FOCUS – La Ligue protectrice des oiseaux (LPO) a récemment créé deux mares au centre horticole de Grenoble afin de préserver deux espèces menacées : le triton palmé et la salamandre. Une initiative soutenue par la mairie qui s’inscrit dans le cadre du Contrat vert et bleu de la Métro.
Alors que les Français restaient confinés dans leurs appartements ou leurs maisons pour les plus chanceux, la nature reprenait ses droits. Et cela tombait à pic pour les deux nouvelles mares du centre horticole de Grenoble ! Sorties de terre fin janvier, elles visent à protéger deux espèces patrimoniales du bassin grenoblois : le triton palmé et la salamandre tachetée.
Celles-ci sont en effet menacées par la densité du réseau urbain de l’agglomération qui s’est largement développé ces dernières décennies. « L’idée est de contrebalancer en créant un réseau de mares pour que les animaux puissent s’y reproduire et prospérer », résume Jean-Baptiste Decotte, chargé de mission mares et haies à la Ligue de protection des oiseaux (LPO) d’Auvergne-Rhône-Alpes.
« Nous avons fait le choix de n’utiliser que des plantes de la flore locale »
L’épidémie de coronavirus a été une aubaine* pour ces deux espèces dans le bassin grenoblois. « La période mars-avril est un pic de ponte chez les amphibiens et l’absence d’humains dans les rues, et surtout sur les routes, leur a permis de ne pas se faire écraser en allant se reproduire dans les mares », précise le chargé de mission.
La LPO et la municipalité qui portent le projet avec la Métro (cf. encadré) ont fait le choix de concevoir des mares bâchées. « Le terrain ne se prêtait pas à des mares naturelles sans bâches, car il n’y a pas de résurgence de la nappe phréatique qui aurait permis de les alimenter en eau », explique Jean-Baptiste Decotte.
Ils ont en revanche choisi d’utiliser des bâches en fibre de coco. Ce matériau permet à la fois de protéger la bâche du soleil et d’éviter qu’elle ne se dégrade. Mais aussi de faciliter l’enracinement des plantes.
« Nous avons aussi fait le choix de n’utiliser que des plantes de la flore locale. Et comme ces plantes sont chères et difficiles à trouver, nous les cultivons directement sur place », précise Christine Simoens du service espaces verts de la Ville de Grenoble.
Un réseau de mares en mauvais état
L’initiative s’inscrit dans le cadre Contrat vert et bleu porté par la Métro, en partie financé par l’Union européenne. Son but : maintenir ou restaurer les continuités écologiques du territoire. C’est-à-dire les corridors de déplacement de la faune entre milieux naturels.
Mais ce n’est pas possible partout ! En effet, il faut au maximum 500 mètres de distance entre deux mares pour que les espèces puissent circuler et se reproduire.
« Le réseau actuel des mares est globalement mauvais. Mais nous avons donc identifié des zones où il est possible de créer des sortes de patchworks de mares connectées entre elles, comme ici sur le campus ou à Vizille », détaille Jean-Baptiste Decotte.
Les mares : une aide précieuse pour la ferme urbaine du campus
Sur le campus, d’ailleurs, la création de ces mares est également une chance pour la ferme urbaine biologique de la ville de Grenoble. Car elle s’inscrit dans le projet global de protection de la biodiversité et de réduction des pesticides.
« Le fait de ramener une population d’amphibiens sur la ferme attire aussi les insectes », explique le maraîcher Michaël Tenailleau. « Ces auxiliaires sont bénéfiques pour mes cultures car je n’ai même plus besoin de traitements bio. On maximise ainsi les outils concrets pour la lutte biologique et la protection des zones humides », se réjouit-il.
Autre mission : éduquer à la protection de la nature. La LPO proposera donc des animations pédagogiques sur le centre horticole tous les deux mois. Ainsi que des portes ouvertes une fois par an et des sorties nature… dans la ville.
Quatre mares sont déjà actives sur la Métropole et 19 autres devraient voir le jour cette année. Dont trois sur le campus. « Nous avons aussi deux autres Contrats vert et bleu dans le département, dont un à Bourgoin-Jallieu », se félicite Jean-Baptiste Decotte.
Anissa Duport-Levanti
* La LPO a également encouragé les habitants à observer les oiseaux depuis leur fenêtre, et à recenser les espèces qu’ils apercevaient durant cette période. Une opération qui a rencontré un franc succès.
Un projet cofinancé par la LPO et la Ville de Grenoble
Le projet s’inscrit dans le cadre Contrat vert et bleu porté par la Métro. Mais il est aussi porté par la LPO et la Ville de Grenoble, qui cofinance la création des mares. Sur le centre horticole en réalité situé à Saint-Martin‑d’Hères, la plus petite a coûté 2 500 euros et la plus grande, 4 900. Elles devraient durer quinze à vingt ans.