REPORTAGE VIDÉO - Une centaine de soutiens aux jeunes majeurs étrangers ont manifesté devant le local de campagne d'Éric Piolle, ce samedi 20 juin 2020 vers 17 heures. En cause ? Le refus opposé par la Ville de Grenoble à l'installation d'un campement sur le parvis du musée. L'objectif de l'opération ? Donner plus de visibilité à la lutte de ces jeunes qui réclament encore et toujours « un toit, une école et des papiers ».
Ce samedi 20 juin 2020, partout dans le monde, de nombreux rassemblements ont célébré la Journée mondiale des réfugiés. À Grenoble, une manifestation était organisée en début d’après-midi au départ de la place de Verdun (cf. encadré). L'occasion pour des collectifs et associations de marteler leurs revendications.
À savoir, la régularisation des sans papiers, un logement pour tous et la fermeture des Centre de rétention administrative (CRA). De son côté, le Collectif jeunes majeurs, soutenu par l'association Droit au logement de l'Isère (Dal 38) et de nombreux collectifs et associations, avait prévu de manifester en installant un campement sur le parvis du musée de Grenoble.
L'objectif ? Donner de la visibilité, avec ce camp installé 24 heures sur 24, à la situation de ces jeunes en lutte depuis près d'un an. Que réclament-ils ? Encore et toujours « un toit, une école et des papiers ». « Des droits bafoués par la préfecture et le Département de l'Isère », fustigent à l'unisson leurs soutiens.
Une manifestation autorisée par la préfecture mais refusée par la Ville de Grenoble
Rien ne s'est toutefois passé comme prévu. Bien que la préfecture de l'Isère ait autorisé une manifestation statique du samedi 20 au samedi 27 juin sur l'esplanade François Mitterrand, elle restait conditionnée à l'accord de la Ville de Grenoble. Laquelle, considérant que les conditions de sécurité, d'hygiène et la réglementation en vigueur – notamment en regard du Covid-19 – n'étaient pas réunies, leur a opposé une fin de non-recevoir. Non sans réaffirmer, par voie de communiqué et sur place, son soutien aux « revendications relatives aux personnes migrantes.».
Ce qui n'a pas eu l'heur de satisfaire les manifestants, lesquels ont illico mis le cap sur le local de campagne de la liste d'Éric Piolle, Grenoble en commun. La suite en images.
Joël Kermabon
LES SANS-PAPIERS ET LEURS SOUTIENS ONT MANIFESTÉ PLACE DE VERDUN
"Qu'est ce qu'on veut ? Des papiers ! Pour qui ? Pour tous ! Pour quand ? Maintenant !" Tel était le message repris en chœur par les participants, réunis ce samedi 20 juin, à l'occasion de la journée internationale des réfugiés. Rassemblés place de Verdun à Grenoble, collectifs, familles de migrants et jeunes mineurs isolés ont réclamé, une nouvelle fois, la régularisation de tous les sans-papiers et migrants.
"Quand on n'a pas de papier, on n'a pas le droit de travailler, ni de se loger. C'est une catastrophe humanitaire pour ces personnes", alerte Jo Briant, militant associatif inusable pour la cause des migrants.
"La France doit prendre exemple sur des pays d'Europe, comme le Portugal ou l'Italie qui ont décidé de régulariser temporairement des sans-papiers pour les protéger pendant la crise sanitaire", exhorte-t-il. Avant de préciser : "Mais, nous, on demande une régularisation pérenne !"
Bien qu’elle ne compte plus le nombre de manifestations auxquelles elle a participé, Marie-Thérèse Lloret, présidente du collectif de soutien aux réfugiés algériens, se bat toujours pour améliorer le sort des migrants. « Des familles, des migrants sont venus trouver refuge à Grenoble, raconte-t-elle. Ils vivent ici depuis des années, se sont construits une vie. Leurs enfants ont grandi ici, mais ils n’ont pas de papiers et sont terrorisés à l’idée de recevoir une OQTF [obligation de quitter le territoire français, ndlr]. Ils travaillent, oui, mais au black et se font exploiter. C’est insupportable ! Personne n’est illégal sur cette planète", s'insurge-t-elle.
"Le confinement a aggravé leurs conditions de vie"
"La situation des enfants de réfugiés est scandaleuse", déplore, pour sa part,
l'intersyndicale RESF 38, CGT, CNT, FSU, Sud éducation. "Le confinement a aggravé leurs conditions de vie, tant du point de vue scolaire qu’alimentaire", ont-ils témoigné sur la place Verdun.
Les militants exigent aussi que l’État et l’Éducation nationale se conforment à la Convention internationale des droits de l'enfant. Ils soulignent que ces enfants ont notamment besoin de stabilité car leur scolarité est fortement mise à mal en temps ordinaire, du fait que les familles sont ballottées d'un hébergement à l'autre.
« Nous exigeons un toit digne et stable pour nos élèves et leur famille : ce ne sont pas les logements vides ou les places en internat qui manquent !" affirment les représentants associatifs.
Des mises à la rue redoutées le 10 juillet
Les militants redoutent, dans l’immédiat, les mises à la rue de familles et d’enfants, avec la fin des hébergements hivernaux prolongés au 10 juillet dans le cadre de la crise sanitaire. Sur le plan scolaire, les militants appellent l’Éducation nationale à renforcer de toute urgence les moyens pour les dispositifs d'accueil des élèves allophones (Upe2a) et pour une inclusion en classe normale dans de bonnes conditions, avec du personnel en conséquence.
Les jeunes mineurs isolés ont également fait part de leur désarroi. Depuis 2017, le conseil départemental de l'Isère sous la présidence de Jean-Pierre Barbier (LR) a décidé de stopper net leur accompagnement dès lors qu'ils atteignent 18 ans, même s'ils démarrent une formation en vue d'accéder à un métier.
Séverine Cattiaux