DÉCRYPTAGE - La suspension des activités jugées non essentielles, réclamée par des partis, élus et organisations syndicales de gauche, n'est pas à l'ordre du jour. Le préfet de l'Isère s'en tient aux consignes gouvernementales. Objectif : poursuivre, voire remettre sur les rails, l'activité économique. Et ce malgré l'avis contraire du conseil scientifique et les alertes d'inspecteurs du travail.
Pour Lionel Beffre, le préfet de l'Isère, imposer une fermeture des entreprises serait excessif. © Patricia Cerinsek
L'économie ne s'arrêtera pas. Tout du moins pas contrainte et forcée. En Isère, partis, élus et syndicats de gauche avaient interpellé le préfet pour lui demander, à l'aulne de la crise sanitaire, la suspension des activités économiques jugées non essentielles.
Dans le collimateur ? STMicroelectronics, Schneider Electric, Soitec, Arkéma ou Vencorex.
En question notamment, un décret ministériel signé le 23 mars. Dans son article 7, celui-ci précise : « tout rassemblement, réunion ou activité mettant en présence de manière simultanée plus de 100 personnes en milieu clos ou ouvert, est interdit jusqu'au 15 avril 2020. »
Sollicités par Place Gre'net, les services du représentant de l'État dans le département ont une autre lecture du texte ministériel. « L'article 7 du décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 ne vise pas les entreprises, répond la préfecture de l'Isère. D'ailleurs, par courrier du 20 mars, les ministres de l'Économie, du Travail et de la Santé ont bien rappelé la nécessité de maintenir l'activité économique, indépendamment du caractère "essentiel" ou "non essentiel" à la gestion de la crise, en prenant les mesures sanitaires qui s'imposent. »
Pour le préfet de l'Isère, imposer une fermeture d'entreprises serait « excessif »
« Imposer une fermeture d'entreprises sur le caractère "non essentiel" serait donc à ce titre excessif au vu des consignes gouvernementales », estime le préfet.
A l'arrêt, le BTP est prié de reprendre sous couvert de suivre les préconisations édictées dans un guide. Economie versus santé ? © Fanny Chatchate
Fermez le ban ? À plusieurs reprises, le gouvernement a en effet appelé à ne pas arrêter, voire à reprendre le travail, notamment dans le secteur du BTP. En Isère, la Ville de Grenoble puis le Département ont de leur côté mis un coup d'arrêt à leurs chantiers depuis un mois. Aujourd'hui, l'État, par la voix du préfet, entend reprendre la main.
Dans un communiqué publié ce vendredi 17 avril, la préfecture de l'Isère appelle ainsi à une « mobilisation en faveur de la continuité des chantiers BTP ». Un guide des préconisations de sécurité sanitaire, validé par les ministères du Travail et de la Santé, a même été édicté, encadrant la reprise des activités. Ces préconisations sont-elles suffisantes ?
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