EN BREF – Deux repreneurs du privé lucratif, Vivalto et Doctegestio, ont visité la Clinique mutualiste ce mardi 12 mai. Mais leur accueil n’a pas été des plus chaleureux… Le collectif des usagers du Groupe hospitalier mutualiste (GHM), dont le projet de Scic avait été écarté par Adréa, s’oppose en effet à la cession à l’une de ces structures.
Le collectif des usagers du GHM a dénoncé la possible cession à deux groupes du privé lucratif, venus visiter les locaux ce mardi 12 mai. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
« L’épidémie n’a pas arrêté le rouleau compresseur », dénonce Joëlle Estivals, ancienne sage-femme et membre du collectif des usagers du GHM. En effet, malgré l’appel du maire de Grenoble à suspendre la cession du groupe mutualiste pour cause de coronavirus, la vente devrait bien se faire à la fin de l’été.
« Vivalto embrasse la fracture sociale »
Deux repreneurs étaient ainsi en visite dans les locaux de la Clinique mutualiste, ce mardi 12 mai, dès le lendemain du déconfinement.
Joëlle Estivals, ancienne sage-femme et membre du collectif des usagers du GHM, s’oppose vivement à une reprise par Vivalto. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
À savoir Vivalto Santé, troisième groupe français d’hospitalisation privée, et Doctegestio, groupe privé immobilier qui s’est diversifié dans le secteur de la santé et du médico-social. « Le premier, Vivalto, annonce une marge moyenne de 12 %. Il embrasse la fracture sociale en proposant des chambres VIP pour du confort hospitalier haut de gamme et préfère créer des outils techniques que d’embaucher du personnel », s’insurge Joëlle Estivals.
« Doctegestio compte trente procès en cours »
Pour le second, Doctegestio, les craintes reposent sur sa vocation immobilière, comme l’explique Hervé Derriennic, secrétaire de l’union de quartier et membre du collectif des usagers.
« Il s’est spécialisé dans le rachat de structures en difficulté, avec pour but de final la rentabilité des murs et son aspect très lucratif. »
De plus, Hervé Derriennic dénonce un groupe « qui compte pas moins de trente procès en cours pour sa gestion dans le domaine de la santé. »
En revanche, le troisième repreneur possible est perçu avec bienveillance. En effet, il s’agit de l’association locale Agduc. Créée en 1974, elle a le statut d’établissements de santé privés d’intérêt collectif (Espic) et possède une vingtaine de cliniques en Auvergne-Rhône-Alpes.
Agduc trouve grâce aux yeux du collectif d’usagers du GHM
« Agduc est le candidat le plus en accord avec notre vision de la santé et des activités du GHM », reconnaît Jean-Philippe Moutarde, porte-parole du collectif des usagers. « C’est une association à taille humaine, avec qui on peut être dans le dialogue. Elle a la confiance de ses salariés et est reconnue par les acteurs du territoire pour ses qualités de gestion », affirme-t-il.
Jean-Philippe Moutarde, porte-parole du collectif des usagers du GHM. © Anissa Duport-Levanti – Place Gre’net
Jean-Philippe Moutarde compte donc sur l’engagement affiché par Olivier Véran. Le ministre de la Santé et ex-député de l’Isère s’est en effet dit, dès l’annonce de la cession, « attentif au statut non lucratif du groupe ».
Pour Joëlle Estivals, il s’agit maintenant de savoir « si l’on accepte que cet établissement de santé, le deuxième du territoire, serve à faire de l’argent ».
Le collectif envisage d’organiser une manifestation « dans le respect des consignes sanitaires », courant juin. Sans doute une chaîne humaine autour du GHM. Le collectif détaillera la suite de ses actions sur son tout nouveau site internet : touche pas à ma mut.
Anissa Duport-Levanti