FOCUS — Après plusieurs semaines de pause pour cause de crise sanitaire, le Département de l’Isère annonce la reprise de ses chantiers au nom de l’urgence des réalisations comme des besoins économiques des entreprises. La Ville de Grenoble maintient, pour sa part, l’interruption des travaux et envisage une reprise graduée à partir du déconfinement.
Message reçu 5 sur 5 ? Vendredi 17 avril, la préfecture de l’Isère appelait à la « mobilisation en faveur de la continuité des chantiers BTP ». Quelques jours plus tard, le Conseil départemental de l’Isère annonce la reprise de ses chantiers, mis sur pause fin mars pour cause de crise sanitaire. Une décision prise par le président du Département, « de concert avec les entreprises concernées et les acteurs du BTP ».
Une soixantaine de chantiers sont ainsi appelés à reprendre d’ici le mois de mai. Certains sont d’ores et déjà remis sur les rails, précise d’ailleurs le Conseil départemental. Parmi eux, les travaux nécessaires au déploiement du très haut débit dans le Roussillonnais, le Trièves et le Sud Grésivaudan. Ou les travaux de terrassement pour la construction du nouveau collège Lucie-Aubrac de Grenoble.
Urgence et santé économique des entreprises
Pourquoi reprendre les chantiers ? Le Département met en avant un caractère d’urgence. « Il peut être urgent de finir un chantier pour la pérennité de l’infrastructure concernée, qui peut courir un risque sérieux de dégradation en cas d’arrêt prolongé », écrit-il. Sans compter la pression du calendrier. Pas question, par exemple, de remettre à plus tard l’ouverture du nouveau collège de Champier, prévue pour… septembre 2020.
Reste que la reprise des activités BTP pose des questions de sécurité. Le Conseil départemental s’en remet au Guide de préconisations sanitaires pour la continuité des activités de construction, publié en avril par le gouvernement. Les préconisations ? « Ajuster l’organisation des chantiers pour réduire la co-activité, la circulation des personnes, les calendriers d’intervention, la gestion des flux de matériau, etc. »
Mais c’est aussi la sécurité des Isérois que le Département met en avant pour justifier la reprise de chantiers « d’infrastructures routières ou de protections contre les risques naturels ». La sécurité financière des acteurs du BTP entre, enfin, en ligne de compte. Jean-Pierre Barbier estime ainsi la reprise des travaux « vitale pour la santé économique des entreprises qui risquent la faillite si jamais elles ne reprennent pas leur activité ».
La Région réserve 100 000 masques réutilisables au BTP
La Région Auvergne-Rhône-Alpes veut, elle aussi, marquer son soutien au secteur du BTP. Après avoir promis un masque réutilisable pour chaque habitant du territoire, Laurent Wauquiez a annoncé mercredi 22 avril réserver 100 000 autres masques aux entreprises du BTP. Pourront en bénéficier les entreprises qui emploient jusqu’à 20 salariés, et ceci dès le début de la semaine du lundi 27 mars.
Tout comme le président du Département de l’Isère, celui du Conseil régional a encore fait savoir que les chantiers régionaux allaient reprendre, sans application de pénalités de retard. Le tout assorti d’une enveloppe de 15 millions d’euros. Et d’un plan de relance de 150 millions d’euros « afin de favoriser très rapidement la commande publique ». Et d’inciter les communes à favoriser, elles aussi, la relance de leurs chantiers.
La Ville de Grenoble maintient ses chantiers fermés
Pas de quoi séduire la Ville de Grenoble. « L’immense majorité des travaux grenoblois et métropolitains resteront suspendus jusqu’au 11 mai », a ainsi annoncé Éric Piolle lors de son point d’étape du 21 avril. Quelques chantiers restent actifs : ceux qui relèvent de la sécurité des personnes, ainsi que les travaux en lien avec les épisodes caniculaires à prévoir. Ou la mise en place des pistes cyclables provisoires post-confinement.
Et le maire de Grenoble d’annoncer encore une reprise graduée des chantiers, passé le 11 mai. « Tout faire repartir d’un coup serait un risque du point de vue sanitaire », estime l’élu. Seront priorisés les travaux en lien avec la rentrée de septembre, ceux qui concernent la réduction de l’empreinte carbone du territoire et les travaux de rénovation urbaine dans les quartiers concernés.
Pourquoi tant de précautions ? Outre la crainte d’une propagation du coronavirus, le maire de Grenoble redoute que les employés des chantiers n’utilisent des masques qui pourraient manquer aux personnels soignants ou à leur patientèle. La question du bruit entre aussi en ligne de compte : « Nous sommes confinés chez nous. C’est important de le faire dans un cadre relativement apaisé ; sinon ça devient invivable », estime-t-il.
Pour autant, le maire n’a pas de pouvoir sur les chantiers menés par des opérateurs privés. C’est pourquoi Éric Piolle en appelle à la « responsabilité » des maîtres d’ouvrages, comme de la Fédération du BTP. Mais n’exclut pas, en cas de troubles trop importants, de prendre de nouveau un arrêté pour limiter les nuisances sonores sur sa commune. Quitte à engager un bras-de-fer avec les entreprises ?