REPORTAGE VIDÉO – La crise du coronavirus ne facilite pas la vie des personnes en situation de handicap. Alors que le port du masque se généralise, il est devenu un motif d’exclusion pour certaines d’entre elles. La solution pourrait être de se tourner vers un autre type de masque : le masque fenêtre. Ce qu’expérimente actuellement la Ville de Grenoble, en lien avec des associations de personnes malentendantes et sourdes.
Expérimentation des masques fenêtres à l’hôtel de ville de Grenoble. Au centre, l’élue Kheira Capdepon avec un prototype “fait maison”. © Julien Morceli – Place Gre’net
« Ils ne coûtent rien à fabriquer et sont très simples à faire ! », assure Kheira Capdepon, l’adjointe déléguée aux personnes âgées et à la politique intergénérationnelle de la Ville de Grenoble. L’élue a donc décidé de se lancer dans la fabrication de masques fenêtres, laissant apparaître la bouche par transparence.
De quoi faciliter la vie des personnes handicapées, notamment malentendantes ou sourdes. Une opération menée de concert avec l’association familiale de l’Isère pour personnes handicapées (Afiph), l’association de réadaptation et défense des devenus-sourds de l’Isère (ARDDS38) et l’association des sourds de Grenoble (ASG38).
Eric Piolle portant un masque fenêtre, qui permet de voir la bouche et d’inclure les personnes en situation de handicap. © Julien Morceli – Place Gre’net
Et si Kheira Capdepon les a cousus, c’est parce que ces masques fenêtres n’ont pas encore le label Afnor. Sans ce dernier, impossible de les commercialiser. « On va donc se contenter de les faire de manière solidaire », regrette Éric Piolle, lui aussi venu assister à la présentation de ces masques adaptés.
Le maire de Grenoble rappelle d’ailleurs que des ateliers sont organisés dans les maisons des habitants pour fabriquer ces masques. L’édile souhaite maintenant démocratiser leur usage dans les espaces publics, notamment à l’accueil de l’hôtel de ville, et en appelle à l’État pour les homologuer.
« Sans ces masques, pas d’inclusion »
Pour Anne-Marie Choupin, membre de l’ARDDS38, le masque fenêtre est le seul moyen de pratiquer la lecture labiale. Il sert à tous les usages, contrairement à la visière qui « ne peut pas se porter lors d’une consultation médicale, par exemple ».
Les masques fenêtres ne s’adressent en outre pas uniquement aux personnes sourdes ou malentendantes. Les enfants avec un handicap intellectuel ont eux aussi besoin de voir les expressions du visage, rappelle Élisabeth Palleau, membre de l’Afiph. « C’est très important pour eux, ça les rassure », insiste-t-elle. Alors, en attendant de pouvoir les trouver en magasin, vous pouvez les fabriquer vous-mêmes ou vous adresser directement à la mairie de Grenoble.
Julien Morceli