DÉCRYPTAGE - Encore incertaine et toujours redoutée par certains, la réouverture des établissements scolaires en mai concerne aussi les enfants décrocheurs. Mais quelques semaines d'école ne combleront pas le retard pris pendant le confinement. Car les inégalités scolaires se sont encore creusées. En cause ? Le principe même de « l'école à la maison » qui favorise, à l'évidence, les bons élèves et les catégories sociales aisées.
« Les problèmes qui se posent en temps normal sont décuplés par le fait de devoir enseigner à distance », constate Étienne Leroux, professeur de français au collège Les Saules à Eybens.
Entre un tiers et la moitié seulement des élèves de l'enseignant rendent ainsi leur travail pendant le confinement.
« Ce sont toujours les mêmes, ceux qui travaillaient déjà bien. Les autres, je n’ai pas de retour », observe encore Étienne Leroux. Qui ne leur jette pas la pierre : « On peut comprendre que les enfants ne trouvent pas la motivation à travailler dans une situation si difficile et inédite. Et tous ne disposent pas des mêmes conditions d'apprentissage. »
« C'est là où l'on se rend compte du rôle de l'école »
Après plusieurs semaines d'école à la maison, une grande majorité d'acteurs de l’éducation en conviennent. Il est illusoire de penser que l’enseignement à distance permet une véritable continuité pédagogique.
Aucun écran ne remplace une école et son équipe éducative en chair et en os. « Cette aventure qu'on est en train de traverser donne vraiment du sens à la notion d'égalité de la devise républicaine, estime Angela Mokondjimobe, enseignante en CM2 à l'école élémentaire Le Lac, dans le quartier Villeneuve à Grenoble.
« C'est là où l'on se rend compte du rôle de l'école, qui est de donner les mêmes chances à tout le monde », poursuit-elle. Égalité qui a été encore un peu plus écornée avec le confinement. De fait, « l’école à la maison » n'a fait qu'aggraver les inégalités scolaires préexistantes au confinement.
« Des conditions d'apprentissage très hétérogènes »
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