FOCUS — Le maire de Grenoble délivre son plan de déconfinement pour le lundi 11 mai. Une phase décrit comme une « reprise de la vie » autant que le « début d’un nouveau cycle »… mais avec le coronavirus en toile de fond. Et des règles de distanciation physique qui resteront de mise probablement de longs mois.
Le lundi 11 mai marque « le début d’un nouveau cycle » pour Éric Piolle, maire de Grenoble. Celui du déconfinement. Et l’élu, qui reprochait à Emmanuel Macron ses métaphores guerrières pour désigner le coronavirus, n’hésite pas à comparer l’épidémie à une « bombe à fragmentation ». Bombe qui a, estime-t-il, achevé de mettre à jour les inégalités sociales. Et génère un « boum des réflexions sur le monde d’après », auxquelles il compte bien participer.
Pas de retour à la normale avec le déconfinement donc, mais une « reprise de la vie » dans le respect de la plus grande prudence sanitaire. Pour le maire, la crise du coronavirus est en effet là pour durer. « Nous allons devoir nous accommoder du virus pendant longtemps : notre objectif, c’est mars 2021 », explique-t-il. En espérant éviter tout pic de contamination dans un territoire relativement épargné comparé à d’autres.
Marchés, parcs, musées… et stationnement à l’heure du déconfinement
Les perspectives ? Actuellement limités à cinq étals, les marchés devraient voir leur volume augmenter jusqu’au mardi 2 juin. Date à laquelle la Ville étudiera la possibilité de rouvrir les marchés de produits manufacturés en fonction des dernières préconisations.
Pour le moment, seuls les marchés alimentaires restent donc ouverts. Quant aux brocantes ou vide-greniers, la perspective d’une remise en route n’est pas pour demain.
Retour à la normale en revanche en matière de stationnement. Après plusieurs semaines de gratuité, celui-ci redevient payant à compter du 11 mai. Dans un premier temps, assure le maire, les agents joueront la carte de la pédagogie et de l’information, avant de reprendre les verbalisations le jeudi 14. Le stationnement résident ne redeviendra pour sa part payant que le 25 mai « pour permettre aux habitantes et habitants de se mettre en règle ».
Les parcs rouvrent quant à eux leurs portes à compter du 11 mai, y compris les jeux pour enfants. Un challenge ? « Nous avons l’habitude d’être très nombreux dans les parcs. Ça va forcément être des formats un peu particuliers. Nous allons apprendre… », estime l’édile grenoblois. Moins ludique mais tout aussi visité en temps normal, le cimetière sera également de nouveau accessible aux visiteurs.
Quid des équipement culturels ? Le Musée de Grenoble et le Muséum rouvriront leurs portes le 27 mai. Avec des capacités d’accueil en simultané revues à la baisse : 300 personnes pour le premier, 50 pour le second (et 20 pour son orangerie). Concernant les théâtres, il faudra attendre le début de la nouvelle saison, en septembre 2020. Leurs plateaux seront toutefois accessibles aux artistes et aux troupes pour leurs créations.
Écoles et crèches : une reprise progressive
Comment accompagner la prudence sanitaire de rigueur ? Si les Grenoblois n’auront plus besoin d’attestation pour sortir de chez eux, la police municipale n’en sera pas moins sollicitée pour faire respecter des règles de distanciation physique. Sa présence sera même doublée dans les transports en commun, annonce le maire de Grenoble. Des transports où port du masque et distances entre usagers seront obligatoires.
Éric Piolle entend d’ailleurs sensibiliser les Grenoblois au respect des règles de distanciation dans la rue. À l’aide d’une campagne de communication, d’une part. D’autre part en déployant une équipe « d’ambassadeurs des bons gestes » dans les différents secteurs de la ville durant la période estivale. Son objectif ? « Sensibiliser la population aux bons gestes à adopter ».
Distanciation toujours aux abords des écoles, où des mesures de piétonnisation sont prévues pour éviter les attroupements de parents et d’enfants.
Comme annoncé précédemment, les écoles élémentaires rouvrent leurs portes le 14 mai et les maternelles le 25. Si l’accueil du matin ne sera pas de mise, la restauration scolaire et les activités périscolaires seront au rendez-vous. Le tout dans le cadre de groupes constitués par les services de l’Éducation nationale.
Éric Piolle prend acte des polémiques autour de la réouverture des écoles. « Débat légitime » sur lequel il choisit de ne pas s’exprimer. Contrairement au maire de Moirans, qui refuse d’ouvrir ses classes avant le mois de juin.
Quant aux crèches, leur ouverture est plus précoce. Éric Piolle annonce ainsi une ouverture progressive à compter du mardi 12 mai. Cependant, les capacités d’accueil sont nettement revues à la baisse, allant de 30 à 50 % des amplitudes ordinaires. « Ça devrait passer sans soucis, d’après les informations des parents », assure le maire. Nombre de Grenoblois n’auraient en effet pas l’intention de remettre leurs enfants en crèche dans l’immédiat.
Une aide de 80 euros pour les familles modestes
Enfin, Éric Piolle n’oublie pas le chapitre des solidarités. Si le maire de Grenoble, et président d’Actis, excluait précédemment un moratoire sur les loyers du logement social, il interpelle aujourd’hui le gouvernement sur la question de la trêve hivernale, qu’il souhaite voir maintenue toute l’année. Et l’appelle à revoir les APL à la hausse et à mieux alimenter le Fonds de solidarité logement.
Le maire de Grenoble promet également une aide de 80 euros aux familles dont les enfants bénéficient des tarifs les plus bas à la cantine. « Ça touche tout de même 2 500 enfants », chiffre Éric Piolle. Quelle forme pourrait prendre cette aide ? Un partenariat avec la Caf est en projet. S’il devait ne pas aboutir, la somme pourrait être versée par le Trésor public ou prendre la forme de chèques alimentaires.