laboratoire de tests va s’installer en ville. Reste à trouver un local pour accueillir le public dans le respect des gestes barrières.
« Il faut aussi voir les conséquences de cette maladie en matière de choc psychologique, de lien social et de précarité », ajoute Pierre-André Juven. Pour pallier ces conséquences, la Ville de Grenoble planche donc sur son plan solidarité et confinement. Un plan ayant vocation à s’affiner au fil du temps mais dont on connaît déjà les intentions principales.
Réactiver la solidarité durant le confinement
Tout d’abord, ce plan vise à lutter contre l’isolement, la solitude et la précarité. « Nous allons distribuer cent repas supplémentaires par jour pour le centre communal d’action sociale (CCAS) », annonce l’adjoint en charge de la santé. Les services de la Ville travaillent, en outre, sur l’ouverture d’un lieu « confinement et solidarité » durant le confinement pour assurer la distribution de nourriture mais aussi de vêtements à l’approche de l’hiver. Les équipes prospectent ainsi pour trouver un local.
Les actions de prévention et d’accompagnement dans les maisons des habitants vont également se poursuivre avec la présence de psychologues et d’écrivains publics.
Comme lors du précédant confinement, la Ville entend aussi porter une attention particulière aux aînés afin d′« éviter qu’ils ne tombent dans la solitude ». Ce, même si le gouvernement a d’ores et déjà annoncé que les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) resteraient ouverts. Le lien ne pouvait en effet s’opérer que grâce aux équipements numériques au printemps, ce qui s’est révélé insuffisant pour la plupart des résidents.
La Ville entend également lutter contre les violences, notamment conjugales. De fait, elles avaient augmenté de près de 30% en mars dernier. Plusieurs logements d’accueil vont donc ouvrir avec, en parallèle, une amplification des actions de communication et d’information en concertation avec les associations grenobloises.
La plateforme voisins/voisines, qui avait fermé après l’été pour des raisons juridiques concernant la protection des données personnelles, pourrait même être relancée. Avec le même leitmotiv : « prendre soin les uns des autres ».
Soutenir la culture coûte que coûte
« Il ne faut pas confiner nos imaginaires », insiste, philosophe, Pierre-André Juven. Il faut dire que le secteur de la culture souffre depuis mars, avec des concerts, spectacles ou festivals en suspens. Le festival ciné-montagne se déroulera donc uniquement en ligne, avec une diffusion des événements sur TéléGrenoble et le site Internet du festival. Les organisateurs ont ajusté plusieurs fois la formule pour s’adapter aux contraintes sanitaires. En espérant qu’ils n’aient plus à modifier leur formule pour cette édition 2020 décidément complexe.
La Ville de Grenoble souhaite également accompagner les librairies, soumises à la fermeture, ce qui n’a pas manqué de susciter la polémique. La nomenclature ne les classe en effet pas comme des commerces essentiels. Mais l’enseigne Fnac Darty reste par exemple ouverte*. Sans parler des géants de la livraison comme Amazon. Les bibliothèques municipales vont ainsi proposer un service de “drive”. Il sera possible de réserver un livre en ligne ou au téléphone, puis d’aller le récupérer sans entrer dans le bâtiment.
Enfin, la mairie pourrait réitérer son action : Fête comme chez vous. Une série de publications sur la page Facebook de la Ville pour « continuer de se cultiver, de partager et de se rencontrer ». L’initiative avait d’ailleurs rencontré un certain succès.
Associer les citoyens au processus décisionnel
En octobre, la municipalité grenobloise a lancé un comité de liaison citoyen afin d’associer les Grenoblois au processus décisionnel. « C’est fondamental d’avoir ce dispositif. La Ville ne peut pas avoir toutes les informations en ce qui concerne toutes les situations de vie des habitants. C’est un relais direct », veut croire Pierre-André Juven.
Composé de 138 citoyens et de 30 représentants d’associations, sa première réunion se tiendra le 7 novembre. Le comité se prononcera alors sur les décisions de la Ville mais uniquement à titre consultatif. La mairie entend, grâce à ce dispositif, prendre des « décisions plus éclairées ». Et ainsi contrecarrer le manque de concertation reproché au gouvernement lors de la première vague.
Tim Buisson
- La Fnac a finalement annoncé ce vendredi 30 octobre qu’elle fermait son rayon librairie.